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Critique de Eve-Yeshe


Quelle bonne surprise ce roman ! C'est mon premier polar chinois…

Tout souriait donc ce jeune professeur de chinois, Shen Ming, puisqu'il enseignait dans un lycée réputé, allait se marier et entrer ainsi dans une famille prestigieuse. Tout à coup, tout s'enraye, on trouve une de ses élèves sur le toit du lycée morte, empoisonnée par une mixture à base de fleurs de laurier rose. Et par-dessus le marché, la rumeur affirme qu'il avait une liaison avec elle.

Tout le désigne donc, et durant son interrogatoire bien sûr tout le monde le lâche, il est forcément coupable mais pas de preuves. Cela n'empêche pas qu'il soit renvoyé de son lycée, uniquement sur la foi des on-dit. Mais, deux jours après, on le retrouve mort poignardé dans « la zone de la démone » !

Tout le monde désire enterrer cette histoire, à l'exception d'un policier intègre, Huang Hai, qui va continuer à enquêter pour trouver le coupable…

Coup de théâtre, des années plus tard, un jeune garçon Si Wang affirme se souvenir et l'auteure nous entraîne dans une belle histoire de réincarnation : Shen Ming a-t-il traversé la « rivière de l'Oubli » comme le pensent certains ?

Tous les protagonistes jouent un rôle, et ceci à travers le temps : on a ainsi des va-et-vient entre la période où ont eu lieu les trois meurtres, la période actuelle et d'autres évènements anciens qui s'articulent et inter-réagissent.

Ce n'est pas l'histoire d'une vengeance, Si Wang cherche à comprendre et non à restaurer à tout prix, l'honneur perdu de Shen Ming. L'auteur nous parle aussi du rôle de la rumeur, de la malveillance dans ce récit, du chacun pour soi, de l'enseignement dans son pays et de la place des professeurs ou leurs relations avec les élèves. Elle évoque aussi la famille, les relations parents-enfants qui semblent tellement éloignés de nous.

Si Wang est très attachant et l'auteure joue sur les subtilités de prononciation de son nom pour donner encore plus de mystère, et d'ésotérisme ; dans une note elle nous apprend que :

« Siwang » prononcé un peu différemment et écrit avec des caractères différents signifie « La mort »

Alors qu'en fait la mère de Si Wang lui révèle que :

« Je regardais au loin et j'avais l'impression d'entendre quelqu'un m'appeler, c'est pourquoi j'ai choisi le caractère « Wang » qui signifie « regarder au loin » pour ton prénom. »

On a parfois l'impression de tourner en rond, mais tout à coup l'auteure introduit un fait, un autre thème et, comme le boléro de Ravel, l'histoire s'étoffe et le mystère s'épaissit. On découvre les personnages peu à peu mais Jun Cai nous envoie régulièrement sur des fausses pistes ; on ne s'ennuie pas une seconde dans ce voyage dans la Chine profonde, sa culture, son mode de vie…

Les réflexions sur le temps, la séparation sont également très intéressantes et l'auteur nous livre régulièrement des extraits de poètes chinois pleins de mystère et de sagesse, ce qui me fait réaliser l'immensité de mes lacunes dans la littérature chinoise que j'ai longtemps tenue à distance, lui préférant les auteurs japonais…

J'ai beaucoup aimé ce roman, car la réincarnation, le cycle des existences, le karma m'intéressent, même si c'est abordé de façon romancée.

Il s'agit du premier roman de cet auteur, surnommé le Stephen King chinois, traduit en français. Son univers me plaît et j'aimerais bien lire un autre de ses romans.

Merci encore à NetGalley et aux éditions XO qui m'ont permis de découvrir et apprécier ce roman.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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