Citations sur Brigantessa (32)
J'aime tous les hommes libres. Pas tous les hommes, seulement ceux qui sont libres. Surtout les femmes, les femmes libres.
On avait ramené à la maison, sur une charrette tirée par un mulet, son corps recouvert d’un petit drap qui ne dissimulait pas grand-chose. Il s’était éteint dans la nuit, victime d’un malaise dû à un travail excessif, à une nourriture insuffisante, à l’éloignement de sa famille et aux dettes, pendant qu’on faisait une révolution à laquelle il n’avait jamais vraiment cru. Je l’observais à la lumière des bougies, dans cette pièce où nous avions mangé et dormi toute notre vie et où, à présent, quelques voisines priaient et pleuraient, assises le dos contre le mur. Je me suis approchée et j’ai murmuré à son oreille : « Tu avais raison, papa. Chez nous, les choses ne changent que pour éviter de changer. »
Les tissus des Gullo étaient célèbres dans le Royaume, non seulement en Calabre, mais aussi dans les demeures des riches Napolitaines, et l'on disait que Marie-Thérèse [épouse du roi des Deux-Siciles] (...) conservait les plus beaux dans le palais royal de Caserte, sans imaginer peut-être que des femmes au dos courbé, aux doigts paralysés, aux yeux abîmés les avaient produits.
(p. 31)
Lorsque le courage nous manque, nous nous contentons d'arguer que les mots ne sont que des mots, alors que ce sont des armes pour changer le monde.
Les "messieurs" bourboniens, eux, nous considéraient comme des idiots, ils nous traitaient de culs-terreux et, parce qu'ils avaient fait quelques années d'études de plus, nous regardaient avec suffisance. Nous avions pourtant un cerveau pour penser, et comment ! Nous étions juste obligés de nous taire, raison pour laquelle ils se croyaient plus intelligents.
p 34
J’étais comme ce cheval, folle, dans un monde indifférent où les choses changeaient sous la surface – des changements que j’étais la seule à pressentir, la seule à voir –, alors que tout restait identique en surface, à la lumière du jour. Pietro allait faire son service militaire parmi des milliers de garçons qui partaient en silence, à tout juste dix-neuf ans, sans savoir qu’ils allaient construire l’Italie.
Je regrette de ne pas avoir été plus heureuse. Chez nous, le mot "bonheur" est interdit, or je savais qu'il existait et j'aurais dû y croire. Lorsque le courage nous manque, nous nous contentons d'arguer que les mots ne sont que des mots, alors que ce sont des armes pour changer le monde.
p 350
Certains construisaient des fortunes inimaginables sur les vers à soie; nous autres,nous mangions des larves de scarabée.
p 64
Il se levait brusquement ou me réveillait pour me lire un passage, comme si en dépendaient notre avenir et, plus encore, celui de la Calabre, de l’Italie qui n’existait pas.
La misère est la principale raison, la source intarissable de tous les maux de la société, un abîme grand ouvert qui engloutit toutes ses vertus. La misère aiguise le poignard de l’assassin, prostitue la femme, corrompt le citoyen, procure des satellites au despotisme. L’ignorance est sa conséquence immédiate. La misère et l’ignorance sont les anges tutélaires de la société moderne, les soutiens sur lesquels sa constitution s’échafaude. Tant que ne seront pas assurés à chacun les moyens nécessaires pour l’éducation et pour l’indépendance absolue de la vie, la liberté restera une promesse trompeuse.
La misère est la principale raison, la source intarissable de tous les maux de la société, un abîme grand ouvert qui engloutit toutes ses vertus.
La misère aiguise le poignard de l’assassin, prostitue la femme, corrompt le citoyen, procure des satellites au despotisme. L’ignorance est sa conséquence immédiate. La misère et l’ignorance sont les anges tutélaires de la société moderne, les soutiens sur lesquels sa constitution s’échafaude.
Tant que ne seront pas assurés à chacun les moyens nécessaires pour l’éducation et pour l’indépendance absolue de la vie, la liberté restera une promesse trompeuse.