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Critique de jamiK


jamiK
26 février 2024
Je vais commencer le roman d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur. Je me détends, je me concentre, j'écarte de moi toute autre pensée et laisse le monde qui m'entoure s'estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer à cause de la télé dans l'autre pièce et je lis les premières lignes :
« Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi.
Écarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer ; de l'autre côté, la télévision est toujours allumée. »
… ?

Le vertige me prend et ne me lâchera plus avant la fin du roman. le roman commence alors au chapitre 2, mais là, c'est encore un leurre, est-il déjà commencé ou commencera-t-il encore plus loin. le livre s'adresse à moi à la seconde personne du singulier, je ne sais plus qui lit le livre, moi ou un personnage du roman ? On se lance alors dans une quête à la poursuite de la suite, le livre s'écrit dans le livre, puis devient un autre livre, et encore un autre, le texte nous répond, nous questionne, l'auteur se dédouble, se multiplie, le lecteur aussi.
Tantôt cela devient totalement fantastique, le livre s'écrit dans le livre avant d'être écrit, plusieurs livres commencent dans le livre, un récit d'espionnage, une dystopie, et même de l'érotisme, et jamais de fin.

Et je ne sais pas si ça vous arrive parfois, mais de temps en temps, lorsque je lis un livre, ma pensée bifurque, mes yeux continuent de progresser sur les mots mais je ne les entends plus, à partir d'un détail je développe dans ma tête des pensées parallèles et le texte que je lis ne veut plus rien dire, je suis obligé de revenir en arrière.
La magie de ce roman c'est que parfois, on a cette impression, sauf qu'ici, c'est réellement ce qui est écrit, ou pas, alors le roman entre en nous comme aucun autre, il est notre pensée, nos tergiversations, nos errements. Toutes ces histoires qui commencent sans jamais finir ne sont là que pour dévoiler le lecteur qui les lit, et ce livre n'a plus de frontières, sort des pages pour entrer dans notre tête, nos bifurcations, nos réflexions hors du livre appartiennent au livre, et je découvre mes impression sur cette lecture dans le livre lui-même, c'est un livre totalement magique et vertigineux, la mise en abyme mise en abyme.

Quand je le referme, une impression d'ivresse me submerge, que s'est-il passé ? Ai-je réellement lu ce livre ou ma pensée s'est-elle égarée du début à la fin ? je ne sais plus.
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