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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Suicide Risk Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 5 à 9, initialement parus en 2013/2014, écrits par Mike Carey. L'épisode 5 est dessiné et encré par Joëlle Jones, avec une mise en couleurs d'Emilio Lopez. Les épisodes 6 à 9 sont dessinés et encrés par Elena Casagrande, avec une mise en couleurs réalisées par Andrew Elder. Les couvertures ont été réalisées par Tommy Lee Edwards pour les épisodes 5 à 8, et par Stéphanie Hans pour les épisodes 5 (couverture variante) et 9.

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- Épisode 5 - Ada Robins vit dans la petite ville de Macassar dans le sud de la Californie. Elle travaille dans une supérette, pour un salaire assez faible, avec un patron qui lui a déjà fait quelques avances sexuelles. Son mari est au chômage, et assez critique envers sa qualité d'épouse. Sa fille et son fils ne sont pas bons à grand-chose. La première tombe enceinte, le second a tenté de truander un truand en piquant dans le paquet qu'il devait livrer. Enfin, Ada Robins loge également chez elle sa belle-mère qui a besoin de médicaments et qui est un peu impotente. Quand Hailey Beckman & Jed McManus lui proposent d'acquérir des superpouvoirs moyennant 5.000 dollars, il ne lui manque que les sous.

Mike Carey réalise un petit intermède au milieu de son intrigue principale. Il utilise le principe qu'il a installé dans le premier tome : il existe une organisation qui peut offrir à certains individus d'acquérir des superpouvoirs. Elle est représentée par Hailey Beckman & Jed McManus, un duo de représentants pas très fins. le scénariste décrit la situation d'Ada Robins, avec un certain entrain, se montrant cruel vis-à-vis de son personnage, sans ne devenir sordide. le lecteur compatit pleinement à sa situation, d'autant plus qu'il apprécie sa motivation qui est faire vivre sa famille, à la fois sur le plan matériel, mais aussi sur le plan affectif.

Le temps de cet intermède, Elena Casagrande a cédé la place à Joëlle Jones, également dessinatrice de Lady Killer avec un scénario de Jamie Rich. Elle réalisé des dessins descriptifs avec un bon niveau de détails, mais en s'affranchissant de dessiner les décors un peu trop régulièrement. Par contre, elle a l'art et la manière de transcrire le quotidien, par le biais des objets banals et des tenues de tous les jours. Elle accentue discrètement quelques courbes pour donner plus de fluidité à ses dessins. Elle accentue également quelques expressions de visages avec un talent certain pour faire s'afficher l'état d'esprit des personnages, introduisant une petite touche comique qui se marie bien avec le ton décontracté de la narration.

Loin de regretter d'avoir affaire à un épisode bouche-trou, le lecteur se régale de ce conte immoral et revanchard. 5 étoiles.

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- Épisodes 6 à 9 - L'histoire reprend au même moment où s'était arrêté le tome précédent. Leo Winters se trouve enseveli sous de tonnes de roche qu'il maintient difficilement à quelques dizaines de centimètres de lui, grâce à ses superpouvoirs. À ses côtés se trouvent John Ha, son partenaire dans la police, grièvement blessé, et Mitesh, le père de sa femme Sunita. Ils sont tirés d'affaire par un groupe d'individus dotés de superpouvoirs : Prometheus (le titan), Plane Jane, Just A feeling (JAF, Christina Sewell), Sockpuppet, Transit. Ce groupe se fait appeler Nightmare Scenario. Prometheus exige un service de la part de Leo Winters pour accepter de sauver John Ha en l'emmenant dans un hôpital par téléportation. Il le fait promettre devant un démon. Ce service va emmener Leo Winters de la République d'Équateur (le pays) jusqu'au Yucatan, au Mexique.

À San Diego, les choses ne sont pas simples pour la famille Winters. Sunita a bien compris que son mari n'était pas allé uniquement rendre visite à son frère Marty à Los Angeles. Mais en plus, l'inspectrice Rothwel et son collègue viennent lui annoncer que son père a été enlevé par la supercriminelle Diva. Essayant de garder son calme et sa confiance en son mari, elle essaye aussi de s'occuper de ses enfants. Néanmoins c'est son fils Daniel qui se rend compte que sa fille Tracey est capable de provoquer des phénomènes qu'elle ne maîtrise pas.

Le premier tome proposait de découvrir un environnement dans lequel des gugusses proposent des superpouvoirs moyennant finances. L'équilibre des pouvoirs s'établissait clairement en faveur des supercriminels, beaucoup plus nombreux que les superhéros, et mieux organisés. le lecteur découvrait un policier décidé à faire une différence, à venger son partenaire, et donc à acquérir des superpouvoirs. Mais le dernier épisode introduisait la notion que Leo Winters n'était peut-être pas tout seul dans sa tête, ou qu'il était peut-être la réincarnation d'un dénommé Requiem, changeant ainsi radicalement la dynamique de la série. le lecteur ne sait donc pas trop à quoi s'attendre en entamant ce deuxième tome. L'épisode 5 l'a mis en confiance, constituant une preuve manifeste de la fibre littéraire de Mike Carey. Conformément au principe établi dans le premier tome, la narration est assez dense, l'intrigue progressant rapidement, et de manière significative dans chaque épisode.

Mike Carey n'hésite pas à introduire de nouveaux superpouvoirs mais en quantité maîtrisée, piochant dans la panoplie habituelle, utilisant aussi bien des pouvoirs de feu, que la capacité de conjurer des entités démoniaques. le lecteur voit Leo Winters essayer d'apprendre à utiliser ses pouvoirs, tout en se retrouvant embringué dans des actes criminels de grandes ampleurs, toujours sous le joug d'un odieux chantage sur la vie de ses proches. Il fait passer leur vie avant la sienne, présentant ainsi une caractéristique majeure pour pouvoir le qualifier de héros. le lecteur découvre donc cette nouvelle équipe de supercriminel, l'objectif très concret de leur chef, la manière dont il se sert des capacités de Leo Winters pour l'atteindre, une trahison dans le groupe, la mise en oeuvre de son plan, les conséquences de ses résultats. Il plonge donc dans une aventure dense, rapide, et adulte, avec des personnages disposant au minimum d'un trait de caractère principal, avec des rebondissements inattendus.

Le lecteur a le plaisir de voir que le temps qu'il a investi pour se souvenir des personnages dans le tome 1 n'a pas été inutile. En effet, Mike Carey consacre du temps à la famille de Leo Winters, avec des apparitions de sa femme, de sa fille et de son fils, et même de son beau-père. le lecteur reconnaît également les inspecteurs de police (Rothwell et son collègue) auxquels Leo Winters s'était adressé dans le premier tome, pour en apprendre plus sur les occupations des agresseurs de son partenaire. Ces épisodes font également progresser l'intrigue secondaire (ou de fond) sur l'éventuelle réincarnation de Requiem et sur la mystérieuse Aisa. Mike Carey sait inclure de petits détails qui étoffent les personnages et qui les font exister. Par exemple, en père impliqué, Leo Winters fait réciter ses leçons de physiques à sa fille, ce qui a également une conséquence par la suite. Parmi l'équipe Nightmare Scénario, tous les individus ne partagent pas les mêmes objectifs, ce qui a des répercussions sur le déroulement de l'opération menée par Prometheus, et aussi sur son monde de commandement.

Le lecteur retrouve également les dessins d'Elena Casagrande. Elle dessine de manière descriptive, avec un registre d'expressions de visage manquant un peu de nuances, et une propension marquée à s'en tenir à des têtes en train de parler lors des séquences de dialogues. Dans le premier épisode, elle bénéficie de l'apport du travail d'Andrew Elder qui rappelle les motifs de la végétation de la jungle en arrière-plan. Par contre par la suite, il n'arrive pas à habiller les murs nus en arrière-plan dans les scènes d'intérieur. Néanmoins, cette artiste établit bien chaque environnement en début de chaque scène, avec des caractéristiques à la fois cohérentes avec les lieux évoqués, et avec assez de détails pour qu'ils soient particuliers.

Elena Casagrande se montre beaucoup plus convaincante avec l'apparence des personnages. Elle évite les exagérations morphologiques propres aux récits de superhéros, même si elle conserve le principe de costumes moulants. Les civils se conduisent de manière normale, en particulier les membres de la famille Winters. Hors des scènes de dialogue, l'artiste se révèle une bonne metteure en scène que ce soit pour les affrontements avec les déplacements et les utilisations de superpouvoirs, ou pour les scènes plus calmes, avec une bonne utilisation de l'espace. La narration visuelle n'est pas parfaite, mais sorti des séquences de dialogue un peu trop plates, elle redevient intéressante, portant bien la dramaturgie du récit.

Alors qu'à la fin du premier tome, le lecteur n'est pas très convaincu par un récit un peu trop rapide, avec trop d'éléments, il l'est beaucoup plus à la fin de ce deuxième tome. L'épisode servant d'intermède est exceptionnel. Les 4 épisodes suivants confirment la cohérence de la série qui n'est pas une simple fuite en avant. L'intrigue s'avère originale bien fournie, et retorse, avec des personnages attachants. Les dessins racontent bien l'histoire, même s'ils un peu trop convenus pendant les séquences de dialogue.
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