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Dans ce Village un peu perdu, en 1901, Laurent Cappe qui est aussi metteur en scène et acteur de théâtre, m'a fait vivre une histoire d'une intensité dramatique phénoménale.
Bleu, c'est la couleur de la peau de cette famille Carson qui vit à l'écart du Village et souffre du mépris, de la peur des autres habitants, peur menant à la haine. Jean et Marie ont un fils, Charles qui est moins bleu qu'eux sauf quand il est contrarié ou sur le coup d'une émotion.
Dès les premières pages, je suis surpris par le mode de narration utilisé par Laurent Cappe. D'emblée, il annonce une fin dramatique qui va me tracasser durant une bonne partie de ma lecture. Cette lecture, justement, devient de plus en plus addictive pour cette histoire faite de coups durs, de moments de bonheur puis de terribles événements.
Dans ce Village, il y a le Manoir, tenu par quelques religieuses qui hébergent des orphelines. La plus sympa des nonnes, Soeur Marthe, s'occupe particulièrement de Frida qui rencontre Charles pour la première fois lors de la veillée funèbre de Marie, sa mère, retrouvée noyée.
Le responsable d'un cirque était même passé chez les Carson pour tenter de les embaucher comme attraction dans son musée des horreurs, ce qui ne manque pas de me rappeler La vie qu'on m'a choisie d'Ellen Marie Wiseman.
Charles et Frida se plaisent, se retrouvent fréquemment, grandissent et leur amitié se transforme en amour. Hélas, dans ce Village, il y a les jumeaux Maurice et Louis Duriez, fils de César, propriétaire d'une brasserie prospère. Aigri, dur avec ses gosses, cet homme n'a pas digéré le départ de sa femme avec un inconnu.
Maurice, follement amoureux de Frida, est très jaloux de Charles qui subit les moqueries, les sarcasmes. Rose et Guillaume Louchez qui tiennent le cabaret du Village, adoptent Frida qui livre, de temps à autre, quelques pages de son journal. Parfois, c'est un témoin des événements qui s'exprime et le texte est alors en italiques.
Ainsi, Laurent Cappe ne construit pas son roman de manière linéaire, changeant aussi de narrateur, ce qui donne un intérêt supplémentaire à ce livre inspiré de l'histoire bien réelle d'une famille du Kentucky atteinte de cette maladie génétique : la maladie de la peau bleue.
Rien n'est épargné à Frida ni à Charles. Leur amour s'affichant au grand jour, les ragots enflent, le cabaret des Louchez se vide de ses clients et les frères Duriez vont de plus en plus loin, jusqu'au plus odieux.
Tout au long de ma lecture, happé par la tension dramatique des événements, j'ai beaucoup apprécié Bleu, leçon ô combien instructive sur ce dont est capable notre espèce dite humaine.
Ah ! Il ne faut pas que j'oublie de préciser pourquoi, en couverture du livre, figure un bâtiment dont l'enseigne est : Au Cornet d'Or. En effet, pour mieux se venger de Frida et de ses parents adoptifs, Louis et Maurice, surtout Louis, ont réussi à convaincre leur père d'investir pour créer une auberge moderne à côté de la brasserie. Ce sera un des lieux importants du roman mais je n'en dis pas plus.

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Si Bleu est le premier roman de Laurent Cappe, il n'en est pas moins un roman réussi, d'une grande intensité dramatique.
L'histoire se déroule fin du 19ème, début du 20ème, dans un petit bourg auquel l'auteur donne le nom de Village. C'est un peu à l'écart que vit la famille Carson qui ne descend au Village qu'à l'occasion des marchés pour acheter le nécessaire, personne ne leur adressant trop la parole sauf quand ils ont besoin de leur acheter des tonneaux, des barriques ou de petits meubles pratiques et solides de leur fabrication. En effet, une malédiction les poursuit de génération en génération: ils sont bleus, ils ont la peau bleue et du coup sont maudits et voués aux moqueries et aux brimades, personne à l'époque ne connaissant cette maladie.
Au Village sur le côté droit de la place est bâti le Manoir, ce pensionnat pour jeunes orphelines du canton tenu par les soeurs de la Charité et où a été accueillie Frida, lors du décès de ses parents.
L'enfant, devenue adolescente est particulièrement belle et ne passe pas inaperçue lors des quelques sorties organisées par les nonnes, notamment par Maurice Duriez, l'un des jumeaux du puissant propriétaire de la brasserie locale et également maire du Village. Et voilà que Rose et Guillaume Louchez qui tiennent le seul cabaret du Village et qui n'ont jamais pu avoir d'enfant décident d'adopter Frida. La jeune fille va alors pour la première fois depuis la disparition de ses parents se sentir entourée de tendresse et d'amour. Mais il y a un autre amour qui s'est épanoui. le fils Carson, Charles, ce jeune homme à la peau bleue et Frida sont éperdument amoureux.
Le moins que l'on puisse en dire est que cette liaison va bouleverser totalement la vie du Village !
Si je n'ai pas été complètement emportée par les premières pages, mon intérêt pour cette histoire est allée crescendo jusqu'à un enchantement total.
J'ai trouvé que Laurent Cappe avait fait une approche psychologique des personnages très pointue, que le langage utilisé dans les dialogues entre Maurice et Louis était particulièrement adapté à la personnalité de chacun des frères Duriez.
C'est un roman très dur par les sujets abordés, avec en point d'orgue un amour passionnel. L'exclusion de la société pour la seule raison d'être différent des autres, en est le principal. Se pose la question de savoir pourquoi l'homme, même s'il n'a pas toutes les explications en main, comme ici cette couleur bleue due à un problème sanguin non encore élucidé, pourquoi cède-t-il à la peur et est prêt à faire souffrir celui qui est différent ?
La peur de l'inconnu, l'hostilité vis-à-vis de l'étranger, qu'est la xénophobie ou encore le racisme ont les mêmes conséquences. En s'inspirant très librement d'un fait réel, d'une famille du Kentuky atteinte par cette mauvaise oxygénation du sang, l'auteur a trouvé un biais très original pour raconter la mise au ban de la société et la violence pouvant découler de la simple différence. Il a su mettre en évidence avec des mots toujours très justes, l'ambition, la convoitise, comment ceux que l'on nomme les braves gens suivent le mouvement sans se poser de question mais aussi les sentiments de culpabilité ressentis par certains protagonistes.
De même, il nous amène à faire notre propre introspection, à regarder à l'intérieur de nous-même et à nous interroger sur ce qu'aurait pu être notre vie, si, à tel moment, nous n'avions pas choisi cette voie mais plutôt une autre.
Au final, Bleu se révèle comme un roman extraordinairement riche en émotions et Laurent Cappe, par ailleurs fondateur du Rollmops Théâtre de Boulogne, un auteur prometteur dont l'écriture est fine, sensible et d'une grande justesse.
Je le remercie donc pour m'avoir offert des moments de lecture inoubliables avec ce roman bouleversant empli d'humanisme !
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Je remercie Laurent Cappe pour l'envoi, en service presse, de son roman : Bleu.
Cet ouvrage est inspiré très librement d'un fait réel : l'histoire d'une famille du Kentucky atteinte d'un mystérieux problème génétique, et qui vécut en marge du reste de la population jusqu'à ce que le mystère soit enfin résolu…
L'auteur nous emmène à l'aube du vingtième siècle, au Village, où vivent les Carson.
C'est une famille que tous considèrent comme des pestiférés car ils ont une particularité : ils ont la peau bleue, et personne ne connaît l'origine de ce mal qui se transmet de père en fils.
Au Village, se trouve aussi le Manoir, pensionnat pour jeunes orphelines du canton où grandit la jolie Frida, qui s'épanouit sous le regard avide de nombreux prétendants.
Un beau jour, Frida quitte le Manoir et s'installe à l'auberge de Rose et Guillaume.
Or, Charles Carson, l'homme a la peau bleue, et Frida sont follement amoureux, et cet amour va provoquer une déflagration dans la vie tranquille du Village...
Bleu est l'histoire d'une passion rendue impossible par l'ignorance, les ambitions et la convoitise.
Les villageois ont peur, ils ne comprennent pas pourquoi cette famille a la peau bleue et ils les considèrent comme des monstres. Ce qui va d'ailleurs conduire à des événements tragiques.
Le Village n'accepte pas l'histoire entre Frida et Charles car ce dernier a la peau bleue. Pourtant, c'est uniquement quand il s'énerve ou a des émotions fortes, la couleur bleue est moins présente que chez son père.
La lectrice que je suis a bien compris que tout ça, c'était une question de génétique mais pas le Village car il s'agit d'une autre époque, où la médecine était moins évoluée que de nos jours.
Et ces pauvres gens ont commis de nombreuses maladresses par ignorance. C'est triste car on ne peut même pas dire pour la grande majorité des personnes que c'était réellement voulu ou de la méchanceté. C'est la peur qui les a poussé à faire n'importe quoi. Cela a été loin mais je ne vous dirais pas jusqu'où pour ne pas spoiler.
Bleu est un roman très touchant avec des personnages attachants à commencer par Frida et Charles. D'autres sont détestables et je dois avouer que j'ai pris plaisir à ne pas les aimer, ceux là !
L'écriture est fluide.
L'histoire de cette famille maudite et de la réaction disproportionnée d'un village face à une maladie qu'ils ne connaissent pas et qui les inquiètent est bien ficelée.
J'ai aimé le dénouement et j'ose espérer que cette famille saura à un moment trouver réellement la paix qu'ils méritent.
Bleu est un roman que je vous recommande, j'ai le plaisir de le noter 4 étoiles et demie et je suis contente de l'avoir lu.
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Bleu comme le ciel quand il fait beau, bleu comme la mer quand on est en vacances, bleu comme les fleurs des champs au printemps, images associées à la légèreté. Mais à l'opposé, bleu aussi comme bleu de froid ou avoir une peur bleue, se comporter comme un bleu, se faire avoir comme un bleu, images plus négatives.
Dans ce roman, bleu c'est la couleur de la peau chez les Carson, et cette particularité héréditaire les tient à l'écart. On est au début du vingtième siècle, dans un petit village du nord de la France, société rurale, où tout le monde se connaît, où chacun se donne le droit de juger l'autre, où il ne fait pas bon être différent.
Il y a Charles, le rejeton des Carson, il est solitaire, sa mère s'est tuée quand il était gamin, elle ne supportait plus d'être différente. Il y a Frida: Qu'est belle comme un soleil (le prénom choisi ne peut être une coïncidence, tellement cette chanson de Brel a traversé mon esprit à plusieurs reprises pendant cette lecture). Frida l'orpheline, adoptée par le couple d'aubergistes du village et qui va indirectement causer leur ruine. Frida et Charles s'aiment, comme des enfants d'abord, puis comme des adultes, ils vont avoir un enfant, mais Charles s'enfuit, abandonnant Frida à la méchanceté du Village. Et notamment aux frères Duriez, les nantis du village ; l'un est fou d'amour pour Frida, l'autre est « méchant comme une teigne ». Elle en mourra.
C'est un roman très riche, parfaitement bien situé à la fois dans l'époque et dans le lieu. L'auteur est impressionnant de maîtrise, maîtrise de cet univers très restreint, maîtrise aussi du climat qui y règne, des sentiments qui vont s'exacerber. L'amour entre Frida et Charles va mettre le feu aux poudres. Maîtrise aussi au niveau de la forme ; l'écriture est très fluide, précise, adaptée à ce qu'il décrit et à qui le décrit : il emploie plusieurs formes de narration passant de la narration classique à des extraits de journal de Frida et à des chapitres en italique relatant le récit de quelques-uns des villageois. Cela permet de mieux cerner les sentiments de chacun, d'approfondir notre vision de ce qui se passe.la tension monte peu à peu et l'on sait que cela ne peut bien se terminer.
L'autre réussite de ce roman ce sont les personnages, en dehors des deux protagonistes principaux, Ils vont être nombreux à intervenir dans ce roman, entre Rose et Guillaume qui vont aimer Frida et presque y perdre leur entente, Soeur Marthe si douce mais aussi si déterminée à faire bouger les choses., et puis la famille Duriez. Je suis impressionnée de voir comment en si peu de pages, l'auteur a pu camper de façon si solide tous ces personnages. Et puis il y a la majorité silencieuse, qui va où le vent les pousse, il est plus facile d'être du même avis que tout le monde. Quelques belles personnes, quelques salauds, et la majorité entre deux, qui n'ose se démarquer.
Un roman qui parle de bêtise humaine, d'étroitesse d'esprit, d'acceptation de la différence, mais aussi d'amour et de reconstruction. Je remercie Laurent Cappe pour cette lecture.
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Entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, dans le Village, vit, une peu à l'écart, la famille Carson qui ne vient au Village que pour les marchés. Personne n'ose vraiment leur adresser la parole hormis lorsqu'ils ont besoin de leur acheter quelque chose, les membres de cette famille sont touchés par une malédiction : ils sont bleus, voués à supporter moqueries et autres brimades, atteints par une maladie alors inconnue.
Frida, jeune orpheline, recueillie par le Manoir du Village, et le fils Carson (qui donc a la peau bleue) se fréquentent, grandissement ensemble et leur amitié se transforme en amour.
Le moins que l'on puisse en dire est que cette liaison va bouleverser la vie du Village !

Très librement inspiré d'une famille du Kentuky atteinte par cette mauvaise oxygénation du sang, et qui donne cette teinte bleutée à la peau, l'auteur a trouvé une manière originale de relater la mise à l'écart de la société et la violence que certains subissent pour une simple différence. C'est avec des mots justes qu'il décrit la peur de l'inconnu, comment une majorité suit le mouvement sans se poser de question, sans oublier la culpabilité de certains protagonistes face à leur propre comportement.

Laurent Cappe ne construit pas son roman de manière linéaire, changeant aussi de narrateur, entre les points de vue des différents protagonistes (dont Frida qui livre quelques pages de son journal) et la voix centrale de l'auteur.

Bleu est un roman très touchant avec des personnages attachants à commencer par Frida et Charles, d'autres sont parfaitement détestables, d'autres enfin, la majorité, coupables et innocents qui n'osent se démarquer.

Au final, Bleu est un roman plein d'humanisme et riche en émotions dont le peu de faiblesse est amplement compensé par la prose de l'auteur et son amours manifeste pours les mots.
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Nous sommes en 1900 et des broutilles. le XXème siècle débute à peine. Quelque part dans le Nord de la France*, au coeur d'un petit bourg isolé, sobrement nommé le Village **. Une vraie vie d'antan y bourdonne ; active et campagnarde ; opulente pour certains, suffisante pour d'autres ; d'une ruralité qui n'avait pas encore déserté les labours, les vignes ou les chemins creux. Une mairie, une église, une brasserie, des boutiques pour tout ce dont on a besoin, la grande ville à côté pour le superflu, le pensionnat des soeurs pour de jeunes orphelines, une taverne, un grand marché pour tous les lieudits à la ronde ... Des familles comme partout ailleurs, implantées sur le même sol depuis des générations. Des aïeux en attente de trépas, des enfants à l'éternelle bougeotte, des cris et des rires, des haines et des jalousies, des grandes gueules qui se montrent et des amours qui se cachent …

« le Village » : un coin de terre comme un autre. Des gens bien, des saligauds, des entre les deux … et puis les autres, ceux que l'on rejette sans trop savoir pourquoi, ni idiots du village à moquer ni démons à exorciser. Les Carson par exemple, à l'autre bout du village, que personne ne fréquente. Des pestiférés repoussants. Rien que des sales « Bleus ». Des pas-comme-nous. La consanguinité vous pensez. de père en fils, victimes d'une maladie épidermique, bleu est leur épiderme, la méthémoglobinémie (ai-je appris par ailleurs). Des porte-poisse. A fuir. A bannir. A haïr comme si c'était normal, ancestral et obligatoire. le mauvais oeil, le diable presque, la maladie à les toucher, leur sorcellerie à endiguer.

Tout irait bien, pour les Carson dans le pire des mondes, dans le meilleur pour ceux du Village, si quelques fois, l'amour ne se mêlait pas de tout chambouler, de l'ordre des choses à l'inamovibilité apparente de destins tout tracés. le Village, bientôt cul par-dessus tête. L'Amour contrarié de deux êtres va tout emporter sur son passage, eux-mêmes, les êtres qui les aiment ou les haïssent. Lui, Charles Carson, est « bleu » ; Frida, l'orpheline, de carnation normale ; des amis d'enfance unis par la marginalité ; tout naturellement bientôt des amants à marier, d'autant qu'une naissance s'annonce … si ce n'est que le monde de Charles et Frida ne supporte pas le bleu et le leur fera savoir. Les amants maudits seront à l'origine de bien des changements.

La suite appartient au roman … Acceptation des différences ? Désastre tragique ? Rédemption des âmes ? Lent travail de sape des culpabilités, de celles qui rongent au détour d'une longue maturation. Happy end final ou son inverse ?

Charles et Arthur, Jean et Marie (les « bleus »); Frida (la passerelle entre deux mondes, le coin de bois poussé entre normalité et monstruosité ) ; Guillaume et Rose (les tenanciers de l'auberge en manque de parentalité); César (maire et brasseur, assoiffé de pouvoir et d'argent tel un Papet Soubeyran à la Pagnol) ; Maurice (un Ugolin comme issu de Manon des Sources) et son frère Louis (l'ordure de service) … tous coupables et responsables, tous innocents, ni blancs ni noirs, rien que gris sur le fil tendu des bonnes et mauvaises intentions.

« Bleu», à l'image de son titre et des peaux qu'il couvre, est tout en nuances de bleu ; il hésite entre la sérénité azur du ciel des jours heureux et les tons sombres et profonds des pluies diluviennes des ultimes chapitres.

Le roman se pose à la croisée de plusieurs genres littéraires. Tour à tour : cherchant les bons sentiments et se nuançant de rose ; raclant le noir des hommes et de leurs actes (polar) ; s'implantant dans le roman de terroir ; se faisant frissons de thriller (mises en abime systématiques en bas de chaque chapitre) et de ce fait page turner, dénichant dans sa conclusion finale une bien sensible touche de Fantastique … et à la croisée de tous ces « mauvais genres » : de la littérature générale .

C'est aussi un premier roman : de ses faiblesses (une ou deux pirouettes scénaristiques bien rapides) je ne retiendrai que les forces de fond (l'humanisme) et de forme (une belle prose avec le goût des mots au coeur des phrases ; une lecture fluide et rapide ; la polyphonie des chapitres entre les « je narratif » des différents protagonistes et la voix centrale de l'auteur).

Pour conclure, dans ce qui, au départ, n'était pas trop ma tasse de thé (je suis plutôt SFFF, polar et BD), j'ai trouvé mon taf. Des bons sentiments dans un monde de brutes. On en a tant besoin ces temps. Merci Laurent Cappe pour ce moment hors du temps, ce goût des choses simples, ce sens à donner à nos vies et à celles des autres.

* Pas de localisation précise. Des indices tout au plus. Un flou délibéré. le Pas-de-Calais probablement, au regard (page 4) des sources de la photo de couverture : « le Cornet d'Or, village de le Wast, 62, en 1902 »

** Sans précision « Juste la volonté de laisser la possibilité au lecteur de s'imaginer n'importe quel village, en fait, de donner un peu "d'universalité" (en toute modestie) au lieu. » dixit l'auteur.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Un premier roman, autoédité de surcroit, qui fait un score de presque 5/5 avec plus de 25 critiques, j'avoue mon scepticisme a priori.
Mais après avoir lu Bleu, je ne peux qu'abonder dans l'éloge consensuel qui s'impose.
Vous pouvez lire la vingtaine d'autres avis élogieux mais le mieux serait de vous procurer ce livre et ensuite d'ajouter le votre.

Lien : https://christophegele.com/2..
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Bleu est un roman, un conte, une histoire qui met un point d'honneur à être juste et vrai en tout point et à chaque instant. Dans un siècle naissant, débarrassé d'historicisme encombrant et néanmoins chargé de références explicites ; se joue un drame sociétal, familial et médical. Un petit village non pas sans histoire, parce qu'il en a une. Une tragédie qui ressemble à tant d'autres et pourtant demeure unique : celle de l'altérité. Une famille est bleue de peau. La singularité demeure locale, inconnue, discrète, mais attise les rancoeurs intestines, la haine et les machinations. Surtout lorsque l'un d'entre eux épouse une jeune femme qui faisait également vibrer le coeur du fils du maire et entrepreneur du petit bourg.

La mécanique est implacable. le syndrome du "Page-turner" est addictif. La langue ciselée ne s'encombre pas, elle va à l'essentiel. Chaque parole est incarnée par une oralité et une théâtralité assumée et intelligemment impliquée dans la structure du récit. le lecteur navigue entre Balzac, Zola, Shakespeare et le puits sans fond des contes de tradition orale. le livre nous pend par la main, ans jamais nous lâcher, ni nous décevoir. le propos est empli d'une profonde humanité qui éveille de nombreuses réflexions sur notre société actuelle. La vie en communauté, la différence, l'amour contre-dit, l'esprit d'entreprise, la quête effrénée de modernité et celle de guérir de tout.

Je suivrais de près cette nouvelle maison d'édition qui s'engage dans une voie à fort caractère. Cela fait tant de bien, face à la masse de textes lisses et sans autres contenus que ceux dictés par la mode. J'ai hâte de lire le deuxième roman de l'auteur, espérant y trouver davantage de descriptions et une narration libérée d'une théâtralité très présente, qui saura de toute évidence trouver sa place. le chemin de l'écriture est passionnant. Lire un premier roman de ce niveau renouvelle la passion. Bravo l'artiste et merci.
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1901, dans un village français, la mort de Jean est reçue avec soulagement. Son fils, lui, est accueilli par un silence glacial. Les Carson ont la peau bleue de père en fils et ils ont toujours été la cible de moqueries et de rejet. Bleu raconte l'histoire de cette famille.


En étant petit, Charles a noué une amitié forte avec Frida, une orpheline. Lorsqu'elle accompagnait Soeur Marthe, dans ses visites de charité, elle jouait avec le petit garçon. Elle ne voyait que son coeur, pas sa peau. Rose et Guillaume, qui tenaient le café dans lequel tous les habitants se retrouvaient, se sont, eux aussi, attachés à elle et l'ont l'adoptée. « Les pires tragédies naissent souvent d'une bonne intention. » En grandissant les sentiments d'amitié entre, Charles et Frida, se sont transformés en un amour véritable. Cela n'a pas plu à Maurice Duriez, également épris de la belle. Il est le fils de César, maire du village et propriétaire de la brasserie, une entreprise prospère. Son frère et lui ont alors attisé les ragots et les méchancetés au sujet du couple. Les habitants du village ont déserté le commerce de Rose et Guillaume. Ils refusaient d'être servis par Frida, au nom de sa relation avec un homme bleu. L'intolérance a gagné.


Malgré le climat de haine qui les entourait, les amoureux ont décidé de se marier. Cette journée qui devait être une des plus belles de leur vie a été celle des prémices du drame, qui est annoncé dans le premier chapitre. Après avoir indiqué certains éléments de la conclusion de cet amour, Laurent Cappe déroule la chronologie des évènements et montre l'enchaînement qui a conduit au malheur. Plusieurs fois, la tragédie aurait pu être évitée si le choix avait été autre. Les signes étaient là et un personnage manoeuvrait dans l'ombre. Cependant, sans le racisme, la peur de la différence et l'intolérance des villageois, il n'aurait pas réussi. de plus, certaines personnes auraient pu contrer ses machinations. L'un n'a pas eu la force de caractère, l'une était conditionnée et pensait que les hommes avaient tous les droits sur les femmes (les faits se déroulent au début du XXe siècle). L'un n'a pas saisi la puissance donnée par l'amour, un autre a agi égoïstement. Même le hasard s'en est mêlé et a eu un rôle funeste.


[…]


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J'ai lu « Bleu » de Laurent Cappe

… Atteint d'une maladie génétique rare, victime avec sa famille des railleries et du rejet de ses voisins, Jean Carson, le maudit, s'éteint doucement laissant derrière lui les stigmates de plusieurs vies brisées…

Dans son roman qu'il situe au début du vingtième siècle, l'auteur met en scène un drame villageois et familial. Il alterne la narration entre plusieurs personnages permettant ainsi au lecteur de s'immerger dans l'intrigue selon les points de vue de chacun d'entre eux.

La couleur de la peau des Carson est aussi bleue que l'azur, et ils sont perçus comme une aberration de la nature. Leur différence attise les rumeurs et lorsque le fils, Charles, séduit la belle Frida, le poison obsédant de la jalousie s'insinue chez les jeunes hommes du village…

Au fil des pages, Laurent Cappe restitue habilement le climat dramatique et passionnel qui se joue entre les différents protagonistes en dévoilant leurs pensées, leurs motivations et leurs peurs. Fatalité qui pèse ou destin inéluctable ? Tiraillés entre leur part d'ombre ou leur part lumineuse, tous prendront conscience du rôle qu'ils doivent jouer dans leur propre vie jusqu'à ce que leur nature véritable se dévoile.

L'auteur traite de l'intolérance et de la différence au travers de l'histoire impossible de Frida et Charles, les amants maudits. Son écriture fluide et visuelle et la précision du récit rendent ce roman réaliste et vivant.

Je remercie Laurent Cappe et Simplement Pro pour la lecture de ce livre.

Lien : https://irisyne.wordpress.com
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