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Critique de Erveine


L'étranger d'Albert CAMUS.
C'est bien dès lors que nous nous trouvons devant une situation que nous ne comprenons pas que nous lui prêtons de l'absurde. Mais il faut bien que l'homme meurt pour que se tisse la toile d'une tragédie et que l'histoire commence. Ici ce n'est pas l'étranger qu'on juge, mais l'étrangeté. Voilà un type qui sort du lot. Il ne sait pas quand sa mère est morte et il va voir un film comique. Il vient de tuer un homme et il veut se marier avec une fille qu'il n'aime pas. C'est bien cette différence qui va l'établir en coupable et d'ailleurs il se pelotonne tranquillement dans cette position. Absent il sera et peut-être absent il l'a toujours été. Que sait-on en effet des liens qui l'unissaient à sa mère. Il ne sait plus quand elle est morte. Est-ce hier, avant hier ? L'a-t-il jamais située en quelque place ? Cette femme qui fut sa mère. Existait-elle déjà avant ? Dans le temporel de son existence. J'ai l'impression que les faits nous sont livrés, sinon pour nous froisser pour réveiller notre entendement. En nous incitant à pénétrer dans cet univers Albert Camus nous interroge peut-être sur l'échelle des valeurs qui sont les nôtres et sur précisément notre capacité de discernement. Car on ne peut pas dire que le juge y excelle en matière d'entendement ! Ni même l'avocat de Meursault qui lui conseille d'emblée le silence, ce avant même la parution. On sent bien qu'il n'y a aucune impartialité dans ce tribunal. Que la culpabilité a déjà été établie et qu'elle s'ajoute, se surajoute au crime finalement. Un crime qui ordonna la parution, mais dont on ne parle pas ou si peu. L'instance présente ici n'est validée que pour le seul prononcé du verdict. D'ailleurs, toute la profondeur du récit réside bien là, en ce lieu qui réuni le coupable, ses juges et le public. C'est toute la société des hommes qui se trouve là confrontée devant la différence de cet homme. Un homme qui s'expatrie de leur communauté. Tout d'abord Meursault écoute le juge et tandis qu'il voudrait s'exprimer, il entend la voix tonitruante qui résonne dans l'assemblée et qui lui dresse un portrait peu alléchant. Les réquisitoires s'enflamment et les mots fusent comme des flèches empoisonnées. Meursault s'échappe. C'est encore une fois ce corps qui parle pour lui-même. Il a chaud et les phrases glissent sur lui, celles des juges, des témoins et même celles de son avocat. Non il n'est plus là ! La chaleur l'accable à nouveau et son esprit s'évade en quelques clairières ombragées. Tandis qu'à hauteur de l'indifférence du coupable la sentence est sévère. le discernement du juge tiendra surtout de la considération du manquement d'un fils envers sa mère. de constater sa légèreté dans des circonstances si peu adaptées. Meursault ne pleure pas car il n'a pas de sentiments dit-il. Il emploiera un drôle de qualificatif pour expliciter ses relations avec Marie qu'il appellera sa maîtresse. Veut-il se rassurer lui-même ou se démarquer de l'étranger quand cyniquement il en rajoute. Et la justice en effet d'ourdir une peine sévère, l'ultime pour Meursault qui s'éveille juste à l'énoncé du verdict. C'est une oeuvre que dis-je un chef d'oeuvre que ce livre, l'étranger d'Albert CAMUS.
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