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Critique de florencem


Je me suis enfin décidée à lire le dernier des tomes des Rumeurs d'Issar, une trilogie qui n'a pas fait beaucoup parler d'elle mais qui mérite vraiment d'être lue. Avec son univers original et sa mythologie très intéressante mêlant religion et magie, nous sommes plongés dans un monde des mille et une nuits où l'action ne manque pas. L'auteur a aussi pris le temps de travailler son personnage principal et son évolution au fil des trois tomes est assez remarquable. Immersif et enchanteur à souhait.

Nous retrouvons donc Kez et Edjan après leur affrontement avec le Lion. La fin du second tome avait été un peu traumatisante mais laissait présager une suite pleine de rebondissements et d'actions. Et je n'ai pas été déçue. L'éveil des sans-signes donne cette impression de dernier espoir dans les agissements de nombreux personnages, nous faisant tanguer avec ses pics d'adrénaline et ses révélations. Il y a cette sensation d'urgence qui ne quitte pas nos héros. le temps presse, les plans de la Maison sont malmenés, le Mouchard a son propre agenda, et le Palais est bien décidé à ne pas se faire malmener par des voleurs et des intrigants. C'est palpitant du début à la fin, avec au final très peu de temps morts, même si on a la chance de découvrir de nouveaux lieux toujours aussi sublimes. le monde imaginé par Marie Caillet a quelque chose d'idyllique dans sa géographie. J'adorerai visiter les pays où Edjan va au fil de son dernier périple. Rien que pour cela les Rumeurs d'Issar valent d'être lues.

Même si l'intrigue politique est très présente, les multiples personnages que nous avons pu rencontrer jusqu'ici sont au coeur de L'éveil des sans-signes. Plus que les manoeuvres servant les desseins des différents camps, pour moi les protagonistes portent l'histoire. Edjan et Kez déjà. le Vierge a fait un sacré bout de chemin depuis le premier tome. de héros passables, l'ange et son gardien ont évolué pour devenir ce duo incontournable. Tout en restant fidèles à leurs valeurs, ils nous prouvent combien ils ont la carrure de leur destinée. Nous sommes bien entendu loin du "super-héros" mais cela me va très bien. Attachants et complices, je me suis sentie proche d'eux dès le départ, et je suis fière de voir ce qu'ils sont devenus. A leur rythme, sans feu d'artifice, sans faux-semblants.

Shaëll à contrario a continué à me hérisser le poil. Son égoïsme et son côté hargneux ont toujours laissé un faussé entre le personnage et moi. Et au fil de ce tome, j'ai eu la désagréable impression de ne pas le connaître réellement. Trop de faux-semblants, trop de "j'ai mon agenda à moi". Elle reste en un sens fidèle à ce qu'elle est, et aussi à son signe. Mais l'amertume autour de la Haute-Voleuse est quelque chose que j'ai du mal à digérer. Elle reste un personnage extrêmement intéressant par contre. Sa psychologie est l'opposé d'Edjan, mais on sent le travail qu'il y a eu derrière. Et je trouve qu'il est toujours plus difficile de rendre cohérent ce genre de protagoniste très ambivalent qu'un héros pure souche.

L'éveil des sans-signes nous permet également d'avoir une vue d'ensemble, plein de nuances. Ce que j'adore. Ce n'est plus seulement la Maison qui nous offre son point de vue mais aussi le Palais. En nous montrant plus d'Ange-gardien, en leur donnant plus de place, et surtout en les voyant échanger entre eux, notamment avec le Roi, c'est un autre univers que l'on perçoit. Difficile de réellement prendre un parti, d'autant plus que la Maison a parfois ce côté anarchiste qui peut faire grincer des dents. L'histoire autour du Lion en est la parfaite illustration. Bien qu'étant une machine à tuer, Jatiel et son ange Ezieb ont quelque chose de touchant dans leur déchirement et à travers leur existence même. C'est une partie du récit que j'ai vraiment apprécié même si elle était sous-jacente par rapport au reste.

Le seul point négatif que je pourrais soulever concerne les morts de plusieurs personnages. J'en compte cinq pour qui j'ai trouvé le traitement trop rapide. Je n'ai pas réellement compris leur mort dans le sens où elles se déroulent de façon trop expéditive sans que l'on saisisse vraiment ce qu'il se passe. C'est dommage car ce sont des événements marquants pour l'histoire et j'ai eu cette sensation de ne pas avoir tous les éléments en main.

Quant à la fin... J'avoue qu'à un moment de l'histoire, quand la grande révélation sur l'identité du Mouchard tombe, je ne savais plus où l'auteur voulait nous mener. Je n'ai pas été surprise, mais la trahison est difficile à avaler comme les événements qui en découlent. Encore une fois l'amertume demeure. Ce n'est pas la façon la plus agréable pour finir une saga, mais même si nos héros se retrouve entre guerre et paix, j'ai trouvé que cela allait parfaitement avec le cheminement d'Edjan et Kez. Il y a un équilibre, comme le symbolise le signe du Vierge. J'aurais aimé avoir plus de réponses sur le devenir de certains personnages, mais j'aime l'idée que les dés sont jetés et que maintenant chacun a les cartes en main pour décider de son avenir.

Une trilogie qui m'a fait voyager et que je ne peux que vous conseiller. Originale autant par l'univers que par sa mythologie, elle nous offre un héros à qui on peut s'identifier et qui évolue progressivement pour prendre son envol. Un travail sur la psychologie des personnages riche et intéressant, une intrigue pleine de nuances où les adversaires se battent pour leurs idéaux et un duo adorable et combatif.
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