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Critique de Zora-la-Rousse


Voilà 6 ans que ce livre est arrivé dans ma bibliothèque.
Je me rappelle encore aujourd'hui le besoin impérieux de me le procurer lorsque je l'ai vu apparaître dans le rayon psycho de ma librairie préférée. Cette question de la relation entre soeurs m'était si personnelle, si ancrée en moi-même que j'ai eu du mal à en entreprendre la lecture… L'ouvrage, à présent tout stabiloté, à la couverture et aux pages assouplies par la lecture attentive et les relectures, est lu, digéré, absorbé. Et il m'a fait du bien.

Mon cas n'est pas unique, des familles de soeurs, il y en a plein.
Et soyons honnêtes, cela ne se passe pas toujours bien.
Pourquoi la palette de sentiments est-elle si vaste lorsqu'on décrit les relations sororales ? de l'amour à la haine, de la solidarité au rejet, de l'admiration à la jalousie, tout le spectre des émotions est parcouru pour décrire cette relation si particulière.

Sophie Carquain, journaliste, et Maryse Vaillant, psychologue, ont choisi de partir de nombreux témoignages regroupés par thématique pour aborder toutes les facettes pré-citées.
Huit chapitres poignants pour distinguer :
- la relation conflictuelle avec Ma soeur, ma rivale et Ma soeur, ma meilleure ennemie,
- la relation gémellaire avec Ma soeur, mon double et Ma soeur, mon douloureux miroir,
- la relation d'entraide et de solidarité, avec Ma soeur, mon seul recours et Ma soeur, ma chance,
- la relation parentale de substitution avec Ma soeur, mon combat et Mon enfant, ma soeur.

Chacun de ces chapitres est construit à l'identique avec un témoignage en 1ʳᵉ partie puis l'analyse psychologique voire psychanalytique apportée sous forme de réponses à des questions de compréhension sur les récits relatés.
Il est très rapidement évident qu'une relation sororale ne se réduit pas à deux ou trois soeurs concernées mais s'inscrit surtout dans un contexte familial ; et que la mère tout autant que le père y jouent des rôles primordiaux, depuis le regard qu'ils portent jusqu'aux places qu'ils donnent, à partir de leurs propres désirs et de leurs propres histoires :
« Tout enfant est pensé avant que de penser lui-même, il est aimé avant que d'aimer, et parlé avant que de pouvoir le faire. Aucun enfant ne naît dans le vide, sa naissance ne s'inscrit jamais sur une page blanche. »

De même, l'ordre de naissance joue un rôle : « chaque enfant a un nom et une place que rien ni personne ne peut lui prendre ». Ainsi, que l'on soit l'aînée, la cadette ou la benjamine, ce n'est pas la même histoire qui se joue, sans que pour autant l'une soit plus enviable qu'une autre, tout est question d'équilibre et de tolérance. « Pour pouvoir exister dans une famille, il faut avoir le droit d'être différent. Si l'identité familiale est stable, la place de chacun reconnue, la loi symbolique en place, il y a place pour les différences individuelles sur fond de communauté. »

Ce que nous apprend enfin Maryse Vaillant, c'est que les relations entre soeurs forgent la féminité, en apprenant à être une femme parmi d'autres femmes. Dans une relation sororale, tous les rôles se jouent et s'expérimentent, et le plus souvent sur un fond de compétition, de rivalité. Mais pour le bien de toutes car il s'agit bien là d'une construction qui "peut permettre à celle qui accepte de ne plus être simplement une fille de devenir une femme.".

Un livre qui m'a beaucoup émue, appris aussi, ayant grandi dans une famille de femmes, de soeurs.
A relire. Évidemment.
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