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Critique de Sharon


Attention ! Fait suffisamment rare dans l'histoire des enquêtes de Salvo Montalbano : Livia lui rend visite et restera avec lui pendant presque toute la durée de l'enquête. Ils pourront ainsi se disputer autrement que par téléphone. Nous assisterons aussi à la quintessence de la rivalité entre Adelina, la cuisinière de Salvo, et Livia, qui ne peut absolument pas supporter sa rivale culinaire. Montalbano expérimente ainsi toutes les joies de la vie à deux, que ce soit pour esquiver le fait de partager un repas ensemble autrement qu'au restaurant – Livia est une piète cuisinière aux yeux de Salvo puisqu'elle ne sait pas faire cuire des pâtes – ou le fait de zigzaguer entre les mensonges qu'il a parfois proférés pour couvrir son adjoint préféré, j'ai nommé le tombeur de ses dames, Mimi Augello – ou comment esquiver à nouveau un repas familial avec Mimi et Bebba, son épouse.
Il expérimente aussi, douloureusement, la solitude, distinguant le besoin d'être seul et le fait de se retrouver seul, comme le sans domicile fixe qui s'est installé dans une grotte, non loin de chez lui. Un homme charmant, au demeurant, qui rappelle au commissaire certaines vérités qu'il avait un peu oubliées : – Vous savez, il arrive qu'une longue fréquentation brouille un peu la vision des qualités de la personne qu'on a près de soi depuis longtemps. Rien de mieux qu'un regard extérieur pour vous montrer la chance que vous avez.
Quant au meurtre sur lequel il enquête, il fait figure d'inédit dans la carrière de Montalbano : un double meurtre ! L'homme en question avait deux maisons, deux enfants, deux petits-fils. Mais surtout, il a été tué de deux manières différentes, ce qui veut dire que deux personnes, au moins, lui en voulaient suffisamment pou l'empoisonner ou lui tirer dessus. IL faut quand même contenir une sacré dose de détestation pour ne pas se rendre compte que sa future victime est déjà morte, et lui tirer dessus ! Barletta avait fait des victimes à la pelle, et des conquêtes tout aussi nombreuses. L'une des victimes se détache pourtant, Pace, non par la solidité de son mobile, mais par la manière dont il analyse le comportement de Barletta et le plaint : un homme qui n'est jamais satisfait de ce qu'il a, argent ou femme, ne sera jamais en paix. Pace, lui, a trouvé cette paix, même si le chemin fut douloureux, même si sa femme est souffrante – elle est près de lui et la guérison est toujours possible. Un suspect de moins – plus qu'une bonne vingtaine.
Comme d'habitude, l'enquête est l'occasion pour Montalbano de passe d'armes avec le légiste, au langage toujours aussi fleuri, et de supporter les convocations du questeur, aux idées bien arrêtées sur les manières de mener l'enquête – il n'aura même pas le temps de s'en mordre les doigts, on lui fera regretter très rapidement ses décisions.
A la fin du roman, l'auteur, dans une courte postface, explique le choix de la construction de son intrigue – et de son dénouement. Pour ne pas vous en dévoiler plus que je n'en ai déjà fait, je vous dirai que Camilleri plonge dans les méandres d'une vie insatisfaite, d'une vie qui n'a pas été menée comme elle aurait dû l'être – avec des conséquences pour toutes les personnes qui l'approchaient. Pas facile d'aller au bout des choses. Reste à savoir ce que signifie « au bout » – tous ne seraient pas d'accord avec le choix de Montalbano.
Nid de vipères, un opus particulièrement sombre dans les enquêtes de Montalbano.
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