Ce troisième opus m'a déçue.
Quelque chose m'a manqué. Dans le premier volume, on découvrait les bases de l'univers ainsi que le personnage central, quelque peu atypique. Élisa était, pour moi, l'intérêt principal du roman à cause de sa particularité : elle n'est PAS une héroïne. le deuxième tome apportait quelque chose de plus à l'aide de sa relation avec Hector, qui m'a grandement satisfaite parce que les choses se font petit à petit. C'est peut-être le couple de la littérature jeunesse qui m'a faite le plus vibrer (après Lyra et Will). Pour moi, ce qui a joué c'est le fait de ne pas savoir ce que pense Hector. Élisa, qui raconte l'histoire à la première personne, est parfaitement incapable de déchiffrer les regards/expressions/attitudes de son garde royal. On le sent attiré par elle, mais quelle est la nature de cette attirance ? Symbolique, charnelle ou intellectuelle ? Élisa, ancienne laideron, doute encore de son potentiel de séduction et se voile la face. Nous avions donc tour à tour des indices favorables et défavorables dans un contexte LARGEMENT défavorable à leur idylle (ils n'ont pas le même rang, elle doit se marier dans l'intérêt du royaume et non pas selon ses sentiments, sa soeur voudrait l'épouser). Ce qui était très frustrant, mais en même temps exaltant.
Voilà grosso modo les points forts des précédents volumes.
Dans le Royaume des larmes, il n'y avait rien pour retenir mon attention. La reine Élisa a monté une équipe de choc (composé des mêmes personnages que dans les romans précédents – originalité, quand tu nous tiens) afin de sauver son soupirant capturé par les vils Inviernos. C'était péniblement long, parce qu'on sait déjà qu'elle va le récupérer et qu'on n'attend qu'une chose : qu'ils se retrouvent, se disent ce qu'ils sont à se dire et s'allient enfin pour sauver Joya d'Arena.
Et puis on perd ce désavantage (qui était finalement un avantage) qui était de ne pas connaître les pensées d'Hector. Quelques chapitres lui sont consacrés et lui font perdre une partie de son aura. Il eut mieux valu qu'on le connaisse au minimum pour conserver le mystère.
Et finalement, cette amourette a fini par m'agacer. Je n'en reviens pas qu'Élisa se persuade encore qu'Hector l'évite, qu'il est en colère, qu'elle l'agace, etc. Elle est à gifler. Comment ne comprend-t-elle pas qu'il souffre parce qu'il L'AIME alors qu'il le lui a dit plusieurs fois ?
Autre déception : l'écriture. On nous répète continuellement des informations qu'on connaît déjà (le zafira a changé la Pierre Sacré d'Élisa, elle doit sauver son royaume, elle espère qu'il ne soit rien arrivé à Hector), et le vocabulaire est plat. J'ai péniblement avancé ma lecture au milieu des « elle se retourna vers untel », « elle leva les yeux », « elle soupira longuement ». Il faut que vous sachiez qu'Élisa soupire dès qu'elle est fatiguée/agacée/en colère. Ça arrive donc TRÈS souvent.
Et qu'est-ce que c'est que cette fâcheuse habitude de donner un nom anglais aux personnages inviernos ?? Pourquoi « Cascade Figée Qui Pleure Sa Jeunesse Fougueuse » devient Waterfall et non pas Cascade ? Pourquoi «
Pierre Rouge Étincelante » se transforme en Red ? Et ne parlons pas de Storm, je vais me fâcher.
Et puis, Élisa.
Ne la comparez pas à celle du premier tome, ce n'est plus la même personne. Son obsession des pâtisseries l'a quittée, elle ne se laisse plus marcher sur les pieds, elle donne des ordres comme si elle avait fait ça toute sa vie, elle fixe ses interlocuteurs droit dans les yeux, même si ce sont des personnes intimidantes… Elle a gagné tellement d'aplomb en si peu de temps que j'ai perdu toutes mes attaches.
Les autres personnages sont restés fidèles à eux-mêmes et ne m'ont pas spécialement intéressée – à l'exception de Storm, le seul à avoir un minimum de profondeur. On en apprend plus sur lui, son enfance et sa famille, et c'est glaçant.
La fin m'a laissé un relent de bâclé.
Un peu comme la mort de Ximena, qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Élisa est menacée, sa nourrice débarque d'on ne sait où et se jette entre sa protégée et le rayon meurtrier d'un Animagus. Trois lignes plus tard, la reine est passée à autre chose.
Faut pas déconner, Ximena avait essayer de s'interposer entre elle et Hector. On va quand même pas lui accorder une fin digne de ce nom, même si c'est la plus vieille amie de la reine, quand même !
Je remarque cependant que la morale quant aux relations amoureuses est beaucoup plus riche que dans les autres young adult. Non seulement Élisa a eu plusieurs soupirants, mais elle n'est pas la seule : Mara également
– qui choisit même de retourner avec son premier amour alors que c'était pas fameux-fameux, comme histoire ! Après avoir découvert les joies du péché charnel avec elle, Belén s'est contenté de ne plus lui adresser la parole (en mode « je t'ai draguée, mais en fait c'était que pour du sexe, j'ai plus rien à faire avec toi »). Ces comportements-là existent, c'est donc une bonne chose de les insérer dans la littérature. Heureusement, Mara ne s'est pas laissée démontée et s'est dégoté un deuxième amant, bien plus respectueux. Voilà qu'il meure, qu'Élisa arrive au village pour organiser la résistance… et qu'elle se retrouve à devoir côtoyer régulièrement son premier amoureux.
Le message tranche avec l'image qu'on a habituellement (fille célibataire rencontre l'homme de sa vie et finit ses jours avec lui après avoir vécu moult aventures). S'il fallait passer sa vie avec notre premier copain, je serais bien mal lotie…
D'ailleurs, j'ai apprécié l'avertissement pro-contraception avec le Voile de la Vierge. Passage qui nous permet aussi d'aborder le sujet du désir/plaisir féminin, vu l'empressement d'Élisa à récupérer le remède^^
Pour finir, les ultimes révélations qui sont faites sur l'univers étaient plutôt intéressantes et m'ont même coupé l'herbe sous le pied.
La fille de braises et de ronces n'est pas un simple roman de fantasy, mais aussi un roman de science-fiction. On comprend que le peuple d'Élisa est arrivé depuis une autre planète sur des vaisseaux spatiaux et s'est installé de force sur la planète des Inviernos. Pour s'adapter à cet environnement étranger et hostile, ils ont fait des manipulations génétiques afin de croiser l'ADN de la population locale et le leur. D'où le fait qu'une personne tous les cent ans ait une Pierre Sacrée. D'où le fait que les Inviernos perdent la leur très jeune – le sang humain les a éloignés de leur nature.
Bien pensé.
Mais ça ne m'a pas suffi. Je referme cette saga avec la certitude de ne plus la lire.