33 mots sur le divan

Plus qu'au plaisir, la jouissance renvoie à l'excès de plaisir, aux débordements de l'excitation, à un au-delà du principe de plaisir, comme le soulignait Lacan. Ces avancées extrêmes de la pensée analytique, parfois quelque peu acrobatiques, retrouvent ainsi une signification présente dans la racine indo-européenne du terme, dans ce "gau-" qui ne renvoie pas seulement aux plaisirs ordinaires, mais aussi aux fascinations complexes de l'effroi sacré. Tout se passe comme si, avec l'essor de la pensée psychanalytique, notre langue avait renoué avec la source archaïque du terme "jouissance", avec sa dimension tragique édulcorée par les siècles de la raison, de la philosophie grecque à la modernité scientifique. Peut-être faudrait-il, désormais comme en des temps très anciens, définir la jouissance comme ce fil tendu au-dessus du précipice, ce court-circuit entre l'extrême du plaisir du corps vivant et la fascination de la décomposition et de la mort. L'orgasme n'est-il pas nommé, en notre langue, "la petite mort"?

L'Académie française donne ainsi de l'histoire de ce terme une vision inversée par rapport à celle du TLF : parti d'une signification toute psychique, le mot "angoisse" se serait chargé de connotations plus physiques sous l'influence de la psychiatrie du XIX° siècle, pour finir par fusionner ces deux registres. Destin contraire à la loi générale de la création métaphorique, laquelle commande d'aller du plus concret vers le plus abstrait !

Électrons libres : Angoisse

Le mot "inconscient" présente une curieuse spécificité : de tous les termes psychanalytiques que nous avons retenus, il est le seul à s'être popularisé sans que sa signification ne soit déformée ou appauvrie.

Inséparables : Inconscient

L'équivalence établie par Freud entre pénis et clitoris est une idée biologiste, juste en elle-même, mais probablement trop savante pour des esprits archaïques. L'équivalence est plus immédiate entre pénis et seins, qui partagent la même visibilité... et le même défi aux lois de la pesanteur.

Quadrature du "Je" : Phallus

Les mots voyagent, depuis aussi longtemps qu'ils existent, tout comme les idées, avec ou sans les mots qui les avaient d'abord portées. (...) Mais des liens se sont tissés au fil des temps et des échanges culturels avec toutes les langues de nos voisins.

Les plaisirs sont donc des hosties parisiennes sucrées mais non consacrées, chantées et vendues par des marchandes ambulantes que nous ne pouvons imaginer que pétillantes !

Quadrature du désir : Plaisir

Que nos désirs soient des scintillements tombés du ciel, voilà une bien belle métaphore, qui prend à contre-pied nos représentations modernes ordinaires qui les enracinent plutôt dans l’alchimie hormonale des profondeurs de notre corps.

Quadrature du désir : Désir

Cette exacerbation sémantique est bien le signe d'une modernité qui fait aux désirs des individus une place inédite dans l'histoire culturelle de l'humanité.

Quadrature du désir : Désir.