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Critique de SerialLecteurNyctalope


•DÉFLAGRATION POÉTIQUE•

Si Marianne Catzaras a fermé ses maisons, j'ai envie de lui ouvrir la mienne. Pour une fois, j'ai eu envie de serrer une autrice dans mes bras. Dès les premiers vers, j'ai su.
J'ai su qu'aucune nuance d'émotion ne me serais épargnée
J'ai su que certains mots frapperaient mon for intérieur
J'ai su qu'une douleur indolore était plus intense qu'une souffrance visible

J'ai su.

J'ai su que ses exils allaient résonner en moi
J'ai su que cette chaleur méditerranéenne allait m'enlacer de tout son poids
J'ai su qu'aucun mot n'allait dépasser et qu'aucun ver ne serait jamais trop long
J'ai su que Marianne Catzaras allait s'inviter en moi par touches parfumées
J'ai su que je succomberai à la vulgarité des pierres et au silence de l'attentat 
J'ai su reconnaître cet amour en travers de la gorge 

À présent je sais

Je sais que les métaphores peuvent être sublimées de la sorte
Je sais qu'en cent pages, l'émotion peut être à son paroxysme
Je sais que la poésie permet d'entrer dans l'intime au-delà d'une Histoire
Je sais que la douleur d'un étranger peut se ressentir sur une page blanche

Et pourtant nous ne savons presque rien

Je ne sais pas ce que font les vagues quand elles retournent au port 
Je ne sais pas comment le vent s'accroche à une corde 
Je ne sais pas pourquoi le sel pleure aux éclats
Ou que la solitude maigre et malade frémit de honte
Je ne sais pas comment toutes ces voix intérieures se traduisent avec autant de talent

Je ne sais pas et je ne veux pas forcément savoir. Mon imaginaire est présent pour cela, j'ai envie de rêver, que tout ne me sois pas suggéré. Avec une lettre adressée à l'autrice en guise de préface, Murielle Szac, avec talent, nous livre quelques secrets de sa relation avec elle. Ce texte épouvanté qui ne voulait pas être publié, ce texte si doux et dur à la fois, si évocateur et suggestif est venu percuter mon coeur. Sans jamais être larmoyant, sans jamais une fausse note, oui : il est une déflagration poétique et humaine. Au coeur d'une situation qui nous échappe, au coeur des exodes forcés et contraints, nous qui sommes tous des réfugiés, nous avions tendance à l'oublier. Marianne Catzaras écrit derrière l'iris du monde et pour ces géographies qui souffrent dans la nuit. Chère Marianne, je vous aime•••
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