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Critique de lanard


Si la physique semble exercer une certaine fascination sur les philosophes, de leur côté les physiciens se défient souvent de la philosophie. Particulièrement depuis l'avènement de la théorie de la relativité. Avec elle, presque d'un coup la figure fondatrice de Newton, pour qui la physique constituait la “philosophie naturelle”, prit la teinte surannée d'un respectable grand ancêtre.
En réalité, c'est Kant qui transforma cette philosophie naturelle en un objet philosophique qu'on allait bientôt nommer la Science pour se détacher de l'activité philosophique proprement dite. Mais lorsque Newton affirme qu'il ne saurait “forger d'hypothèses” sur la nature même de la gravitation quand il se borne à en découvrir les principes mathématiques, ne faut-il pas voir là le point de bifurcation de deux démarches intellectuelles jusqu'alors intriquées? L'une allant de l'imagination conceptuelle au faits; la science - l'autre des faits à l'imagination conceptuelle; la philosophie.
Depuis lors, on a éprouvé le besoin d'éclaircir l'idée même de ce que nous savions du savoir lui-même et se sont élaborés ce que l'on nomme aujourd'hui des épistémologies ou, comme Cassirer, des théories de la connaissances.
Kant n'est certes pas le premier à théoriser sur la connaissance. Pour preuve, le mot même d'épistémologie, synonyme de “philosophie des sciences”, renvoie au concept d'épistémé par lequel Platon désignait une connaissance certaine (par opposition à la doxa - qu'on traduit pas “opinion”). Par ailleurs, l'idée de science expérimentale est apparue avec Galilée qui en décrit les principes dans “L'essayeur” et ses “Dialogues sur deux sciences nouvelles”. C'est Galilée qui postulat que “livre de la nature était écrit en langue mathématique”. Mais la physique mathématique de Galilée n'avait pas encore acquit les caractéristiques d'un système tel que celui que les découvertes de Newton aillaient suggérer aux philosophes du 17e siècle.
Le système de Kant s'appuyait sur un référentiel qui présentait alors toutes les caractéristiques d'un savoir absolu; la physique de Newton formait pour lui le cadre de pensée devant guider toute réflexion sur la connaissance; en particulier à travers les concepts d'espace et de temps.
La question étudiée par Cassirer dans cet ouvrage est la suivante: que reste t'il de la philosophie de Kant avec l'avènement de théorie de la relativité? S'effondre t'elle? Peut-elle conserver une certaine pertinence? Moyennant quels éventuels changements?
Toutefois il s'agit moins de sauver Kant que de le remettre en perspective: le but reste de faire de point sur la possibilité d'une théorie de la connaissance. Cassirer analyse avec minutie le statut de la géométrie, les concepts d'espace et de temps, l'évolution des concepts de masse et d'énergie, l'apparition du concept de champs. Les connaissances de Cassirer en physique mathématique, le nombre de ses lectures sont proprement vertigineuses; il ne se dit pas physicien mais témoigne d'une maîtrise de son sujet étonnante pour l'époque où il écrit (1920); on est très loin du quiproquo Einstein/Bergson lors de la visite du physicien Paris en 1922. Ce livre réconcilierait probablement de nombreux physiciens avec la philosophie.
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