C’est en effet l’expression que Duchamp emploie dans un entretien accordé à Jean Neyens pour la RTBF en 1965 : “A une table ronde qu’on avait faite à Philadelphie, on m’avait demandé : “Où allons-nous ?” Moi, j’ai simplement dit : “Le grand bonhomme de demain se cachera. Ira sous terre.” Mais Duchamp ajoute : “En anglais, c’est mieux qu’en français - “Will go underground”. Il faudra qu’il meure avant d’être connu. Moi, c’est mon avis, s’il y a un bonhomme important d’ici un siècle ou deux - eh bien! il se sera caché toute sa vie pour échapper à l’emprise du marché… complètement mercantile (rire) si j’ose dire.”
J. C. - (...) Nous devons avoir les opposés sinon, nous n’avons pas de vie. Nous avons besoin de cette séparation entre l’art et la vie, et nous avons besoin du brouillage. Nous avons besoin des deux. Et nous pouvons avoir les deux. Les seules personnes qui ne voulaient pas que nous ayons les deux, c’étaient les Allemands, en particulier, et les critiques d’art. (Rires) Souvent, après une de mes conférences, les gens disent : “Mais vous vous contredisez.”
M. R. - Et vous, vous dites : “Oui” ?
J. C. - Et je dis : ”Eh bien, je ne peux pas penser sans me contredire.” (Rires)
“Les portes que j’ouvre se ferment automatiquement.”