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Critique de florigny


Dans l'Année du jardinier, édité en 1929, Karel Capek, observe avec humour, tendresse et poésie, au fil des mois et des saisons qui s'égrènent au rythme d'un almanach, l'étrange comportement du jardinier qui apparaît comme un combattant de l'impossible. L'auteur décrit sa lutte éternelle contre la météo, trop sèche ou trop pluvieuse mais jamais idéale, contre les gelées tardives ou les printemps précoces qui saccagent ses espérances, contre les pucerons et même contre son tuyau d'arrosage récalcitrant. Il fait partager aux lecteurs ses joies loupées de peu, comme la floraison du premier bouton de forsythia annonciateur du printemps, qui choisit d'éclore alors que le jardinier a le dos tourné, ou la récolte miraculeuse de ses radis, qu'il est le seul à apprécier chez lui et qu'il doit manger jusqu'au dernier pour ne pas les perdre. Et lorsqu'enfin arrive la période des récoltes, de l'abondance, en été, quel crève-coeur de devoir partir en vacances !


Mais sous la légéreté et la drôlerie accentuées par les dessins naïfs de son frère Josef, sommeille le docteur en philosophie qui sous couvert de jardinage, distille en filigrane quelques sujets de réflexion ou de méditation, qu'il faut débusquer comme des fleurs rares bien cachées sous leur emballage horticole : « Nous ne voyons pas les germes parce qu'ils sont sous la terre ; nous ne connaissons pas l'avenir parce qu'il est en nous. Parfois, il nous semble que nous sentons la pourriture, encombrés que nous sommes de vestiges desséchés du passé ; mais si nous pouvions voir tous les rejets gros et blancs qui se frayent un chemin à travers cette vieille terre de civilisation qui s'appelle « aujourd'hui », toutes les graines qui germent en secret, tous les vieux plants qui se rassemblent et se ramassent pour former un germe vivant, qui un jour éclatera pour créer une fleur vivante, si nous pouvions voir ce fourmillement caché de l'avenir au milieu de nous, il est sûr que nous dirions que notre mélancolie et notre scepticisme sont de grandes sottises et que le meilleur de tout, c'est d'être un homme vivant, je veux dire un homme qui croît ».

Noter l'accent circonflexe primordial sur le î de croît.
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