Il commence par crépiter de petites histoires. Des anecdotes d'enfance, de celles qui deviennent des légendes familiales qu'on s'échange lorsque la famille se retrouve. Mais le récit de Maria est un brasier.
Comme tout feu il vous réchauffera, c'est certain. Comment ne pas être sous le charme de cette fillette intrépide, de son esprit critique qui questionne sans cesse le monde, comment ne pas être touché par sa dévotion pour les siens ?
Mais sachez qu'il vous brûlera aussi. Parce que c'est douloureux de se confronter à la réalité de ce qu'a vécu Maria, de ce qu'a vécu sa communauté, les Métis.
S'ils sont depuis 1982 reconnus comme l'un des peuples autochtones du Canada, à l'heure où l'autrice écrit les lignes que vous allez lire les Métis sont dans un entre-deux. Ils ne font ni partie d'une population dominante qui les oppresse, ni des Premières Nations dont ils sont à la marge. Cette communauté tiraillée, pauvre et ostracisée, en proie à l'alcoolisme et à la violence, lutte pourtant courageusement tant pour s'imprégner de son histoire que pour s'inventer un avenir digne. Ainsi, très jeune, Maria aura dans l'idée que la survie des siens ne pourra venir que de sa capacité à s'extraire de son milieu.
Au décès de sa mère, dans la double difficulté d'être une
Métisse et d'être une femme, elle porte sur ses épaules d'enfant toute la charge d'une famille nombreuse. Dans l'urgence de la survie, nous imaginons ses rêves avortés prisonniers d'une réalité sordide. Et pourtant, malgré les épreuves qui semblent se déchaîner sur elle, elle a cette capacité incroyable de toujours trouver la force de relever la tête.
Nous n'avons jamais assez de modèles de femmes fortes et inspirantes, mais si vous ne la connaissez pas, sachez que
Maria Campbell devrait avoir une place dans votre panthéon personnel. Son activisme aujourd'hui tourne tant vers le féminisme, que vers la lutte pour les droits des autochtones et pour l'écologie force l'admiration.