Citations sur À l'ami Carême : Soixante-deux poèmes (11)
LE CHAT ET LE SOLEIL
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
A LA CAMPAGNE
Tout pique ici: les graminées,
Les taons, les guêpes, les fourmis.
Vrai, on n'en a jamais fini
De maugréer, de se gratter.
Le matin, ce sont les abeilles
Et l'après-midi, les moustiques
Lorsque ce n'est pas le soleil
Qui vous recuit comme une brique.
Ajoutez à cela l'ortie,
Le chardon et le gratteron,
Et soyez sûr que j'en oublie.
Je ne compte pas les buissons
Dont les épines vous étrillent,
Ni les fétus ni les cirons.
Comme dit la tante Amélie:
"A la campagne, il fait si bon !"
LA MER EST PARTOUT
J'ouvre la fenêtre.
Devant moi, la mer.
Un vol de mouettes !
Sous elles, la mer.
Des gens se rassemblent.
Derrières eux, la mer.
Je sors de ma chambre.
Près de moi, la mer.
Un bateau navigue.
A sa proue, la mer.
Je rejoins la digue.
La mer est au bout.
Je descends la dune.
La mer est partout.
Mais comme la dune,
Il est cependant
Ici des passants
Qui ne la voient plus.
Ouf trouvé! merci internet, adieu nuit blanche
Te remercierai-je...(1935)
Te remercierai-je jamais assez
De m'avoir mis au monde
Et de m'avoir donné
Tant d'arbres à aimer,
Tant d'oiseaux à cueillir
Tant d'étoiles à effeuiller,
Tant de mots à faire chanter,
Tant de coeurs à comprendre,
Tant de jeunes filles à entendre,
Tant de mains d'hommes à serrer
Et une âme de petit enfant
Qui me demande à l'existence
Qu'un peu de brise pour son cerf-volant.
IL FAIT DOUX
Il fait intime et doux.
Personne sur la plage.
Le ciel semble à genoux
Au bord du paysage.
La mer est là, immense.
Mais ici, près de nous,
On la prendrait vraiment
Pour une enfant qui joue;
Des goélands repassent
Lents, si lents qu'ils ressemblent
A de blancs cerfs-volants.
La dune ouvre son livre
Tout doré que les heures
Se plaisent à relire.
La nuit tarde à venir.
D'où venons-nous ?
- D'où venons-nous ?
-du fond des temps.
- Que sommes-nous?
- de pauvres gens.
Où allons nous ?
- Où va le vent.
Je vois des anges
Je regarde par la fenêtre,
Je vois des anges
Je suis la rue plantée de hêtres,
Je vois des anges
Je croise le facteur,
Je vois des anges.
J'entre chez le couvreur,
Je vois des anges.
Je reviens par la rue du Pain
Je vois des anges
je passe alors par le jardin;
Je vois des anges.
Je cueille une touffe de thym,
Je vois des anges.
Ensuite, je rentre chez moi,
Je vois des anges
Je m'assieds, je me mords les doigts,
Je vois des anges
D'aucuns disent : ce sont des fables
Et bien étranges.
mais, si leurs mains sont souvent blanches,
Moi, dans leurs yeux, je vois le diable.
Sous les tilleuls....
Sous les tilleuls,
La lune embaume.
Joie d'être seul
Dans la nuit jaune.
Joie de surprendre
Sur la bruyère
La fuite tendre
De la lumière.
Joie d'évoquer
Un pas léger
Qui ne peut vivre,
Transfiguré,
Que dans mes livres.
(Trois)
Homonymes
Il y a le vert du cerfeuil
Et il y a le ver de terre
Il y a l'endroit et l'envers
L'amoureux qui écrit en vers,
Le verre d'eau plein de lumière,
La fine pantoufle de vair,
Et il y a moi, tête en l'air,
Qui dit toujours tout de travers.
(Quatre)
Le ver luisant
Doux ver luisant,
Rosée du soir
Au vent dormant,
Pour quel enfant
Fais-tu pleuvoir
Ces pleurs de lune,
Ces fins miroirs
Que tu allumes
Dans le bois noir ?
(Quatre)