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Critique de LeCombatOculaire


Ça va être difficile pour moi d'écrire cette chronique pour deux raisons : le livre relate de beaucoup d'histoires en même temps, qu'il serait long de résumer, qui ne s'entrecroisent même pas forcément, et surtout, je ne sais pas vraiment dire ce que j'en ai pensé. J'ai à la fois une grande admiration pour l'écriture de l'auteur, qui est excellente et travaillée, plutôt raffinée bien que sombre comme son propos, ainsi qu'une sorte de rejet instinctif lors de nombreux passages. le sujet central du livre, la Vorrh, cette forêt vivante, zombifiante, insondable, terrible, religieuse, monstrueuse et éternelle, est ce qui m'avait convaincue au départ, mais bien qu'elle soit au centre de tout, on ne l'approche que peu. L'humain est le véritable sujet du livre, dans sa décadence, son indécence, sa supériorité, son mépris, son manque de respect, ses travers, ses vices.

J'ai été d'emblée gênée par le côté beaucoup trop colonial du livre - côté qui semble être dénoncé à demi-mot de temps à autres (et de façon à la fois assez drôle et fortement cynique) - mais qui est pourtant présent jusqu'à l'étouffement. Plus que la forêt, ce que l'on arpente le plus, c'est cette réplique - exacte à la brique près - d'une ville européenne placée dans ce continent qui n'est pas le sien, où l'on va côtoyer en majorité des personnages blancs. À tel point que l'on oublie que l'histoire ne prend pas place en Angleterre, en Allemagne ou en France. Comme si la Vorrh et ses alentours ne présentaient finalement aucune richesse ? Par ailleurs, les personnages pour qui ça finit mal sont les personnages noirs, les personnages exploités et les personnages monstrueux (sauf un, mais qui souhaite devenir comme les autres personnages blancs)(alors que j'attendais qu'ils aient justement tous leur revanche, dommage). J'ai probablement manqué beaucoup de sous-texte et de second degré, à ce sujet comme à d'autres, tout le long du livre, mais ce sentiment a bien trop subsisté et c'est ce qui m'empêche de vraiment apprécier totalement ce livre dont les qualités sont pourtant nombreuses.

Néanmoins, si je mets mes attentes et mes projections personnelles de côté, Vorrh est un livre d'une densité assez incroyable - comme la forêt -, et garantit une grande originalité, une ambiance fantastique à la fois morbide et fascinante, une aventure aux frontières du réel, entre le monde des vivants et le monde des morts, un monde de vengeance, de cruauté, empreint d'un esprit vieillot du XIXe siècle qui ne demande qu'à crever l'abcès. J'ai beaucoup aimé les côtés spirituels et religieux qui entourent la Vorrh mais que j'ai trouvés très peu développés pour finir, et j'aurais aimé en savoir plus sur l'histoire étrange d'Ismaël et de ses protecteurs. Même si ça ne m'a pas accroché autant que je l'aurais pensé (surtout avec une préface d'Alan Moore et une recommandation de Pullman - j'avais mis la barre bien trop haut, sans doute), je pense que ça reste un livre à lire absolument pour les personnes amatrices d'ambiance du type Les machines à désir infernales du docteur Hoffman de Angela Carter.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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