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Critique de UnCahierBleu


La Maison du professeur est composé de trois parties très contrastées, comme s'il comprenait en réalité au moins deux romans. La 1ère partie, « La famille », est à elle seule un roman très balzacien. Il s'agit de l'histoire de la famille St. Peter, dans laquelle les questions d'argent tiennent depuis peu une place centrale. La 2e partie très différente, « le Récit de Tom Outland », pourrait être une nouvelle publiée séparément. Dans cette partie, l'action ne se situe plus dans le Michigan mais dans les plaines du Sud-Ouest. Tom Outland n'est alors pas encore devenu l'étudiant de St. Peter. Orphelin condamné à des petits boulots, il est parti garder un troupeau au Nouveau-Mexique. A cette occasion, il a découvert une cité troglodytique autrefois habitée par des Indiens. Ce roman d'aventures et d'exploration est en fait le récit qu'aurait fait Tom Outland au professeur. Et c'est à l'issue de la 3e partie, « Le Professeur », sur le personnage de St. Peter que s'achève le roman.

Le personnage principal du roman est donc St. Peter, un professeur mais également un écrivain, derrière lequel on devine Willa Cather elle-même. St. Peter a en effet consacré une grande partie de sa vie à l'écriture d'un ouvrage d'histoire en huit volumes, qui lui a permis d'offrir à sa femme sa nouvelle maison. Dans la vie de St. Peter, ce temps consacré à l'écriture a tenu une place à part. Quand il parle de sa vie, au lieu d'opposer comme on le fait souvent la vie personnelle à la vie professionnelle, il oppose tout ce qui est relatif à la vie sociale (dont la vie familiale et la vie professionnelle) à cette autre vie passée dans la solitude de son bureau, occupé à écrire son oeuvre.

Sur l'université, il y a dans ce roman quelques passages amusants pour un lecteur d'aujourd'hui. Nous sommes aux États-Unis dans les années 20 et une nouvelle population d'étudiants issus de la campagne arrive à l'université. St. Peter et sa femme considèrent avec un peu de mépris ces nouveaux étudiants, fils de fermiers, qui ne savent « ni comment s'habiller ni comment s'exprimer ». St. Peter fait aussi partie de cette génération d'enseignants soucieux de maintenir une dimension culturelle à leur enseignement, s'opposant en cela au « commercialisme récemment mis à l'honneur, à cette idée qu'il fallait « obtenir des résultats » qui sapait l'éducation et la faisait vulgaire », autrement dit à tout ce qui contribue à « transformer l'université en école professionnelle ».

Mais le thème de l'université n'est qu'un thème parmi bien d'autres thèmes abordés dans La Maison du professeur. Ce n'est pas à proprement parler un roman de campus, même s'il est souvent considéré comme un des précurseurs du genre. A dire vrai, à l'issue de cette lecture je ne suis pas vraiment en mesure d'analyser ce roman, ni même de le résumer simplement. Peut-être est-ce une critique du matérialisme, de la course à la richesse, de la quête du confort de la jolie maison, à laquelle le professeur St. Peter préfère son modeste bureau et surtout l'espace intérieur de ses pensées et ses rêveries. Mais c'est aussi un constat assez pessimiste sur le mariage, avec par-ci par-là une petite pointe de misogynie d'autant plus surprenante que l'auteur est une femme. Enfin c'est également une réflexion sur la vie qui passe, sur ce qui persiste en nous de l'enfant que l'on était alors que la vie s'achève. C'est en tous cas un excellent roman, pour moi plein de mystère. Mais sans doute que j'y verrai plus clair quand j'aurai fait plus ample connaissance avec Willa Cather
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