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Critique de Albina


Un livre qui n’aurait pas dû être publié si on avait respecté la volonté de l’auteur (comme quoi les écrivains feraient bien de trier et de bruler leurs brouillons comme l’a fait Marguerite Yourcenar). Il y a beaucoup de maladresses et d’incohérences dans ce manuscrit. De plus, le personnage n’a rien de sympathique. Tuer un handicapé sans défense, qui, en plus, lui a donné sa confiance et son amitié c’est pour le moins contestable et répugnant. Même s’il invoque des déterminismes économiques. En effet, l’argent est au centre de sa motivation. Le lecteur a bien du mal à s’identifier à ce triste sire et cela décrédibilise son propos ; sa recherche de la solitude ressemble à s’y méprendre à une manœuvre détournée pour faire taire sa mauvaise conscience ou s’enfoncer dans le déni. Faire fi de l’autre dans la quête d’un bonheur qui serait une sorte de communion fusionnelle avec la nature ne nous parle pas non plus vraiment. Je saisis mieux la remarque de Bernard qui répond à Mersault quand il le traite d’idéaliste : p 153 : « c’est que, voyez-vous, dit Bernard, le contraire d’un idéaliste c’est trop souvent un homme sans amour. »
C’est peut-être une clef pour comprendre ou interpréter l’attitude de « l’étranger » qui devient Meursault (ce qui évoque clairement le saut dans la mort), car la solitude poussée à un certain degré n’a plus vraiment rien d’attrayant et conduit à la mort : la sienne autant que celle de l’Autre sanctionnée par la justice.
J’ai été surprise de la répétition et de l’abondance de l’adjectif « gras » qui revient un nombre incalculable de fois et s’applique tour à tour au pavé, à la mélodie, aux lèvres, à la terre et même au vol des oiseaux et aux fleurs. À la fin, juste avant sa mort, Mersault se fait un thé qui est gras et écœurant, car il a oublié de laver la tasse...
Il me semble que ce n’est pas le fruit du hasard et que cela suggère un certain dégout, une opacité du réel et c’est comme si le personnage était condamné à glisser sur les éléments qui n’offrent pas de prise...
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