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Critique de LaBiblidOnee


A la maison. Trois petits mots qui sonnent si familiers, si rassurants. Si intangibles. Qui ne sait pas où est sa maison ? Très peu de gens, ceux qui oublient. Qui n'en a pas, ou plus ? Un peu plus de monde : les sans abris… ou ceux qui sortent de prison. Comme la narratrice de ce roman, qui évoque la guerre civile espagnole des années 1936-1939 et ses conséquences.


« Ma plus grande fierté est aujourd'hui la cicatrice des tortures avec lesquelles la Phalange [organisation politique fasciste qui soutint le coup d'Etat militaire contre la République espagnole] a récompensé ma loyauté au peuple. Mon certificat d'infirmière et de donneuse de sang me valurent une peine de neuf ans de prison ».


Comment refaire sa vie à sa sortie de prison est déjà un thème inépuisable, avec la réputation qui nous précède, la peur que l'on inspire aux gens mais aussi la crainte d'une réputation contaminée, etc… La solitude à supporter, le réapprentissage de l'espace, des réflexes simples, de la sociabilité sont des étapes éprouvantes, comme refaire ses preuves, recevoir la méfiance et les insultes, la peur des réactions des autres. Alors imaginez lorsqu'on sort de prison pour des raisons politiques et que l'on est relâché… dans le régime contre lequel on a combattu, qui est désormais au pouvoir ! Comment le pays fonctionne-t-il désormais ? Comment la narratrice va-t-elle être accueillie ? La plume, fluide, décrit assez bien l'ambiance et les sentiments agitant la narratrice, que ce soit dans ses souvenirs, dans sa nouvelle vie, ou dans ses rencontres…


Pendant la Guerre d'Espagne, l'auteure, Luisa Carnés, fut journaliste militante. Mais la guerre perdue, elle fut elle-même obligée de s'exiler et partit pour le Mexique où elle écrivit jusqu'à sa mort, en 1964. Sa nouvelle de 40 pages nous fait errer dans cette partie de l'histoire de son pays, en quête d'une réhabilitation mais, plus encore, d'un nouveau départ dans un jeu dont on ne connaît plus les anciennes règles, et pas encore les nouvelles ; En quête d'un nouveau sens à la vie lorsque ce qui nous entoure semble ne plus en avoir aucun. En quête d'une nouvelle maison et d'un nouveau chez soi, quand notre patrie toute entière nous semble une étrangère. Toute entière ? A vous de le découvrir…


« Il ne faut pas trop s'attacher aux lieu où l'on passe. Il faut simplement penser que, où que tu sois, tu es à la maison. »


A la maison est une lecture agréable et intéressante. Comme souvent, le format court me la rend frustrante : on voudrait approfondir le sujet et les personnages ; mais ça la rend aussi très abordable, donnant envie d'en lire plus, que ce soit en approfondissant ce thème en général, ou en lisant d'autres romans de cette auteure. Merci aux masses critiques de babélio pour cette découverte et aux éditions La Reine Blanche, spécialisées dans les textes courts ! Leur devise est « La nécessité d'engendrer chez le lecteur une émotion particulière » : Celle que je ressens est l'envie de lire un livre qui prendrait la suite de cette fin. Comme la maison d'édition, je suis en effet convaincue « que toute oeuvre artistique est l'écho d'une autre ». Si vous en connaissez qui fasse écho au thème, je prends !
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