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Critique de Bellonzo


Ces nouvelles de Carver sont la marque d'un très grand. Une vingtaine de textes, souvent une quinzaine de pages, tous incisifs quant à la société américaine des années 70. Dépouillé, taxé de minimalisme, ce recueil est malgré tout d'une précision et d'une acuité rares. Au cinéma Robert Altman avait jadis su saisir la quintessence de Raymond Carvern, Short cuts, titre on ne peut plus approprié. Un autre qui a su capter Carver c'est mon ami le Bison. Il l'a si bien fait que je ferai moi-même un short cut, ne rajoutant pas grand-chose en dehors d'un lien The Carver's American Way of Life

Carver est un homme de peu, qui ne verse surtout pas dans la surenchère ou le clinquant. Pas plus que dans la lourdeur. Pourtant le quotidien de ces héros (je crois que l'on n'avait pas encore inventé l'antihéros) est de ceux qui valent le déplacement du lecteur, tant ils nous ressemblent. Certes ils sont américains. Et alors? Des couples en leur effrayante banalité, morale ou financière. Une partie de pêche pour un ado en pré-libido. Plusieurs nouvelles sont un titre interrogatif et ce n'est point un hasard. Vous êtes docteur? Pourquoi l'Alaska? Qu'est-ce que vous faites à San Francisco? Pourquoi, mon chéri? Et ça, qu'est-ce que tu en dis? Qu'est-ce que vous voulez? Des gens bien peu sûrs d'eux, qui doutent, jamais loin de la déconfiture. Des vies où bien évidemment il n'est pas vraiment question de partir en Alaska ou d'avoir un vrai chéri dans la vie.

On parle souvent à propos des textes de Carver d'oubliés du rêve américain. C'est réel et c'est même devenu très courant dans la littérture étatsunienne. le Banalland carverien en est effrayant entre querelles de voisinage minables, maquillages ratés, chiens devenus indésirables et couples en déroute. C'est donc ça la vie? C'est donc ça notre vie? C'est dire à quelqu'un de très proche Tais-toi, je t'en prie. Ou c'est l'entendre.

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