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Critique de pasiondelalectura


Intempérie est aussi une BD parue en 2016 et un film magnifique et dur de 2019, dirigé par Benito Zambrano. C'est L'échappée sauvage, le titre en français, film que j'ai vu et apprécié.

Ce livre a mis à la mode en Espagne un style narratif appelé néo-ruralisme qui a été ensuite suivi par d'autres auteurs : Oscar Esquivias, Sergio del Molino, Yván Repila, Pilar Adón, etc.

L'écriture de J. Carrasco est pleine de subtilités pour exprimer le pessimisme, la désolation, le désespoir de deux êtres en perdition. En même temps, il emploie un grand lyrisme dans sa prose pour narrer cette histoire humaine aux confins des plaines de Castille, une terre pelée et recuite par un soleil inclément. Cette écriture tellement tellurique m'a rappelé celle de F. Bouygues avec cette compénétration entre l'être et le paysage.

Le récit se veut intemporel dans un lieu peu défini, mais aisément identifiable sur les hauts lieux de la Meseta; la temporalité est située dans l'Espagne des années 50.
C'est cette géographie quasi inhumaine, la véritable protagoniste de cette histoire.
Quant aux deux personnages principaux, ils sont à la hauteur du paysage : durs, taiseux car ils circulent au milieu d'un néant si aride que l'on arrive à ressentir de la claustrophobie dans des espaces ouverts.
Au milieu de tant de désolation, certaines valeurs humaines perdurent comme l'amitié, la loyauté, la compassion, la soif de justice, une dignité humaine.
On a dit de ce livre qu'il est écrit comme un western et cela est un peu vrai; surtout dans la version filmée qui est très fidèle au texte, avec par moments, des images insoutenables.

LE LIVRE : un enfant de 10 ans décide de fuir sa maison parce que sa situation est insoutenable. Après s'être caché quelque temps, il se lance sur la vaste meseta sous un soleil de plomb. Presque à l'inanition, il tombe sur un vieux chevrier qui va le sauver de la mort.
L'enfant et le vieux. Deux extrêmes de la vie : la jeunesse sans défense et la vieillesse usée et malade par cette vie à l'intempérie. Tous les deux luttent pour survivre. L'enfant fuit son funeste sort car son père l'a quasiment vendu au shérif du village qui abuse de lui. Cet enfant est terrorisé, il ne sait pas l'exprimer, il manque d'expérience, d'éducation.
Le vieil homme va comprendre cette situation sans échange de paroles et le prendra sous son aile, bien qu'il soit un solitaire taiseux.
A partir de ce moment, le récit se transforme en roman de formation, car le chevrier va apprendre à l'enfant tout ce qu'il sait et qui pourra l'aider à survivre dans cet endroit.
Ici, fait irruption le shérif qui recherche cet enfant sans relâche, secondé par deux sbires, deux tueurs à sa solde. Ce shérif est le mal incarné, avec abus de pouvoir et cruauté. Les scènes qui se succèdent sont crues, insoutenables car l'auteur ne fait aucune concession au plus vil de l'âme humaine.
Dans ce roman prédomine une violence à l'état brut, par moments tacite, parfois explosive. le péril ronde autour de l'enfant et du vieux, un péril au milieu de nulle part dans un lieu de survivants. Ce sera la première leçon du vieux à cet enfant et cette fuite sera comme un voyage initiatique et sans retour.
La fin du livre rassure le lecteur parce qu'il comprend que la justice immanente existe et qu'alors, l'espoir peut exister aussi.
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