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4.44/5 (sur 240 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marmande , 1951
Biographie :

Alain Cadéo est l'auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont "Stanislas" (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d'Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est également membre de la Société Académique des Arts - Sciences - Lettres.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Editions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Sa bibliographie complète est la suivante :

- Les Voix de Brume (1982, nouvelles)
- Stanislas (1983, roman)
- La Corne de Dieu (1983, roman)
- L'Océan vertical (1983, roman)
- Le Mangeur de Peur (1984, roman)
- Macadam Epitaphe (1986, texte)
- Le Ciel au ventre (1993, texte)
- Les Anges disparaissent (1998, roman)
- Fin (1999, texte)
- Et votre éternité sera la somme de vos rêves (2008, roman)
- L'Ombre d'un doute (2008, théâtre)
- Les Réveillés de l'ombre (2013, théâtre)
- Zoé (2015, roman)
- Chaque seconde est un murmure (2016, roman)
- Des Mots de contrebande (Aux inconnus qui comme moi...) (2018, texte)
- Comme un enfant qui joue tout seul (2019, roman)
- Mayacumbra (2019, roman)
- Lettres en Vie (2020, texte illustré)
- Confessions (2021, roman)
- Arsenic et Eczéma (2022, théâtre)
- L'Homme qui veille dans la pierre (2022, roman)
- M (2023, texte)
- Billets de Contrebande (2024, texte)
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Bibliographie de Alain Cadéo   (23)Voir plus


Entretien avec Alain Cadéo à propos de son roman Zoé :



D`où vous est venue l`idée de cette rencontre des plus improbables entre une jeune fille en apparence banale et un vieux solitaire ? Comment se met-on dans la peau d`une jeune fille de 18 ans quand on est un écrivain adulte ?

Un jour, en écrivant dans mon cahier, la première phrase m`est venue toute seule, et j`ai écrit une dizaine de lignes à la suite. En général, la forme romanesque m`ennuie, je n`ai pas envie de développer les choses. Mais ma belle-fille, qui lit beaucoup, m`a persuadé de continuer ce texte. Après, je ne sais pas si c`est le rêve qui a influé sur la réalité ou l`inverse. C`est une expérience très touchante de rentrer dans la peau d`une jeune fille de dix-huit ans : on est obligé de faire un bond en arrière sur son propre âge, ses propres artères… C`est un personnage très pur, comme je suis sûr qu`il en existe en réalité. Ce qui est le plus touchant c`est qu`elle et Henry ont la même intégrité. Ils se reconnaissent, comme tous les gens sincères et profonds.



Zoé vit des choses extrêmement violentes pour une jeune fille de son âge : le décès de sa petite sœur, mais aussi des violences personnelles. Ces événements sont évoqués rapidement et avec énormément de pudeur. Comment avez-vous composé avec le risque soit de tomber dans des descriptions très dures ou pathétiques, soit au contraire de minimiser les faits ?

La pudeur est la clé, elle est essentielle chez Zoé comme chez Henry. Ces deux personnages sont habités par cette dernière réserve qui fait que, quoi qu`il leur arrive, ils ont l`héroïsme de subir les choses sans jamais s`étaler. Zoé est l`inverse d`une pleureuse de cortège. Elle est digne, en dépit de son jeune âge, car la dignité est innée.



Vos personnages se réfèrent souvent à la nature et aux sensations, ils ont quelque chose d`instinctif, d`animal. de même, l`écriture apparaît comme organique (« Il y a encore des bouts de chair autour de ces phrases. »). le rapport au naturel est-il fondamental pour vous ?

La nature est primordiale. Ce qui m`a sauvé, c`est de comprendre que tout est correspondances et que si j`étais attentif, j`entendrais parler les choses. J`ai de la tendresse pour les arbres, les pierres, les animaux… Je suis un peu comme un ermite, j`ai appris à parler tout seul, tout fort, et j`ai récolté quelque chose d`extraordinaire : j`ai compris que tout a du sens. Et c`est tellement bon de regarder la nature, d`humer, de toucher… c`est un bonheur simple.



Les habitudes d`écrivain d`Henry (solitude, écriture à l`aurore, communion avec la nature), sont-elles aussi les vôtres ?

J`ai du mal à créer des personnages, c`est sans doute pour cela que les romans m`ennuient. Pour ce livre, il me fallait coller le plus possible à la réalité, en tout cas en ce qui concerne l`écriture. La façon dont écrit Henry est aussi ma manière de travailler. Pour moi l`écriture est un travail quotidien, c`est comme faire des gammes. Et comme lui, je fais assez mal la différence entre le rêve et la réalité : j`englobe les êtres dans une espèce de poche de rêve, j`aime créer cette autre dimension qui n`est plus dans le raisonnable mais hors temps, hors jugement.



Les écrits d`Henry se font de plus en plus philosophiques au fil du livre. Il entretient notamment un rapport particulier à la mort (il parle de « ses morts » comme de présences positives), et semble assez proche d`un atomisme comme celui de Lucrèce ou d`Epicure. La philosophie est-elle un domaine qui vous attire particulièrement ? Vous sentez-vous proche des épicuriens ?

Le panthéisme, cet « éternuement des dieux » qui nous crée, ces molécules, ce sont des choses auxquelles je crois. Je pense que tout est en nous depuis toujours et que tout sera toujours là. Il y a des dilutions moléculaires, certes, mais pas de mort. Comme l`écrivait Gérard de Nerval :

« Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t`épie :
À la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à un usage impie ! »
Je suis assez mystique, mais pas au sens religieux, plutôt comme une sensibilité aux signes. Je me dis que tout est écriture, et que si je ne le vois pas c`est que je ne sais pas lire.



Il y a dans le roman une vraie réflexion sur l`écriture : Henry écrit « le lecteur n`est pas nécessaire. L`écriture se suffit à elle-même. » Pourtant, plus loin, on lit aussi « La vérité est aussi dans l`imaginaire des autres. », ce qui pourrait correspondre à l`aveu que le lecteur est en partie créateur de la vérité d`un texte. Quelle est votre position sur cette question : écrit-on pour soi ou pour et avec autrui ?

Je suis assez conforme à mon personnage sur cette question. J`ai des tas de morts autour de moi qui m`accompagnent et sont mes premiers lecteurs. Il y a aussi un peu de provocation de ma part. J`ai tellement entendu qu`il fallait écrire de manière plus accessible que désormais, « je n`écris plus que pour moi et les miens », comme Henry. Pour être lu et compris, il faut qu`il y ait une filiation : le texte ne peut parler à tous. Il y a par ailleurs une valeur intrinsèque et autonome de l`écriture qui se passe de lecteur. C`est pour cela que j`écris à la plume puis en tapant sur une vieille machine à écrire de 1935 : la gestuelle, la pensée qui coule, c`est un rite très personnel mais qui fait du bien au monde.



La fin de votre roman est à la fois tragique et très énigmatique, voire même mystique. Pensez-vous qu`il faille laisser le lecteur dans le flou pour le faire réfléchir ? Ou y a-t-il un message caché ?

J`ai le sens du sacré, de la transcendance. La fin signifie simplement le mélange du rêve et de la réalité. Que Zoé existe ou pas n`a aucune importance : quand on meurt, c`est avec son vécu mais aussi (surtout ?) avec ses rêves.



Dès les premières pages de votre livre, vous utilisez de nombreuses métaphores, très originales, telles que la comparaison de Zoé avec une île dessinée par un enfant. Vous viennent-elles spontanément ou travaillez-vous beaucoup à trouver l`image juste ?

Les images surgissent d`elles-mêmes. Je suis un écrivain sous dictée, comme si je n`étais pas responsable. Tout se joue au niveau de l`inconscient. Des choses sortent et me surprennent ; parfois quand je me relis je ne me comprends plus. Les images sont comme un immense panier à jouets pour un enfant : l`enfant capricieux voudrait un jouet qui n`est pas dans le panier mais pour moi, toutes les images sont bonnes. La responsabilité, c`est de les retranscrire quand elles se présentent.


Votre style est parfois proche de la prose poétique, avec des rimes internes, des allitérations, une certaine « musique des mots », comme le dit Zoé (p. 71). Considérez-vous votre écriture comme à mi-chemin entre roman et poème ?

La poésie, c`est la possibilité de faire la synthèse entre tous les éléments du monde. L`étymologie du mot « poésie » signifie « faire » : c`est par le verbe que tout se fait. le verbe s`est délité aujourd`hui, et seule la poésie peut redonner à l`humain le sens de son existence, sans doute pas en foule mais de manière individuelle. La poésie est accessible à tous, et le dernier des derniers est sans doute celui qui la comprendra le mieux.



Alain Cadéo et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Les livres m`ont davantage donné envie de vivre que d`écrire, je ne sais même plus d`où vient l`envie d`écrire. Mais quand j`ai lu Fédor Dostoïevski, et en particulier L’idiot, j`ai senti qu`il se passait quelque chose. C`est fascinant et compliqué. Il transcende ses personnages, il défend l`ivrogne et l`assassin… C`est un grand humain, c`est ce qui ressort de ses livres.



Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Ce sont plutôt les mauvais auteurs qui me donneraient envie d`arrêter d`écrire. Les grands sont inspirants et je n`ai pas de problème à l`idée de m`inscrire dans une filiation.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Don Quichotte de Miguel de Cervantes.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Marcel Proust, je n`y arrive pas.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Les Oranges de sang, de John Hawkes, un très grand écrivain, méconnu comme beaucoup de grands écrivains.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Je crois, parce que c`est impossible… » de Térence.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Je relis Le Colosse de Maroussi d`Henry Miller. J`ai eu une correspondance avec lui autrefois, c`est quelqu`un que j`aimais beaucoup.



Découvrez Zoé de Alain Cadéo aux éditions Mercure de France :


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Mayacumbra : entretien Alain Cadéo et Philippe de Riemaecker


Citations et extraits (289) Voir plus Ajouter une citation
Ne rien attendre… C’est difficile, pour nous qui avons un pied dans la matière et un autre déjà dans le vide.
Il reste si peu de choses dans le creux de notre dernier lit. Ça ne pèse pas bien lourd, un crâne et ses millions d’images sur l’oreiller d’une agonie.
Et dans chaque être, aussi petit soit-il, il y a pourtant, je vous le jure, ce qui ressemble à l’infini.
(Incipit)
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Chaque mot possède, contient plusieurs cordes, celui qui sait les tendre, les faire exactement sonner, est un réveilleur de particules endormies. Alors tout devient possible: dissiper les nuages, chasser les orages et les mauvais esprits, broyer, dissoudre le violent, faire fondre le plomb de la bêtise, ouvrir les sarcophages de l’ennui, évacuer la lourdeur, les tumeurs, les fadeurs, les nids de guêpes de l’angoisse, laver, nettoyer dans les moindres recoins toute la crasse, goudrons et calamines qui obstruent les artères du Monde.
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Alain Cadéo
Courage à vous les abandonnés, les perdus, les en-dehors, les « émargés ». Cela fait si longtemps que vous pressentez l’énorme erreur du Monde ! Doux peuple de rêveurs, bons compagnons d’incertitude, vous êtes les derniers signes vivants d’une autre Humanité ayant sans même le vouloir refusé d’entrer dans la valse des fous. C’est vous, qui, en accord avec les plantes et les bêtes, mélancoliques un peu, gardez dans vos regards la douceur âcre d’une terre oubliée.
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C’est pourtant pas très gros la graine de la joie. C’est même minuscule. Ça pousse en en instant, ça fleurit d’un seul coup, c’est un massif de liserons. Et ça fane aussi vite, ça file à la vitesse de l’éclair, comme c’est venu. Il y a sûrement des êtres doués pour cet état de grâce. Il donnerait bien tout ce qu’il possède le Théo pour être comme eux. « Bienheureux les simples d’esprit… » Mais il en est loin, le pauvre diable…
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Nos vies sont toutes de sable, nos vies sont toutes des fables et c'est seulement dans la manière de les conter que se dévoilent leurs lumineuses trames.'
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Celui qui ne connaît pas cette joie du veilleur, caché de tous, retenant sa respiration, identifiant le moindre bruit, dans de très longues nuits d’amour à la lisière des mondes, ne sait rien de la joie cristalline que l’on peut éprouver à rester puissamment attentif, sous l’acupuncture glacée des étoiles.
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Il me faudrait cent ans pour traduire au plus près le cœur du cœur de l’émotion.
Il me faudrait mille ans pour mélanger les temps, en extraire le suc, vivre comme un nabab dans une goutte d’éternité.
Il m’en faudrait dix mille pour concevoir la Perfection...
C’est un fœtus lové dans une larme d’Amour pur.
Et je n’ai que ma vie, courte, fragile et imparfaite, pour n’en saisir que l’ombre d’un reflet.
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Le grand désir a cela de parfait : il ouvre l’infini.
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Au fond, ce ne sont pas les mots qui comptent, ils disent si peu, ils sont si loin de ce qu’ils voudraient dire. Non, ce qui compte c’est ce qui se dissimule derrière les intonations, ce sont nos voix intérieures, nos états d’âme, réalité de nos déserts que nous sommes seuls à parcourir et c’est à la surface de nos yeux, sous la peau de nos mains, sur les intimes tremblements de nos mains, qu’il faut lire toutes nos attentes.
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ℬ𝒶𝓇𝒷ℯ𝓁ℯ́𝓈

Curieux comme les mots peuvent aussi être les barbelés de l’âme...
Tout son visage dément ce que sa bouche prononce...
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