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Critique de Presence


Ce tome est le premier (et le seul) d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2005, écrits par Mike Carey, dessinés par Mike Perkins, encrés par Drew Hennessy, et mis en couleurs par le studio Guru-eFX. Les personnages sont la propriété de l'éditeur Marvel, mais il n'y a pas d'interaction avec le reste de l'univers partagé Marvel dans cette histoire.

De nuit dans l'établissement scolaire John Hathorne High School, David Knox et Foley se sont introduits clandestinement dans la bibliothèque de l'établissement et ils s'apprêtent à réaliser un sort de conjuration. La séance tourne mal, et Knox se retrouve transformé en petits lézards, sous les yeux horrifiés de Foley. La même nuit, la famille Vesco (la fille Kimberly, le père Martin et la mère Patricia) termine leur trajet depuis Chicago pour rejoindre Salem dans le Massachussetts. le lendemain dans le gymnase du lycée, Renata (Ren Lowell), Paul et Mason évoquent ce qui s'est passé pendant la nuit avec Foley et Knox. Pendant ce temps-là, la famille Vesco prend possession de sa maison. Les parents découvrent l'étendue des travaux à effectuer. Kim (Kimberley) découvre la pièce dans laquelle elle va pouvoir installer son atelier de sculpture.

Dans son futur atelier, Kimberley est interpellée par Chad Barrow, un lycéen et voisin qui vient faire sa connaissance. le lendemain, Kim Vesco (15 ans) se rend au lycée John Hathorne pour sa première journée. Elle est bien sur observée par d'autres adolescents, comme Mink et Liza Beth. Elle est approchée par Foley et tombe en s'agenouillant sur le sol. Mink se rend compte qu'elle est assaillie par un élémentaire de l'air. Liza Beth va la secourir et fait disparaître la créature élémentaire. le proviseur survient sur ces entrefaites et attribue une heure de colle à Liza Beth pour le remue-ménage. Kim Vesco arrive en retard pour sa première heure de cours et se fait reprendre par le professeur. le midi, elle se fait interpeller par un groupe de filles. Elle finit par être invitée par l'une d'elle Kris, à son anniversaire le week-end suivant. de retour chez elle, elle se met à la sculpture mais fait un malaise au cours duquel elle a l'impression de parler au spectre de Sally Shearman, une lycéenne décédée peu de temps auparavant.

Voilà une minisérie qui a de quoi attiser la curiosité du lecteur. Elle a été écrite par Mike Carey, un excellent scénariste ayant réalisé, entre autres, 2 séries extraordinaires pour Vertigo : Lucifer et The Unwritten. Elle est dessinée par Mike Perkins qui a collaboré à d'autres occasions avec Mike Carey, par exemple pour Rowan's Ruin. Il s'agit d'une histoire complète sur de nouveaux personnages ne nécessitant pas de connaissance préalable sur l'univers partagé Marvel. Bien sûr, le principe d'un lycée dans lequel évoluent des jeunes gens capables de manipuler la magie évoque le succès d'un petit sorcier à lunettes, mais un rapide coup d'oeil permet de constater que ce point de départ n'est similaire qu'en apparence. Les dessins de Mike Perkins montrent une époque contemporaine, des jeunes gens habillés normalement, relativement peu de bébêtes fantastiques, et des manifestations de la magie essentiellement liées à l'existence de fantômes, et à l'utilisation d'une forme d'énergie magique conjurée par la représentation de sigils lumineux dans les airs.

Mike Carey hérite de la responsabilité peu enviable de développer un nouveau personnage utilisant la magie au sein de l'univers partagé Marvel, à partir de zéro. Pour des raisons de segment de marché, il est vraisemblable que ses responsables éditoriaux lui aient donné quelques indications, à commencer par la tranche d'âge du personnage principal. le lecteur découvre donc cet étrange lycée, par les yeux de Kim Vesco. Il a vite compris que le terme de wick employé par certains élèves désigne ceux qui disposent de la capacité de manipuler la magie, ou qui disposent d'un don surnaturel particulier. Il faut dire que la couverture ne laisse pas beaucoup de place au doute quant à la nature du récit. le scénariste l'a agencé de manière à ce que le lecteur puisse aussi apprécier quelques scènes de magie, avant que Kim Vesco ne découvre le pot aux roses. Il peut donc voir ces manifestations magiques, tout en se demandant quelles sont les règles du jeu et comment ça fonctionne, ce que découvre le personnage principal par bribe.

Le scénariste a inscrit son récit dans un lycée où arrive une nouvelle, ce qui est presqu'un genre en soi avec ses conventions à respecter, comme la défiance vis-à-vis de la nouvelle, mais aussi les différents clans qui la jaugent pour savoir s'il convient de la récupérer, avant qu'un autre groupe ne mette le grappin sur elle. Mais bon, comme il n'y a que 6 épisodes et beaucoup d'éléments narratifs à installer, ces conventions de genre n'occupent pas beaucoup de place. Mike Perkins fait un effort réel pour montrer cet aspect du récit. le lecteur peut observer des adolescents avec des tenues vestimentaires un peu hétéroclites, aussi bien débraillées que plus formelles ou sportives, en fonction des individus et des circonstances. le dessinateur fait également le nécessaire pour représenter le lycée, avec les sempiternels couloirs et leurs casiers personnels, ou même des salles de classe. Les 2 auteurs ont poussé la conscience professionnelle jusqu'à montrer les adolescents en cours, ce qui est assez remarquable. le lecteur peut donc voir l'architecture extérieure générale du lycée, les parties communes, le gymnase et quelques salles de classe, dont celle pour les travaux pratiques de physiques. Ces différents endroits apparaissent assez crédibles, même s'ils restent très stéréotypés.

Mais dans la deuxième moitié du récit, Mike Carey doit passer au coeur du sujet, une fois que Kim Vesco a compris pourquoi plusieurs adolescents disposent de pouvoirs magiques, tous différents. En fait, elle est suivie par un individu dont l'identité n'est pas révélée tout de suite, et elle doit également réussir à déterminer si elle dispose de pouvoirs magiques ou non. le scénariste doit donc expliquer d'où sortent ces sorciers en herbe, pour quelle raison ils disposent de pouvoir, mais aussi mener à bien cette histoire de gugusse malveillant qui en a après Kim Vesco, et constituer l'équipe d'ensorceleurs (Spellbinders) qui est annoncée par le titre de la série. Tout ceci constitue une forte charge narrative et il n'y a pas de temps à perdre. En particulier pour pouvoir mener à bien tous ces fils narratifs, il ne peut pas trop s'attarder sur les personnages. le lecteur finit par identifier les 7 apparaissant sur la couverture et formant l'équipe des ensorceleurs : Kim Vesco, Paul, Foley, Mason, Renata Lowell, Mink, Liza Beth (LB). Il constate également qu'ils ne disposent pas de beaucoup de personnalité, tout juste d'une vague histoire personnelle pour 2 d'entre eux. Heureusement, le dessinateur fait le nécessaire pour leur donner une apparence assez différente à chacun, afin que le lecteur ne les confonde pas.

En ce qui concerne l'origine des pouvoirs magiques, Mike Carey s'en tire par une explication laconique, sans beaucoup s'attarder dessus. Mike Perkins se montre plus inspiré pour donner à voir ces pouvoirs. Il utilise l'infographie pour incruster des formules magiques dans des cercles concentriques autour des mains des personnages lançant le sort, pour un effet spécial très convaincant. L'apparition de l'élémentaire de l'air est en surimpression des personnages normaux et en transparence, pour un effet diaphane pas du tout convaincant. Perkins s'en tire mieux avec les spectres que peut voir Kim Vesco, légèrement transparents, avec une couleur grise attestant de leur état entre 2 mondes, celui des vivants et celui des morts. Durant sa brève apparition, le loup garou est dessiné de manière plutôt conventionnelle. Il en va de même pour la créature chargée d'interdire l'accès au Pilier. Finalement les représentations des créatures surnaturelles sont compétentes, mais manquent de conviction, ou d'une interprétation personnelle. L'encrage de Drew Hannesy est minutieux, mais il donne l'impression de perdre en nuances en ce qui concerne les visages des personnages.

Souhaitant amalgamer l'engouement des adolescents pour les magiciens et pour les récits de lycée, les responsables éditoriaux ont commandé une série sur mesure à Mike Carey, scénariste inspiré. Il s'acquitte de sa tâche avec une certaine ambition, mais sans réussir à faire décoller son récit, alourdi par trop de besoins narratifs. du coup les personnages ne se distinguent entre eux que grâce à la qualité des dessins, mais ni par leur caractère, ni par leur histoire personnelle. L'intrigue s'avère finalement assez convenue, avec un ennemi qui souhaite accaparer la magie pour une banale histoire de vengeance. Mike Perkins a conçu un dispositif visuel un peu original pour les moments où les ensorceleurs jettent leur sort, mais pour le reste la manifestation de la magie reste très conventionnelle. le lecteur découvre la résolution de l'intrigue sans grand enthousiasme et il ne regrette pas que les personnages n'aient pas réapparu par la suite dans l'univers partagé Marvel.
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