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Critique de chartel


On ne peut pas dire que la prose de Jaume Cabré nous emporte par un souffle entraînant. Bien au contraire, l'écriture reste simple, laissant le lyrisme au placard, pour ne pas parasiter l'essentiel de ce récit : le portrait d'un homme à travers l'histoire de son pays au siècle dernier (la Catalogne ? l'Espagne ?) et l'histoire chaotique de sa famille, les Gensana. Mais "L'Ombre de l'Eunuque" crée la surprise par l'originalité de sa construction narrative. Non pas parce que Cabré croise les récits et les narrateurs, cela devient même aujourd'hui un cliché que beaucoup d'auteurs cherchent à éviter, mais parce qu'un même narrateur joue souvent avec l'énonciation, passant de la première à la troisième personne, parce qu'un deuxième ou un troisième narrateur vient, par instants, remplacer le premier, sans s'annoncer, puis s'effacer aussi rapidement qu'il était venu pour revenir un peu plus tard. Ce jeu complexe est extrêmement exaltant car il crée des passerelles entre les différentes temporalités des événements, mais surtout parce qu'il donne forme à une sorte d'atavisme fatal, un éternel retour familial et social où se rejoue la passion puis la déception amoureuse, le tabou social, la prédestination familiale et sa remise en cause. Et au bout du compte, ce héros indécis, Miquel Gensana Ombre de l'Eunuque, nous fait le récit d'une vie particulièrement riche et romanesque.
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