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Critique de sylvieboop24


J'ai, par la lecture de ce roman, découvert la plume d'Alain Cadéo.
Un immense merci à Willy (l'ami passeur de mot Belge) qui m'a permis cette découverte.
Il y a de la poésie dans chaque page. Ce roman exhale un amour incroyable pour ces humains, cabossés de la vie, dont Alain nous parle avec tendresse, avec passion. En sachant mettre dans la lumière les failles et les qualités de chacun. de ces âmes perdues au bout du monde.

Extrait de la préface du roman écrite par Sylvie le Bihan :
« Il y a chez Alain Cadéo, le chant de la nature et la bienveillance aride des hommes élevés au soleil, il y a, dans ses textes, les ombres des forêts et de leurs bruits, de leurs cris qui n'effraient plus celui qui dort, niché la tête dans les étoiles, il y a dans « Mayacumbra » un style ciselé, enrobé par le rêve d'un amour impossible et il y a, chez Alain Cadéo, le petit garçon qui dessine des mots sur les nuages, un souffle, qui, chargé de ses contes, traverse les montagnes… »

L'histoire :
Celle de Théo, qui un jour a quitté la « civilisation », sa famille, bourlingué dans de nombreux endroits et fini par s'arrêter là. Au bout du monde. Plus précisément au-dessus du bout du monde. Sur le flan de la bête, juste endormie, ce volcan qui surplombe Mayacumbra. Il va aller au bout de lui-même, relever son défi, et construire de ses mains sa maison, son refuge, avec l'aide de Ferdinand son âne, son compagnon, son ami. Là, accroché à la bête qui peut l'écraser d'un soubresaut, il va défier les éléments et lui-même. Il va vivre en harmonie avec la nature âcre qui l'entoure et l'égayer de fleurs et de sculptures, tout comme il s'enivre de réflexions et de mots. Car Théo aime les mots. Il remplit des pages, pour ponctuer chacune de ses nombreuses transformations. Puis il y a les mots qui chantent pour celle qu'il aime. Celle pour qui il reste. Car au plus profond de lui, il sait qu'elle ne quittera jamais Mayacumbra, ni son mari. Lita, telle une fleur dans sa robe de velours rouge, égaye le paysage volcanique et illumine ses nuits. Elle est son trésor. Son éternité.

Lorsqu'il a besoin de provisions ou de compagnie, il dévale la pente qui le conduit à Mayacumbra. le village qui tient plus du bidonville. Un ramassis de bicoques et une boutique, la seule, le Kokinos, qui sert d'épicerie, de café et même d'hôtel. Certains inconscients s'égarent parfois jusque-là. Mais ne restent pas.
Ce lieu improbable est tenu par un couple qui ne l'est pas moins : Cyrus le patron, si gras qu'il a plus de seins que son épouse. Une asiatique acariâtre et méprisante. Elle n'aime que ses chats. Et dans ce lieu traînent tous ceux qui ont arrêté leur route là. Ils ont tous leurs raisons. Plus ou moins avouables. Mais ici seule la solidarité compte. Elle est la garante de leur survie dans ce lieu oublié. Vivent là :
Solstice, le garagiste. Celui qui a pris Théo sous son aile et présenté aux autres. Pablo Moreno, le mari de Lita. Biribine et Rolombus, les inséparables qui tiennent la scierie. Puis Arnosen, le flic maigre et fou. Balthazar le manchot, ancien guerrier Tchèque. le Duc qui sert entre autre de soigneur. Sauvignac, dit « Kaissacha » représentant illuminé de toutes les religions et enfin Giacimono, le dernier arrivé.

Tous échoués là. A cohabiter, dans le respect et la méfiance. Toujours se méfier pour survivre. Solstice le répète inlassablement à Théo.
Et la vie s'écoule. Au fil du temps, de la nature, des herbiers que Théo enrichit chaque jour, de son roman-bureau. Ce lieu qui l'abrite aussi bien que le ventre d'une mère et d'où sa création sortira. Il en est certain. Puis l'attente, douloureuse, délicieuse, des rares visites nocturnes de son amour. Tout cela en défiant La Corne de Dieu, le volcan auquel il est accroché.

Extrait P.80 : « Ah, le coeur des volcans ! Celui-là, le vieux Biribine prétend qu'il l'a entendu se remettre à battre, à gronder comme un soudard en goguette, il y a une dizaine d'années. Un gros rire sous cape, un roulement de tambour, un sale coup que l'on prépare. Biribine en est sûr, ça pétera au moment où on s'y attend le moins. »

Et Théo écrit pour occuper le temps qui s'étire :
Extrait P.254 : « - La pensée est une incorrigible errante, une sublime vagabonde. C'est plus fort qu'elle, il faut toujours qu'elle se barre dans tous les sens. Je m'étais pourtant juré de la dompter. Rien à faire, cette bohémienne n'en fait qu'à sa tête. »

Mais parfois le mal, le vrai, cette noirceur innommable est portée par l'humain. Elle est sournoise cette noirceur. Elle se cache. Et soudain, telle la foudre, elle frappe, encore et encore.
Et, lorsque qu'elle se déclenche, la nature se réveille pour tout balayer.
Et les légendes naissent.



Mon ressenti :
Un roman à part. Immensément lumineux.
J'ai entendu le vent souffler, bruire la source, senti les pierres rouler sous mes pas qui accompagnaient ceux de Théo et de Ferdinand dans le sentier.
J'ai rêvé de ce bureau enveloppant, tel un cocon, qui permet aux mots chrysalides de s'envoler au loin tels de somptueux papillons.
Un immense merci Alain pour ces mots et ces réflexions qui m'ont portée très loin et m'ont fait vibrer.
En espérant avoir la chance d'échanger un jour en face à face.

Ami(e)s lecteurs, vous l'aurez compris, ce roman m'a portée comme rarement. Amoureux des mots, je ne peux que vous encourager à vivre vous aussi cette expérience.

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