La voilà, la larme qui coule, finalement, dans le long sillage de sa joue. La voilà, l'émotion tant de fois niée et qui, dans sa revanche, finit de lui arracher ses dernières forces.
Combien de fois avait-il rêvé, adolescent, de ce départ héroïque ? Combien de fois s'était-il imaginé ouvrant la porte et s'en allant fièrement vers l'inconnu, presque applaudi par une foule compacte et sans visage, impressionnée par ce geste de bravoure ? Cet instant, maintes fois fantasmé tard le soir, tandis qu'il s'était réfugié dans sa chambre après une énième empoignade avec son père, était en suspens, juste là, au bout de cette seconde. Tout cela devenait tout à coup moins grandiose.
Le village allait lui procurer cette lumière dont il avait toujours eu besoin, le sens qui lui avait toujours manqué.