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Critique de JeanLouisBOIS
Nicolas, l'enfant qui résiste à la tourmente.
(Critique de la Classe de Neige)
C'est dans l'adversité que l'on reconnait les fortes personnalités de personnes qui ne sont pas toujours celles auxquelles on s'attend. Nicolas, un pré-adolescent d'une dizaine d'années, chétif, rêveur, solitaire et effacé en fait partie. C'est le personnage principal de la Classe de Neige d'Emmanuel Carrère. Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, on n'a pas affaire ici à une histoire mièvre ou bienpensante ni à une mise en scène complaisante d'atrocités ou de perversion. Ce livre réaliste et attachant vaut pour son histoire tragique, pour la façon dont elle est racontée, « son point de vue », et enfin pour la qualité de la description de la psychologie de l'enfant sans jamais faire intervenir une analyse quelconque.
Le récit se déroule lors d'une classe de neige d'où le titre. Dès l'incipit, on est plongé dans l'attente d'une menace concernant le père de Nicolas. Rien ne se passe comme on pourrait l'anticiper, mais c'est une sorte de règle dans ce genre de roman. Avec des personnages bien campés (Patrick, Hodkann, la maîtresse,….), le récit reste haletant, agréable à lire et d'un intérêt toujours soutenu si bien qu'on arrive au bout en regrettant sa brièveté.
La deuxième particularité de ce roman repose sur son narrateur qui décrit les événements avec les yeux et la conscience de Nicolas sans être Nicolas lui-même. le narrateur nous fait ainsi profiter des rêveries et des naïvetés de l'enfant ainsi que de son bon sens et de sa lucidité. On prend connaissance et on suit l'histoire avec Nicolas tout en ayant conscience d'un certain décalage entre le narrateur et l'enfant. Cette distance se révèle fascinante et déterminante pour mieux comprendre les évènements avec la logique de Nicolas.
Grâce à ce procédé, la psychologie de l'enfant paraît très réaliste, en tout cas parfaitement bien construite. On se situe bien loin de la mièvrerie et de l'innocence supposée des jeunes adolescents, image souvent colportée à tort par une littérature facile et sans véritable lien avec la réalité prosaïque. Pourtant, Nicolas n'est pas un surdoué, c'est au contraire un enfant ordinaire. Il comprend beaucoup des situations qu'il est appelé à vivre sans exprimer clairement ce qu'il ressent. Avec les gamineries de son âge, avec son aptitude à se créer un monde parallèle à une réalité parfois insoutenable, il met en place une forme de résistance à la folie des adultes. Cette lucidité époustouflante me semble être une des grandes réussites de ce roman.
La Classe de Neige, qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique convaincante par Claude Miller en 1998, s'affirme comme un livre remarquable et réaliste sur les pré-adolescents et sur le regard qu'ils portent sur le monde. A tel point qu'on ne peut s'empêcher de reprendre la question formulée vers la fin : comment après une telle épreuve Nicolas trouvera-t-il la force de vivre dans un monde qui a chamboulé et détruit ses repères d'enfant ?
(Critique de la Classe de Neige)
C'est dans l'adversité que l'on reconnait les fortes personnalités de personnes qui ne sont pas toujours celles auxquelles on s'attend. Nicolas, un pré-adolescent d'une dizaine d'années, chétif, rêveur, solitaire et effacé en fait partie. C'est le personnage principal de la Classe de Neige d'Emmanuel Carrère. Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, on n'a pas affaire ici à une histoire mièvre ou bienpensante ni à une mise en scène complaisante d'atrocités ou de perversion. Ce livre réaliste et attachant vaut pour son histoire tragique, pour la façon dont elle est racontée, « son point de vue », et enfin pour la qualité de la description de la psychologie de l'enfant sans jamais faire intervenir une analyse quelconque.
Le récit se déroule lors d'une classe de neige d'où le titre. Dès l'incipit, on est plongé dans l'attente d'une menace concernant le père de Nicolas. Rien ne se passe comme on pourrait l'anticiper, mais c'est une sorte de règle dans ce genre de roman. Avec des personnages bien campés (Patrick, Hodkann, la maîtresse,….), le récit reste haletant, agréable à lire et d'un intérêt toujours soutenu si bien qu'on arrive au bout en regrettant sa brièveté.
La deuxième particularité de ce roman repose sur son narrateur qui décrit les événements avec les yeux et la conscience de Nicolas sans être Nicolas lui-même. le narrateur nous fait ainsi profiter des rêveries et des naïvetés de l'enfant ainsi que de son bon sens et de sa lucidité. On prend connaissance et on suit l'histoire avec Nicolas tout en ayant conscience d'un certain décalage entre le narrateur et l'enfant. Cette distance se révèle fascinante et déterminante pour mieux comprendre les évènements avec la logique de Nicolas.
Grâce à ce procédé, la psychologie de l'enfant paraît très réaliste, en tout cas parfaitement bien construite. On se situe bien loin de la mièvrerie et de l'innocence supposée des jeunes adolescents, image souvent colportée à tort par une littérature facile et sans véritable lien avec la réalité prosaïque. Pourtant, Nicolas n'est pas un surdoué, c'est au contraire un enfant ordinaire. Il comprend beaucoup des situations qu'il est appelé à vivre sans exprimer clairement ce qu'il ressent. Avec les gamineries de son âge, avec son aptitude à se créer un monde parallèle à une réalité parfois insoutenable, il met en place une forme de résistance à la folie des adultes. Cette lucidité époustouflante me semble être une des grandes réussites de ce roman.
La Classe de Neige, qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique convaincante par Claude Miller en 1998, s'affirme comme un livre remarquable et réaliste sur les pré-adolescents et sur le regard qu'ils portent sur le monde. A tel point qu'on ne peut s'empêcher de reprendre la question formulée vers la fin : comment après une telle épreuve Nicolas trouvera-t-il la force de vivre dans un monde qui a chamboulé et détruit ses repères d'enfant ?
