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4.11/5 (sur 79 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Madrid , le 3/01/1905
Mort(e) à : Mexico , le 12/03/1964
Biographie :

Luisa Carnés était une écrivaine et journaliste espagnole de fiction.
Elle est née dans une famille d'ouvriers dans l'actuel quartier touristique des Lettres à Madrid. A onze ans elle commença à travailler dans un atelier de chapeaux et débuta très jeune aussi dans l'écriture. En 1928, elle publia son premier livre, "Peregrinos de calvario", recueil de nouvelles, suivi du roman "Natacha" dont l'environnement est un atelier textile semblable à ceux qu'elle connaissait bien. De ses expériences dans son nouvel emploi de serveuse dans un salon de thé est sorti "Tea Rooms. Mujeres obreras" (1934, chez Hoja de Lata, 2016) qui fut reçu chaleureusement par la critique de l'époque qui remarqua son caractère innovateur et la force du récit. Pendant la Guerre d'Espagne, Carné se focalisa sur son travail de journaliste militante. La guerre perdue, elle fut obligée de s'exiler et partit pour le Mexique où elle n'arrêta jamais d'écrire jusqu'à sa mort prématurée.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Collées à nos chers pots, qui à cette heure exhalaient leur parfum le plus vif, nous écoutâmes ma mère et moi les explosions dont la résonance était grave en cette aube de juillet. Les voisins semblaient encore dormir, ou avaient déjà couru dans la rue, et les fenêtres de l'immeuble, de chez nous, ressemblaient à de sinistres trous inhabités.
Ce ciel voisin possédait quelque chose qu'il n'avait auparavant jamais montré. Il était proche, comme d'autres fois ; pourtant sa couleur uniforme, en faisant disparaître les étoiles, semblait particulière.
Ma mère et moi nous donnâmes la main et fixâmes notre regard sur ce ciel étrange qui nous faisait parvenir des détonations sourdes, jaillies d'on ne sait où, mais qui avaient une répercussion douloureuse sur nos coeurs. Nos pupilles se dilataient sur cette tapisserie dense tombant sur le toit noir, l'aplatissant, et paraissant résumer à ce moment-là le monde que ces tirs lointains semblaient avoir anéanti, tandis que ne survivaient que deux femmes se donnant la main, deux figures noires dans le trou noir de la fenêtre ouverte.
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Sur un côté du Jardin Botanique, enveloppé d'arômes qui réveillaient ma nostalgie, les amateurs de livres anciens se livraient toujours à leurs recherches. On aurait dit les mêmes qu'il y a des années : des êtres pour lesquels le temps serait resté immobile. Sans doute étaient-ils indifférents à ce qui se passait autour d'eux, encore plus à la femme qui, avec son balluchon au bras, les regardait du trottoir d'en face, indifférents à sa claudication et à sa captivité, indifférents aux cicatrices qui marquaient son dos de femme, à peu de distance de leurs mains avides, avides de livres rares.
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Les préoccupations d'ordre social n'existent pas encore assez pour le prolétariat espagnol féminin. L'ouvrière espagnole, capable de rares incursions vers l'émancipation et vers la culture, continue à prendre un vif plaisir dans la lecture des vers de Campoamor, à cultiver la religion et à rêver de ce qu'elle appelle sa "carrière" : un hypothétique mari. Ses colères, si par hasard elle en éprouve, ne sont que des ardeurs momentanées sans conséquences. Son expérience de la misère ne fait pas naître la réflexion. Si un jour son manque de moyens économiques la contraint à un jeûne forcé, lorsqu'elle peut manger à nouveau elle le fait jusqu'à satiété. Dans la plus parfaite inconscience. La religion la rend fataliste. Nuit et jour. Eté comme hiver. Nord et sud. Riches et pauvres. Toujours deux contraires. Bon ! Parfois - rarement - elle sent que sa vie est trop monotone et trop dure ; mais son esprit contient suffisamment d'aphorismes traditionnels qui sont chargés de la convaincre de son erreur et de l'immuabilité de la société jusqu'à la fin des temps. Ces proverbes lui ont appris qu'elle ne possédait rien d'autres sur Terre que ses larmes, et c'est pourquoi elle les verse sans compter.
Matilde est l'une de ces rares et précieuses insoumises, capables de renier cet héritage commun.
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Comprenez-vous à présent pourquoi je dois continuer, chaque jour, à monter et descendre des escaliers, à frapper aux portes avec ma feuille blanche, avec mon arme simple et formidable ? Je cherche à toucher ton cœur, et le tien aussi. Parce que je cherche à bâtir un rempart de cœurs qui fasse le tour du monde ; un rempart derrière lequel on puisse enrayer les agissements des mains criminelles qui me menacent tous les jours, à chaque heure, qui nous menacent tous. Je dois en finir avec ce monde cauchemardesque peuplé d’êtres monstrueux capables de voler des enfants à leurs parents, et où des mères acceptent avec joie la mort de leurs enfants. Je dois honorer le mandat que j’ai reçu de la mort, que j’ai reçu de tous ceux qui sont morts au nom de la liberté de l’Espagne.
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-Je voudrais travailler
Sur son visage, plus aucune trace de timidité. Ses yeux expriment soudain une dureté rare, celle d'une personne habituée à lutter et à ce qu'on lui refuse tout. (...)
La jeune fille inconnue reste impassible face à "l'ogre".
-J'ai besoin de travailler aujourd'hui même.
Face à l'énorme carrure du chef elle dresse son insignifiance de petite prolétaire innocente, son inconscience suicidaire. (p. 131)
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J’étais heureuse de pouvoir enfin me reposer, d’être libérée de cette traque. Maintenant, on me transférerait de nouveau en prison, et l’idée de me retrouver avec les camarades qui avaient rempli mon cœur me réconfortait, comme la proximité de la mort doit réconforter le malade incurable.

(De retour)
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[cf. Marine Landrot- Télérama du 1 juillet 2021 ]

Roman social, grand reportage, manifeste politique, journal intime ?
Difficile de qualifier avec précision ce texte surgi de l'oubli, qui nous parvient 88 ans après sa rédaction par une espagnole au parcours singulier, longtemps censurée dans son pays pour ses prises de position antifranquistes et aujourd'hui encensée pour sa modernité d'écriture et la multiplicité de ses combats (...) Tea Rooms est un livre en acier trempé, solide, imposant, qui brille du feu de ses différentes expériences. Il raconte méticuleusement l'oppression, puis la conscientisation d'employées d'un salon de thé madrilène des années 1930, dont l'autrice fit partie du personnel.
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La place de Catalunya n’était plus qu’une marée humaine que rien ne pouvait contenir. Il se disait que les autorités hésitaient à faire sortir l’armée dans les rues et que des renforts policiers arrivaient de Madrid. Et tous ces évènements insolites mettaient de la joie dans la plupart des regards ou faisaient pâlir certains visages.

(Aixo va be)
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Avant, on croyait que la femme ne servait qu'à prier et à repriser les chaussettes de son mari. Nous savons maintenant que les pleurs et les prières ne mènent à rien. les larmes provoquent des migraines et la religion nous abrutit, nous rend superstitieuses et incultes. Nous pensions aussi que notre seule mission dans la vie, c'était de chercher un mari, et depuis toutes petites on ne nous préparait pas à autre chose; même si nous ne savions pas lire, ça n'avait pas d'importance: si nous savions nous faire belles, c'était suffisant. Mais aujourd'hui nous savons que les femmes ne sont pas seulement faites pour raccommoder des vieux habits, pour le lit ou pour se frapper la poitrine; la femme vaut autant que l'homme pour la vie politique et sociale. (p. 242)
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- (...) Les dames allaient chez elles tous les mois et elles fouinaient dans tous les coins, pour voir si c'était suffisamment propre, et elles posaient plein de questions aux enfants: à savoir s'ils étaient obéissants, s'ils communiaient tous les mois, énormément de choses; eh bien elles lui ont rempli la maison de calendriers religieux et elles lui en ont même donné un pour sa cuisine, où il était indiqué les jours de jeûne obligatoire. Quand le mari l'a appris, il a arraché tous les almanachs et même celui de la cuisine; parce que tu vois, dans cette maison-là on jeûnait souvent sans avoir besoin de ces foutus almanachs.
-Il a eu bien raison cet homme ! s'exclame Antonia.
-Eh bien, quand "les dames" ont constaté la disparition des calendriers, elles se sont fâchées très fort, mais le pire c'est quand elles ont trouvé dans la chambre un livre du mari; alors elles ont dit qu'elles ne pouvaient pas aider des personnes qui arrachaient de leurs murs les calendriers religieux et qui lisaient des livres "interdits" (p. 145)
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