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Titre : L'ombre de l'eunuque
Auteur : Jaume Cabre
Année : 2014
Editeur : Belfond
Résumé : Depuis la fin du XVIIe siècle, les Gensana sont installés dans une vaste demeure bourgeoise de la région de Barcelone. Propriétaires d'une usine de textile, la famille va connaitre des jours fastes avant de devoir affronter des crises sociales et économiques, puis la guerre civile et le Franquisme qui ravagèrent l'Espagne. Miquel et Maurici sont deux membres de cette famille. Deux hommes de génération différente, témoins des turpitudes de leurs ancêtres et liés par des secrets inavouables. Deux inadaptés, chroniqueurs de la grande saga dynastique des Gensana.
Mon humble avis : Les habitués de ces petites chroniques savent à quel point Confiteor de Jaume Cabre fut pour moi une véritable révélation. Roman d'une amplitude rare, d'une intelligence exceptionnelle de par son propos et sa construction, j'en garde un souvenir à la fois ému et admiratif. Il m'aura fallu de longs mois avant de m'attaquer à autre un texte de l'auteur Catalan et mon choix se porta sur L'ombre de l'eunuque, pavé de plus de six ans pages évoquant les fastes d'une dynastie Barcelonaise. Une fois de plus l'auteur s'appuie ici sur une trame inspirée d'une oeuvre musicale, une fois de plus la narration est sophistiquée et complexe. Cabre passe du je au il dans la même phrase, des personnages interviennent dans la narration sans que le lecteur s'y attende, puis disparaissent abruptement, créant ainsi des passerelles entre les générations, des interactions entre les personnages principaux et leurs aïeuls. C'est encore une fois complexe et il m'aura fallu une centaine de pages pour rentrer dans ce roman, une centaine de pages pour lâcher prise, pour me faire à la petite musique si particulière de Cabre. Une fois cet écueil passé, je découvrais alors une nouvelle fois un plaisir de lecture rare, un auteur virtuose et une oeuvre en tout point admirable. Si l'ombre de l'eunuque ne tutoie pas les étoiles comme le faisait Confiteor - peut-être plus abrupt, moins brillant, un peu laborieux par instant - il reste néanmoins un roman rare, un roman où se déploie le génie d'un auteur surdoué, un roman d'une complexité folle, d'une densité exceptionnelle, un roman total peut-être. Rarement un auteur ne m'aura paru plus virtuose que Cabre, rarement un écrivain ne m'aura autant impressionné. Ici les thèmes sont nombreux, l'auteur traite de la fin d'un monde, de destins contrariés, de secrets inavouables, de culpabilité, de création artistique. Les deux protagonistes principaux sont tour à tour pathétiques, grandioses,lâches et terriblement humains, même dans leurs travers. Bon je crois que vous aurez compris que je suis un fervent admirateur de Cabre, inutile d'en rajouter. Ruez-vous sur l'oeuvre de cet auteur exigeant et surdoué.
J'achète ? : Bien sûr ce n'est pas un bouquin où l'écriture est fluide et évidente. Bien sûr Cabre est moins accessible que d'autres auteurs, bien sûr son oeuvre peut paraître exigeante. Et pourtant quel plaisir, quel régal de parcourir des textes aussi habiles et aboutis que ceux de cet auteur catalan dont je commence à peine à découvrir l'oeuvre. Quel plaisir d'ailleurs ! Quel plaisir de réaliser qu'il me reste à découvrir de nombreux romans du génial Jaume Cabre !
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Une narration sophistiquée et rare pour ce qui est peut-être LE roman de Barcelone 1936 -1986.

Publié en 1996 (et traduit en français en 2006 par Bernard Lesfargues chez Christian Bourgois), le huitième roman de Jaume Cabré est sans doute celui où se développent pour la première fois à pleine puissance, quinze ans avant "Confiteor", sa singulière maîtrise des techniques narratives sophistiquées et sa capacité à s'appuyer sur une structure de fond directement issue de la musique (ici, la trame suit le Concerto pour violon et orchestre d'Alban Berg - qui joue aussi un rôle romanesque important, que vous découvrirez le moment venu...).

Histoire d'une famille d'industriels du textile barcelonais, entre la fin de la guerre civile, le long règne de Franco et les premières années de la "transition", ce roman est aussi - peut-être surtout - celui du lien particulier unissant le narrateur, fils de famille ayant rejeté sans hargne mais fermement le mode de vie ancestral pour rejoindre durant de longues années la clandestinité de la lutte armée communiste anti-franquiste, et un oncle, greffon maudit de l'arbre généalogique, par qui transitent toutefois toute l'histoire et tous les secrets de la famille jadis puissantissime...

Au fil d'une histoire où, pour se présenter de manière feutrée, les rebondissements n'en sont pas moins spectaculaires, dans un jeu tourbillonnant de voix dont les origines et les locuteurs se confondent parfois, sans aucune part au hasard ou à la facilité, la difficulté de vivre face au mal, le poids du passé, la consolation possible par l'art, et le redoutable et extraordinaire pouvoir de la narration font leur entrée dans les univers de Cabré, vraisemblablement pour ne plus les quitter.

Un très grand roman, déjà, que "Confiteor" amplifiera et confirmera, en un sens, quinze ans plus tard.
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Deux récits s'entrecroisent dans ce roman, celui de Miquel Gensana, qui a tourné le dos à sa famille bourgeoise et s'est engagé dans la clandestinité pour lutter contre le régime de Franco, il a du mal à trouver sa place de retour dans la société et celui de son oncle Maurice Sicart, qui retrace la vie des générations passées de la famille Gensana. Ces deux récits font l'objet d'une longue conversation entre Miquel et sa collègue journaliste. Comme dans les autres romans de Jaume Cabre,le discours intérieur est présent, les époques se mêlent, et les locuteurs changent. Les héros se moquent d'eux-mêmes. Excellent roman, qui de plus est plein d'humour. Un régal. A lire absolument.
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On ne peut pas dire que la prose de Jaume Cabré nous emporte par un souffle entraînant. Bien au contraire, l'écriture reste simple, laissant le lyrisme au placard, pour ne pas parasiter l'essentiel de ce récit : le portrait d'un homme à travers l'histoire de son pays au siècle dernier (la Catalogne ? l'Espagne ?) et l'histoire chaotique de sa famille, les Gensana. Mais "L'Ombre de l'Eunuque" crée la surprise par l'originalité de sa construction narrative. Non pas parce que Cabré croise les récits et les narrateurs, cela devient même aujourd'hui un cliché que beaucoup d'auteurs cherchent à éviter, mais parce qu'un même narrateur joue souvent avec l'énonciation, passant de la première à la troisième personne, parce qu'un deuxième ou un troisième narrateur vient, par instants, remplacer le premier, sans s'annoncer, puis s'effacer aussi rapidement qu'il était venu pour revenir un peu plus tard. Ce jeu complexe est extrêmement exaltant car il crée des passerelles entre les différentes temporalités des événements, mais surtout parce qu'il donne forme à une sorte d'atavisme fatal, un éternel retour familial et social où se rejoue la passion puis la déception amoureuse, le tabou social, la prédestination familiale et sa remise en cause. Et au bout du compte, ce héros indécis, Miquel Gensana Ombre de l'Eunuque, nous fait le récit d'une vie particulièrement riche et romanesque.
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Terminer la lecture d'un livre et avoir envie de le relire immédiatement.
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Après avoir succombé à la beauté des "Voix du Pamano", livre sublime, je me demandais si je n'allais pas être déçue par ce précédent roman de Jaume Cabré. La construction narrative est virtuose, le récit magnifique, touchant, troublant. Il faut lire Jaume Cabré, injustement négligé par la presse, c'est un des plus grands auteurs actuels. Vivement son prochain livre !
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En près de 500 pages, l'auteur catalan Jaume Cabre parvient à nous emmener à la table d'un restaurant, pour assister à un dîner où le narrateur raconte sa vie, celle de sa famille, de ses amis, et, de l'entrée au dessert, on suit les rebondissements, les révélations, les affaires de coeur, les engagements politiques, les réussites et les échecs, les trahisons et les séductions. Ca nous parle beaucoup de l'histoire de l'Espagne du XXe siècle et de ses tourments politiques. C'est génial, drôle et parfaitement maîtrisé, le tout dans un style impeccable et une langue très riche. Un vrai plaisir !
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Une fois encore, je ressors éblouie, enthousiasmée par le talent inouï de Jaume Cabré!
Ainsi que l'a écrit JLM 56 dans sa critique: sublimissime!

L'auteur ne nous laisse aucun répit: nous sommes emportés, transportés par ce récit , cette histoire où s'entremêlent la Grande et celles, secrètes, intimes de cette famille Gensana.

Et à l'instar de Charybde, j'ai trouvé immédiatement dans ce grand roman toutes les prémices du magistral "Confiteor".

Si vous êtes en recherche d'un livre captivant et surprenant, d'un auteur au talent exceptionnel, je n'ai qu'un conseil: courrez vous le procurer!

Plus que du plaisir: une incontestable jouissance littéraire!
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« Il ne t'est jamais arrivé, Miquel, que tes actes dépassent tes intentions ? »

Apparemment, on peut lire n'importe quel livre de Jaume Cabré et identifier l'auteur à ses thèmes, ses personnages, son style si personnel.
A travers la saga des Gensana, cinq générations de propriétaires de filatures, accrochées comme à un radeau dans la tempête à leur demeure familiale proche de Barcelone, Jaume Cabré nous parle d'un demi siècle d'histoire de l'Espagne après la guerre civile avec ses rancoeurs et ses peurs , sa culpabilité jamais absorbée.

Deux personnages, deux rebelles qui font foirer les beaux rouages de cette implacable dynastie entremêlent leurs récits : l'oncle Maurici l'homosexuel, joueur invétéré - joueur de cartes et joueur de mots - , éternel perdant, et Miquel , dernier du nom, guérillero sans envergure puis repenti de la lutte armée contre Franco, devenu un personnage falot et insatisfait, amoureux fou et toujours incapable de saisir sa chance, passionné d'art sans talent, ami inconstant.

Les récits s'entremêlent, les époques se mélangent, le je et le il alternent.
Cabre aime nous perdre, se refuse à baliser son histoire, à y planter des repères ; il joue de la fiction et de la réalité et nous entraîne dans un jeu de piste à étapes et à fausses pistes, jouissant à l'évidence, tout comme le lecteur, de cette manipulation malicieuse et foisonnante de ses conteurs.
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Voici une partie de l'histoire de la Catalogne vu par le prisme d'une riche famille proche de Barcelone : Les Gensana. Deux narrateurs s'entremêlent au fil des pages, d'abord Miquel puis son oncle Maurici généalogiste de leur famille. Miquel ancien révolutionnaire en lutte contre Franco se rappelle de sa jeunesse et de certains pans de sa vie dont les histoires racontées par son oncle durant sa vie ont révélées de nombreux secrets familiaux et de non-dits.

L'écriture est juste magnifique, presque poétique et totalement virtuose : la première personne se mélangeant à la troisième personne dans la même phrase et tout cela pour nommer la même personne. de ce fait ce roman peut être considéré comme dur d'accès et le lecteur peut ne pas se retrouver dans cet univers où tout est incertain. La clé pour une lecture enrichissante et envoutante de ce roman réside dans le lâcher-prise.

Coup de coeur pour ce roman !

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