Tout est dit dans l'entretien final.
Limonov interroge
Emmanuel Carrère : "C'est bizarre quand même. Pourquoi vous voulez écrire un livre sur moi ?", qui lui répond : "parce qu'il a - ou parce qu'il a eu, je ne me rappelle plus le temps que j'ai employé - une vie passionnante. Une vie romanesque, dangereuse, une vie qui a pris le risque de se mêler à l'histoire" Suite à cette réponse, la remarque de
Limonov fuse : "une vie de merde, oui". L'ambivalence du personnage est ainsi posée et traversera cette biographie.
Cette vie racontée, à laquelle l'auteur lie la sienne, nous promène d'abord dans les milieux artistiques et intellectuels de plusieurs capitales : Moscou de 1967 à 1974, New York de 1975 à 1980 et Paris de 1980 à 1989. On retrouve les traits de l'auteur et les saillies érigées en art littéraire mais à sa décharge,
Limonov ne semble pas avoir eu une vie prude. On découvre ainsi que le Zapoï, cette cuite à la Vodka qui dure plusieurs jours, n'est pas une légende. Elle a éloigné sa jeunesse de la mienne car ma quantité d'alcool absorbée était moindre. Tiens, je fais comme Carrère, je rapporte ma jeunesse à celle de
Limonov !
En deuxième partie, c'est dans son pays que l'éternel dissident mènera ses derniers combats. On visite ainsi l'histoire de l'URSS de 1989 à 2001 qui a placé Poutine au pouvoir à la fin du mandat d'Eltsine ; alors qu'il n'était pas sûr d'en avoir la carrure ! Cela finit par une comparaison des parcours de
Limonov et Poutine !
Celui qui se voulait le créateur du roman russe moderne raconté par Carrère m'a donné envie de retrouver l'âme russe d'autres auteurs : Tolstoï,
Dostoïevski...
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