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Critique de Blok


Blok
18 février 2022
Malgré mon sado-masochisme littéraire, qui me pousse à lire des livres détestables pour le plaisir de les dézinguer ensuite, je ne vais quand même pas en principe jusqu'à lire les ouvrages de Monsieur Caron.
j'ai fait une exception pour celui-ci, et voici pourquoi. On sait que le susdit vient de se rallier à Monsieur Mélenchon.
A cette occasion, "Marianne" vient de consacrer une tribune aux thèses caroniennes, ce qui m'a permis de découvrir "Vivant" et m'a convaincu d'y jeter un coup d'oeil. Au demeurant, et Dieu merci, l'ouvrage est mince.
Et maintenant, plutôt que d'en faire une critique en règle, je vais laisser l'auteur se critiquer lui-même, au moyen d'un florilège de citations (j'ai repris celles du chroniqueur de ">Marianne", particulièrement bien choisies pour exprimer la substantifique moelle de ce monument de la pensée humaniste:
 « Humain, je crois que j'ai cessé de t'aimer. Tes qualités, si peu exploitées, ne suffisent plus à compenser tes tares rédhibitoires au premier rang desquelles je place la stupidité. Car tu es désespérément idiot. » (Vivant, p. 21). Ce jugement définitif ne relève pas du propos hasardeux tant il structure toute sa doctrine : « Humain, nul besoin que tu assassines pour me rebuter (...) Humain, j'ai voulu t'aimer mais cela m'est impossible aujourd'hui. Misanthrope ? Pas loin, je l'admets » (p. 23).
« J'imagine, à la louche, que (les beaux salauds) constituent 95 % de l'espèce humaine, du petit salaud au gros salaud, en passant par le moyen salaud » (p. 196).
: « Tous les viandales ne sont pas des salauds, mais tous sont des assassins (...) L'éleveur, le boucher et le mangeur de viande sont des assassins » (p. 161-162).
 « Imaginez que vous devez choisir entre sauver la vie de votre animal (chien, chat ou poule) et celle d'un humain (...) En ce qui me concerne, je sais qu'il n'y a quasiment aucune chance que je choisisse de sacrifier l'un de mes chats plutôt qu'un copain, un collègue ou, a fortiori un inconnu (...) Tout simplement parce que je les aime plus, et qu'eux aussi m'aiment plus » ( p. 185).
A la lecture de ce dernier extrait, on pourrait juger enviable le sort des chats de ce bon Aymeric. Ce serait oublier que les pauvres bêtes devront bientôt, si ce n'est déjà fait, faire leur pitance de croquettes de soja. Et ils sont sans doute plus sensibles au contenu de leur assiette qu'à une déclaration qui, pour être scandaleuse, n'en ressort pas moins au domaine spécieux de la pure "expérience de pensée" tant prisée des pseudo-philosophes. Par ailleurs, l'idée que les chats de Monsieur Caron " l'aimeraient" relève d'un anthromorphisme d'une naïveté confondante.
Dans d'autres chapitres, on admire la profondeur de la culture scientifique de l'auteur : par exemple quand il raye d'un trait de plume toutes les recherches des paléoanthropologues qui établissent le rôle capital de la consommation de viande dans le processus d'hominisation.
Plus loin,, ce profond penseur réfute en se jouant la théorie de Platon selon laquelle nul n'est méchant volontairement grâce au procédé original de la reductio ad hitlerum. On peut le lui retourner : Hitler était végétarien et les théoriciens du national-socialisme pensaient que la vie d'un juif valait beaucoup moins que celle d'un animal. Des précurseurs, ces nazis..
Je précise que le néologisme "viandale" est la contraction de "viandard" (aimable qualificatif que les chasseurs appliquaient autrefois à ceux d'entre eux qui chassaient pour rapporter un maximum de viande, mais qui désigne maintenant tout simplement les pauvres omnivores attachés à leur alimentation carnée) et de "vandale"
Le commentaire me semble inutile
Mention spéciale encore pour le chapitre intitulé "Nina et les viandales", où ladite Nina, charmante et courtoise jeune végane, pourrit le dîner de ses parents et de leurs amis en leur infligeant un cours de catéchisme interminable, présenté pour forme de dialogue, aussi grotesque dans la forme pesamment pédagogique que dans le fond, sans qu'aucune de ses victimes ne songe à se révolter malgré ses insultes. certains viandales mal embouches la qualifiraient sans doute de stupide, ignare et mal élevée. Monsieur Caron utilise ici avec une maladresse insigne le procédé rhétorique dit de "l'homme de paille".
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