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Citations sur Le Palais des nuages (14)

— Quelles histoires aimes-tu ? demandai-je.
— Toutes les histoires où le héros s'en sort grâce à son intelligence.
— C'est quoi, l'intelligence ?
— C'est comprendre sans se faire expliquer.
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Chien, mon frère, ta bonté est vaste comme la forêt, mais le vieux sorcier que tu héberges est guéri de tout : de la vie, et de toutes ces délicatesses qui sont l’ornement dangereux, l’ornement fascinant de la vie (...). L’ivresse m’a quitté, et ses vertiges. Je puis enfin m’asseoir au bord du gouffre des nuages.
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... Qu'es-tu devenu, Tchao Ki, prince chéri des poètes ?
Le vieux tigre pleurait. J'osai une protestation que je voualis consolante :
- Mais je n'ai jamais cessé de suivre la Voie (Dao) !
- La seule Voie que je sache passe par le solitude ; de même que la seule initiation digne de ce nom a lieu dans le secret. Que t'a donc appris Lin Ling-sou ?
- Que tout était divin.
- Qu'est-ce que cela veut dire ?
(...)
- Que nous sommes des dieux au paradis.
- Illusion, Tchao Ki ! Tu es un riche inconscient qui s'ennuie. Ta vie se nourrit de la misère de ton peuple et tu parles de paradis !
Mon coeur explosa de nouveau.
- Non, maître Kouo, je n'ai jamais fait souffrir personne !...
Il soupira :
- Que sais-tu, enfermé dans ta prison d'or, des conséquences que ta "divine" folie a pu semer de par le monde ? Que sais-tu de la souffrance ? .... Je m'en vais, Tchao Ki. J'ai bientôt parcouru mon siècle d'âge : je n'attends plus que le repos. Tu refuses de m'entendre, tant pis. Viendra un jour où mes paroles résonneront en toi, à l'heure inévitable du regret : le Ciel veuille que ce ne soit pas trop tard... Adieu !

p. 492
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— Mo-la Mei pense à la guerre sainte, reprit Ho-san. Notre Livre, pris à la lettre, j'insiste, promet le paradis au croyant qui tuera l'infidèle... C'est l'infidèle au fond de nous qu'il faut tuer, non l'homme. Dieu n'incite pas au meurtre, Dieu n'est pas criminel.
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Le printemps tarde au nord du monde ; O-kou-nai n'est pas encore rentré. Mes mains sont propres. J'ai dû rêver. Dans la cuvette, l'eau ne fume plus. Du coin de l'oeil, je surveille mes pinceaux secs, mon peu de papier, toujours immaculé. Un étrange aphorisme traverse ma conscience : "Ecriture est souillure à l'état pur."

p. 641
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(Avec son frère aîné, Pi, malade).
Pour ce qui était de Pi, mon aigreur à son encontre avait fondu depuis qu'il lui avait fallu faire l'aveu de sa vulnérabilité. Nous avions grandi et nos prises de bec n'étaient plus de saison. Il affichait à présent une santé inquiète que j'avais envie de protéger. Mais peu de choses au fond, sinon des souvenirs communs, nous liaient. Nous partagions le goût des beaux objets mais nos critères d'appréciation étaient secrètement en guerre. A dix-huit ans à peine, il accusait déjà une dégaine de vieux lapin confucéen, tandis que je m'employais à cultiver en tout une poétique extravagance.
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Vu l'étroitesse du sentier qui escaladait l'autre versant, nous mîmes pied à terre, tirant nos chevaux par la bride. Nous longeâmes d'abord les rizières phosphorescentes ; effrayés, les canards détalaient entre les jeunes épis. Puis nous entrâmes dans le sourire vert de la forêt. Les criquets s'étaient tus ; la pénombre soudain émit d'autres cris, plus furtifs. La lumière ricocha sur une cloque de sève au genou d'un pin, puis sur une bulle de bave dans la mousse, puis sur tous les miroirs aux dix mille facettes de ce qui grouille et vit dans les sous-bois.

p. 206
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(Maître Kouo à son élève devenu empereur plein d'ardeur idéaliste).
Je devine ce que vous pensez : on est toujours ramené à la médiocrité par la pesanteur du monde et de l'humanité. En fait, un dieu impérial sait que sa divinité se fonde sur cette pesanteur, sur toutes les imperfections qui nous tourmentent : il n'y aurait pas de dieux si les hommes ne se faisaient pas tant horreur !

p. 304
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(Lettre de Maître Sou exilé à son princier disciple).
Du fond du coeur, je me moque d'être ici ou ailleurs ; et de vous que j'aime, très vénérable Altesse, - permettez-moi le paradoxe ! - je me moque aussi, éperdument, et de moi-même, évidemment, comme j'ai tenté de vous le montrer. L'important n'est pas là. Il varie ... Mais ne rêvez pas d'un Ailleurs qui serait un bonheur sans souffrance, ne rêvez pas, puisque même hors du rêve tout reste comme un rêve, et buvez ! Brisez la petitesse, empoignez l'azur et embellissez le monde !

p. 90
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— Comment peut-on aimer la Barbarie ?
— Justement, répliqua-t-il avec conviction. La Barbarie vous met tout nu. Cela vous effraie d'abord, puis vous découvrez que la nudité n'est pas du tout horrible. La steppe dessille les yeux les plus crottés ; les dunes de sable ressemblent au soleil, chaque pas éblouit le voyageur ; l'horizon rapproche l'infini des paupières : les montagnes, les lacs, et les gens, puants et noirs, qui saluent en souriant, les yeux au fond des vôtres, n'ayant rien à perdre, tout à espérer. On les appelle Barbares parce qu'ils savent vivre en marge de l'empire, mais l'empire se réduit bien souvent à une Cour futile, masse de chair bavarde et ventripotente. À la guerre, je ne vole pas l'empereur, en Barbarie, je glorifie l'empire. Que le Ciel fasse qu'il y ait toujours une Barbarie !
— Que faites-vous en Barbarie ?
— Je chevauche dans le désert et sur les plateaux tannés par le vent, je bâtis des stratagèmes sous la tente avec de beaux guerriers, je bois du vin de vigne avec les vieux conteurs qui chantent les mers d'Occident — parce que, après les montagnes du Chaos et le désert de Feu, il y a Kachgar et Samarcande : mousseline, melons et vin ambré ; et après Samarcande, des montagnes gigantesques qui se jettent dans l'océan...
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