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Critique de Henri-l-oiseleur


"Jacques le Fataliste" est peut-être le roman le plus abouti de Diderot, et il semble inaugurer un type de création littéraire qui se développera au XIX° mais surtout au XX°s, l'écriture expérimentale. Appuyé sur Sterne et sur la tradition picaresque espagnole, Diderot installe le dialogue entre lecteur et auteur au centre même de la narration, et des histoires qu'il va raconter, ou faire raconter à ses personnages. Il ne nous laisse jamais oublier ce que les romans réalistes s'ingénient à dissimuler : un récit est le résultat d'une collaboration entre un narrateur et son auditoire, quand il n'en est pas la résultante. Il nous sera donc impossible de céder à l'illusion narrative réaliste, nous serons toujours placés dans le plus grand inconfort par ce diable d'auteur qui ne nous laisse jamais nous assoupir comme dans une salle de cinéma, à regarder passivement des images et à réagir. "Jacques le fataliste" est donc aussi difficile à lire aujourd'hui, avec nos Musso, Lévy, Coelho et autres vendeurs de rêvasseries, qu'au XVIII°s avec ses romances et bergeries sentimentales. Pourtant, les personnages sont hauts en couleurs, les récits tellement vivants qu'on peut les mettre en scène, et le divertissement que ce roman comique procure est inégalable. Seulement, il ne faut pas dormir, ou plutôt, ne pas avoir pris l'habitude de dormir avec les romanciers somnifères auxquels le Culturel médiatique nous a habitués.
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