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Critique de Betty06


Le roman s'inscrit dans le cycle de la révolte de Camus.: -La peste - l'homme révolté et les Justes
La peste est interprétée comme une transposition de l'occupation Allemande en France,ainsi que l'organisation qui s'en saisit. Mais ce n'est pas tout :
Elle constitue un réel engagement de l'auteur,qui se livre à une satire bien plus large; une ample réflexion, par laquelle s'exprime,un humanisme septique et lucide.
Cette subite irruption de la maladie qui marque un contraste saisissant avec la routine, traduit cette idée d'enfermement de l'individu dans la prison de sa propre condition humaine.
Parallèlement l'absurde s'y inscrit dans une perspective culturelle, outre qu'elle renvoie à l'histoire des fléaux et qu'elle soit liée à la guerre.
Les journaux, naturellement, obéissaient à la consigne d’optimisme - à tout prix - qu’ils avaient reçue. A les lire, ce qui caractérisait la situation, c’était "l’exemple émouvant de calme et de sang-froid". Mais dans une ville refermée sur elle-même, où rien ne pouvait demeurer secret, personne ne se trompait sur "l’exemple"donné par la communauté.
Il y avait d'autres sujets d’inquiétude...
Par suite des difficultés du ravitaillement qui croissaient avec le temps. La spéculation s’en était mêlée.
Les pauvres qui souffraient ainsi de la faim, pensaient, avec plus de nostalgie encore, aux villes et aux campagnes voisines, où la vie était libre et où le pain n’était pas cher.
Puisqu’on ne pouvait les nourrir suffisamment, ils avaient le sentiment, d’ailleurs peu raisonnable, qu’on aurait dû leur permettre de partir; si bien,qu’un mot d’ordre avait fini par courir, qu’on lisait parfois sur les murs, ou qui était crié, sur le passage du préfet : " Du pain ou de l’air! ".
Cette formule ironique donnait le signal de certaines manifestations vite réprimées, mais dont le caractère de gravité n’échappait à personne.

Alors que la peste, par l’impartialité efficace qu’elle apportait dans son ministère, aurait dû renforcer l’égalité chez nos concitoyens, par le jeu normal des égoïsmes, au contraire, elle rendait plus aigu dans le cœur des hommes le sentiment de l’injustice.
Il restait, bien entendu, l’égalité irréprochable de la mort, mais de celle-là, personne ne voulait.
Le fléau,en tant que rupture concrète avec l'ordre habituel des choses,devient une véritable intrusion surnaturelle,invraisemblable.
Le docteur Rieux incarne le stoïcisme désespéré de l'homme qui lutte sans illusion contre la cruauté du destin.
De même Tarrou, au lieu de partir retrouver au loin la femme qu'il aime,préfère,lui aussi,rester pour soigner inutilement les malades :
- Qu'est-ce qui vous pousse à vous occuper de cela?
- Je ne sais pas,ma morale,peut-être.
- Et laquelle?
- La compréhension.
Comment ne pa être séduit par cette forme d'engagement élevé?
Ce sont finalement,ceux qui ont les idées bien arrêtées qui, vont "se retrouver" dans la maladie et mourir, à l'instar d'un Panetoux qui prêche :"Le fléau qui vous meurtrit,vous élève et vous montre la voie",refuse d'admettre l'évidence et se départir de sa foi aveugle en Dieu - il ne peut que renoncer à vivre-
En revanche, Grand prend conscience de ses failles et admet le tragique de sa condition. Il incarne de ce fait, le héros Camusien par excellence.
La peste est finalement une allégorie,une forme concrète du mal métaphysique,
où les personnages incarnent les différentes attitudes face au monde absurde et à la solitude de l'univers.
La structure du roman n'est pas sans rappeler la tragédie classique.
Le narrateur s'engage dans un véritable travail de dramaturgie.
On en sort toujours ratatiné,quelle peste !
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