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Critique de LeCombatOculaire


Nous revoici dans le décor d'Ustrinkata, un mini village suisse dans les montagnes, raconté par un jeune narrateur qui fait le portrait de chacun, décrit chaque habitation, chaque détour. Ça sent le bon vieux temps, l'insouciance, les genoux écorchés, les piccolos, la neige et les lappis. le récit prend l'allure d'un petit théâtre, découpé en scène très courtes, où l'on apprend à vivre ensemble, comme si tout le monde faisait partie de la même famille.

Il y a un air de nostalgie, on ne sait pas trop où se situe la frontière entre autobiographie, souvenirs romancés ou fiction. « C'est mon enfance, mes racines, mes origines. » dit l'auteur dans cet article sur le Temps « Mes livres parlent de choses simples, de la vie, de la mort, de l'amour, du changement. A Salerne, une vieille dame est venue me dire que le village de Derrière la gare parlait de chez elle, et c'est comme ça partout: les gens s'y reconnaissent. » Pour les gens comme moi, qui ont grandi dans une grande ville, ça a l'air complètement hors-champs, hors-temps, une sorte de bulle hors du monde, et pourtant, oui, quand même familière.

Parce qu'on vit l'histoire à travers les yeux d'un enfant, les choses qui y sont abordées semblent un peu irréelles, pas si graves même quand quelqu'un finit à l'ospital ou que des familles partent, il y a les affaires des grands et celles des petits. Il y a les lappis dans le jardin et quand ils disparaissent on s'étonnerait pas que ce soient les grands qui les aient volés pour les manger. Il y a les accidents de route, les accidents de ski, les soldats derrière la gare. Tout semble quand même immuable, indéfectible. Comme figé dans la roche, dans les montagnes.

Le ton est très différent de celui d'Ustrinkata, bien qu'on retrouve une certaine familiarité dans l'écriture, son débit est maintenant haché, à une seule voix. La cacophonie se calme pour devenir petites photographies Polaroïd. Bon, il est fort probable qu'il aurait fallu lire Derrière la gare en premier, puisqu'on y parle d'un temps où l'Helvezia n'est pas encore menacé de fermeture, d'un temps où il neige encore quand il faut qu'il neige, mais l'un et l'autre se nourrissent bien dans un sens comme dans l'autre. Les deux se lisent vite, un peu plus ou un peu moins de cent pages chacun, mais ils font partie des histoires qui marquent par la singularité de leur langage, leur approche du monde, leur simplicité efficace. Encore une fois, le travail de traduction de Camille Luscher est excellent : on lit comme entend, les langues se mélangent, avec un accent fort prononcé.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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