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Critique de LadyDoubleH


Les lanceurs de feu est le premier roman de la nord-irlandaise Jan Carson. Je l'ai terminé il y a quelques semaines (merci à @tiphanieastre pour la lecture commune !), mais je ne sais absolument pas comment en parler. C'est fou comme cette lecture m'a, d'un bout à l'autre, remuée dans tous les sens.

Belfast, été 2014. Canicule. Des feux disséminés commencent à embraser la ville, quelques jours avant les traditionnelles marches orangistes du 12 juillet. Attisés par un personnage anonyme sur Youtube, ils deviennent de plus en plus hauts et violents, détruisant maisons individuelles, centres commerciaux et bâtiments publics. Ces Grands Feux, comme on se met à les nommer, avec la majuscule, font souffler un vent d'inquiétude, pas loin de se muer en panique : les braises des Troubles couvent encore dans bien des mémoires.

Sammy est un ancien paramilitaire au passé sombre. Il s'inquiète pour son fils, aurait-il hérité de son extrême violence ? Jonathan est médecin et élève seul Sophie, sa fille encore bébé, qu'il a eue dans de bien étranges circonstances (coucou, réalisme magique, ou conte réaliste – à l'irlandaise ?). Jonathan s'inquiète à l'idée que Sophie ressemble trop à sa mère… Des interludes récurrents nous racontent également d'autres enfants, étranges...

Autant de fils rouges, autant d'histoires que Jan Carson tricote avec une saisissante allégresse et un génie redoutable. Son écriture est en-voû-tante (j'ai mis des tirets pour vous faire saisir la mesure des nombreux superlatifs auxquels vous avez échappé). J'ai été conquise, mal à l'aise, inquiète, saisie d'effroi ou de jubilation, tour à tour, tout au long de cette lecture. Je n'ai jamais su où elle allait me mener et ce fut parfaitement déstabilisant – mais j'en ai redemandé, sans faiblir, jusqu'à la toute fin, jusqu'au dernier mot.

Je ne vais pas m'attarder ici sur ce que j'ai trouvé bancal dans la construction de ce (premier) roman, les fils rouges qui finalement ne s'entrecroisent qu'à peine, certaines pistes prometteuses qui retombent comme des soufflés... Non, car quelques semaines après avoir terminé ce roman, sa flamboyance est toujours là, intacte, qui irradie mes souvenirs.

Pour moi, l'histoire de Jonathan et de Sophie aurait suffi. D'ailleurs elle m'a suffi. Je l'ai sentie grandir en moi comme un soleil, entre ravissement et appréhension, ne sachant jamais si le truc allait m'exploser au nez ou m'inonder de lumière.

Au final, je ne peux pas dire si Les lanceurs de feu a été ou non un coup de coeur – il est à ce niveau-là également, inclassable. Mais cela faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas autant remuée, enthousiasmée et son contraire. Il y a une folie dans ces pages, un souffle qui emporte. Je n'ai sans doute pas tout saisi d'ailleurs, je soupçonne certaines allégories d'y être nichées, concernant les enfants et la responsabilité des pères, les guerres et les poids dont les enfants héritent sans avoir rien demandé et dont on les accuse d'exister.

Bref. En un mot comme en mille deux cent : Jan Carson est une autrice à découvrir, absolument.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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