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Critique de RobertB


Voilà un ouvrage plaisant, facile à lire, mais qui au final n'apportera rien, un peu comme un verre d'eau que l'on boit quand on a soif. C'est agréable sur le moment, mais après ? Certes, l'auteur s'ingénie à traquer l'intime, à en visiter chaque particule à la façon d'un Jean-Paul Kauffmann. Mais si Kauffmann sait faire tout avec rien, Carrière a besoin de beaucoup de matériau pour s'extraire de la gangue inerte qui précède l'oeuvre. Il lui faut réveiller le tsunami de 2005, pas moins, avec beaucoup de souffrance et aussi du pathos et c'est bien là le problème. Car du pathos, il y en a. Beaucoup. Ça dégouline et on se retrouve parfois gêné, comme un observateur pris en flagrant délit de voyeurisme. Et puis tous ces gens qui sont sympas au-delà de tout ; à croire que l'auteur n'a jamais fréquenté le moindre con.
Par-dessus tout, ce qui m'ennuie, c'est l'absence presque délibérée de style. Je n'ose envisager qu'Emmanuel Carrère méprise autant les mots mais, à lire sa prose, j'ai des doutes. Quand on lit « Rodrigue joue à la gameboy comme tous les ados », on se dit que quand même, il aurait peut-être fallu retravailler la phrase. D'ailleurs aujourd'hui, plus aucun ado ne joue à la gameboy. Je sais, c'est un détail, mais des détails comme ça, dans ce livre, il en est plein.
Paradoxalement, la meilleure partie de ce livre concerne la description du combat menés par ces deux juges obscurs contre les sociétés de crédit. Leur volonté de générer une jurisprudence plus favorable aux pauvres gens piégés dans les rets de la surconsommation se transforme en un combat audacieux et désespéré, mais non exempt de suspense. Pour le reste, notamment ce qui touche au rapport à la mort, beaucoup ont dit peu ou prou la même chose, mais mieux. Pour tout dire, de mon point de vue, Emmanuel Carrère, c'est un peu un journaliste trop vite monté en graine...
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