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Critique de michfred


Trois lieux- Buenos Aires, New York, Lisbonne- , trois destins- celui de Jorge, de Karl, de Fernando- , trois poètes - Borgès, Kafka, Pessoa - trois récits qui s'entrecroisent sous le signe incandescent de la comète de Haley, venue faire un petit tour de chauffe dans le ciel de 1910...

Un énième roman pseudo- autobiographique qui mettrait en parallele, fort artificiellement, un personnage du premier roman de Kafka -Karl, héros de "Amerika"- avec le mage aveugle du labyrinthe et le chantre inquiet de l'Intranquillité?

Pas du tout, mais vraiment pas du tout.

Dès les premières lignes on sait qu'on navigue vers des terres inconnues, qu'on doit s'abandonner à la houle des mots, aux brisants des images, au roulis des sensations.

Pas de roman "poétique" autoproclamé non plus: les mots et les phrases ne sont ni lyriques, ni ampoulés, ni "hhhhinspirés". Camarneiro est un physicien, il observe et connaît les mystères du monde naturel: il appréhende la poésie avec un regard nouveau, il dit sa surprise et crée la nôtre.

Ces trois poètes-là sont un peu trop fragiles, un peu trop perméables aux mystères de la mer et du ciel, un peu trop sensibles au pouvoir des mots , un peu trop en quête d'une façon de dire le monde qui leur serait propre, pour entrer vraiment en contact avec les autres hommes, ou avec une femme - eût-elle la crinière rousse des comètes en feu ou des incendies.

Leur enfance a été un long exil, loin des jeux, violents et charnels des autres enfants. Ils ont vécu dans un monde d'histoires racontées par des grands-mères, des tantes, aussi perdus dans la réalité que s'ils étaient perchés sur des tréteaux fragiles en haut d'un gratte-ciel ou enfermés dans la cabine d'un cargo un soir de tempête. Parfois ils ont trouvé une brève compagnie sur un coin de table, au fond d'un bordel ou d'une taverne, dans une chambre au bord du Tage.

Mais la solitude et les mots étaient leurs arpents, leur territoire.

Pourtant, ces solitaires, quel trésor ils nous laissent!

Je ne peux me résigner à fermer ce livre. Je le rouvre, je le savoure encore et encore. Il a toujours des choses à me dire. Il n'a pas fini de faire son chemin en moi. D'étoiler sa comète dans un petit coin de ma tête .

Merci Booky, merci le Bison pour cette mine inépuisable de merveilles..
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