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Critique de Ericpct


"Romulus a-t-il réellement existé? [...] Comment peut-on être en même temps chef de clan primitif, pour ainsi dire paléolithique, roi d'une cité-Etat concurrente de la puissante Véies étrusque? Curieuse conclusion pour un biographe!"
Histoire, archéologie, psychanalyse, ethnographie, mythographie, anthropologie, philologie et linguistique: avec toutes les précautions de rigueur, Thierry Camous convoque ces disciplines pour démêler avec une magistrale habileté le vrai du faux, la certitude du doute, la vérité du fantasme à propos de Romulus. Une biographie stricto sensu n'aurait pas grand intérêt, voire serait absurde dans le cas du légendaire roi fondateur. C'est pourquoi T. Camous étudie scientifiquement comment la figure de Romulus illustre le passage d'une humanité préhistorique, celle de l'homme des bois qui a pour totem le Pic dans les monts albains, au pastoralisme fondateur de cités sous l'égide d'un nouveau totem, la Louve. Pour Thierry Camous c'est Rome, nom qu'il fait dériver de "ruma", la mamelle, celle de la louve, qui donne son nom à Romulus, lequel incarne dans la psyché romaine tout à la fois l'homme "primitif" ( c'est-à-dire avant l'émergence de l'Etat), le fondateur, le roi, le guerrier et le mythe des origines enjolivées.
Des origines, vraiment? Dans une brillante démonstration, Camous explique pourquoi et comment les Romains qui n'avaient pas ou très peu de cosmologie, ont éprouvé le besoin de se chercher des racines troyennes, allant jusqu'à placer les Pénates de Rome, non pas à Rome (dès l'origine donc, Rome n'est pas dans Rome, suis-je tenté de dire), mais à Lavinium, la cité fondée par Enée, des générations avant l'entrée en scène de Rémus et Romulus (c'est dans cet ordre que les Anciens citaient les jumeaux).
La grande érudition de son auteur, sa finesse d'écriture et de raisonnement, la pertinence de ses analyses et son sens de la mesure font obligatoirement de ce livre une référence majeure. Certes, il y a bien une ou deux pages de détails qu'on peut juger superflus -qui s'inquiète aujourd'hui des limites précises du tout premier pomérium? J'ai aussi repéré une erreur surprenante de la part d'un tel érudit: page 338, confusion entre Flaminus, vaincu au lac Trasimène par Hannibal, et Flamininus, vainqueur de Philippe V de Macédoine à Cynocéphale. Mais cela n'atténue pas la haute considération en laquelle je tiens cet ouvrage d'excellence.
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