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Critique de dannso


Bleu comme le ciel quand il fait beau, bleu comme la mer quand on est en vacances, bleu comme les fleurs des champs au printemps, images associées à la légèreté. Mais à l'opposé, bleu aussi comme bleu de froid ou avoir une peur bleue, se comporter comme un bleu, se faire avoir comme un bleu, images plus négatives.
Dans ce roman, bleu c'est la couleur de la peau chez les Carson, et cette particularité héréditaire les tient à l'écart. On est au début du vingtième siècle, dans un petit village du nord de la France, société rurale, où tout le monde se connaît, où chacun se donne le droit de juger l'autre, où il ne fait pas bon être différent.
Il y a Charles, le rejeton des Carson, il est solitaire, sa mère s'est tuée quand il était gamin, elle ne supportait plus d'être différente. Il y a Frida: Qu'est belle comme un soleil (le prénom choisi ne peut être une coïncidence, tellement cette chanson de Brel a traversé mon esprit à plusieurs reprises pendant cette lecture). Frida l'orpheline, adoptée par le couple d'aubergistes du village et qui va indirectement causer leur ruine. Frida et Charles s'aiment, comme des enfants d'abord, puis comme des adultes, ils vont avoir un enfant, mais Charles s'enfuit, abandonnant Frida à la méchanceté du Village. Et notamment aux frères Duriez, les nantis du village ; l'un est fou d'amour pour Frida, l'autre est « méchant comme une teigne ». Elle en mourra.
C'est un roman très riche, parfaitement bien situé à la fois dans l'époque et dans le lieu. L'auteur est impressionnant de maîtrise, maîtrise de cet univers très restreint, maîtrise aussi du climat qui y règne, des sentiments qui vont s'exacerber. L'amour entre Frida et Charles va mettre le feu aux poudres. Maîtrise aussi au niveau de la forme ; l'écriture est très fluide, précise, adaptée à ce qu'il décrit et à qui le décrit : il emploie plusieurs formes de narration passant de la narration classique à des extraits de journal de Frida et à des chapitres en italique relatant le récit de quelques-uns des villageois. Cela permet de mieux cerner les sentiments de chacun, d'approfondir notre vision de ce qui se passe.la tension monte peu à peu et l'on sait que cela ne peut bien se terminer.
L'autre réussite de ce roman ce sont les personnages, en dehors des deux protagonistes principaux, Ils vont être nombreux à intervenir dans ce roman, entre Rose et Guillaume qui vont aimer Frida et presque y perdre leur entente, Soeur Marthe si douce mais aussi si déterminée à faire bouger les choses., et puis la famille Duriez. Je suis impressionnée de voir comment en si peu de pages, l'auteur a pu camper de façon si solide tous ces personnages. Et puis il y a la majorité silencieuse, qui va où le vent les pousse, il est plus facile d'être du même avis que tout le monde. Quelques belles personnes, quelques salauds, et la majorité entre deux, qui n'ose se démarquer.
Un roman qui parle de bêtise humaine, d'étroitesse d'esprit, d'acceptation de la différence, mais aussi d'amour et de reconstruction. Je remercie Laurent Cappe pour cette lecture.
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