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Critique de Marti94


Le fait d'avoir voulu raconter l'histoire de Sacco et Vanzetti en bande dessinée méritait à mes yeux cinq étoiles. Mais le parti pris de Florent Calvez m'a déçue.
Car si le combat d'une vie pouvait se résumer en quelques mots, si l'injustice devait se concentrer en un cri, si l'amitié, la fraternité, l'amour était la synthèse de la relation humaine, alors l'occasion était belle d'écrire cette histoire.

Dans « American tragedy - L'histoire de Sacco & Vanzetti », un grand-père raconte à son petit-fils adulte pourquoi il vient au Battery park à de New-York chaque année à la date anniversaire du 27 août 1927, jour de l'exécution sur la chaise électrique de deux anarchistes italiens, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti accusés à tort d'avoir participé à des braquages à main armée.
Petit, il a connu Venzetti et il est donc intéressant de raconter cette histoire sous forme de témoignage. Seulement voilà, l'auteur semble douter qu'il s'agit bien d'une erreur judiciaire jusqu'à dépeindre Sacco comme complice d'un crime, sans aucune preuve.
Alors qu'il y a eu un procès truqué, des pressions sur les témoins, des manoeuvres politiques qui ont transformé les immigrés en suspects et les anarchistes en terroristes, des faits insignifiants sont mis en avant comme le soutien de Mussolini parce qu'ils étaient italiens alors que leurs idées s'opposaient. Et des idées ils en avaient. Mais rien sur le contenu, sur les théories défendues par Sacco et Vanzetti qui se battaient pour une vie meilleure.
Et puis la fin m‘a choquée.
C'est le grand-père qui dit qu'après ça, il vaut mieux se tenir éloigné de toutes organisations et qu'il ne comprend pas que l'on puisse sacrifier sa vie à un idéal. Pire encore, il annonce clairement qu'il ne « faut surtout pas crever pour une cause » et « Si tu dois te défendre, fais-le ! Mais pas pour les autres, pour toi ! ». Quelle sale mentalité.
Ce n'est pas ma conception de la vie en société qui, pour moi, doit être aussi basée sur la solidarité et le partage.

Rappelons que Joan Baez a chanté « Ballad Of Sacco And Vanzetti » qui montre l'indignation contre cette injustice envers les condamnés parce qu'ils étaient pauvres et étrangers, quand bien même leur innocence était prouvée. Elle reprendra aussi dans la BO du film les paroles de Vanzetti au juge Thayer, déclarant qu'ils triomphaient par leur mort même, qu'ils n'auraient jamais fait autant « pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes » qu'ils ne le faisaient en mourant.

Leur histoire a dépassé les frontières, bouleversé les peuples, traversé le siècle et fait aujourd'hui encore briller la flamme de la révolte, ultime récompense pour être libre. Il est donc nécessaire et salutaire de raconter l'histoire de Sacco et Vanzetti mais pas n'importe comment.


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