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Critique de mdevroye


Autant prévenir le lecteur : se situant entre 1914 et 1950, ce roman parcourt la « sombre moitié du XXe siècle » qui mit l'Europe et le monde à feu et à sang. Ce conflit, maintes fois raconté, bouleversa un nombre incalculable de vies d'hommes et de femmes. Des villages entiers furent rayés de la carte, et leurs populations, certaines décimées, d'autres déplacées, parfois à jamais. Dans les Ardennes belges et le nord-est de la France, on commémore de nos jours encore ces terribles événements.

Avant tout, je tiens à remercier Éric Causin de soigneusement nous documenter grâce aux URL qui parsèment les bas de page de son texte. Et je le félicite de nous plonger au coeur de certaines des relations humaines les plus intimes. Relation notamment entre un père (Mark) médecin d'origine juive reparti en Allemagne et dont le fils (Jean Bé) grandit quelque part en France. Jusqu'au bout, ce Mark ne peut revendiquer ouvertement un lien de parenté qui pourtant lui permettrait d'échapper à Auschwitz. Relation profonde aussi entre une mère célibataire (Pauline) que l'on considère comme déchue, et qui dès lors accepte qu'on lui arrache son petit pour que ce dernier « puisse grandir dans une vraie famille ». Jusqu'à la fin, ce fils est resté « dans tout ce que j'ai choisi et dans tout ce que j'ai fait ». Précisons qu'il s'agit du Jean Bé déjà cité.

Tout cela sur fond de mouvements de troupes et de tensions internationales envenimées par les idéologies dominantes. Cela fait beaucoup pour un premier roman de quelque 150 pages. Mais à ceux qui liront jusqu'au bout ce récit foisonnant aux nombreux personnages disparates et attachants, ce roman réserve d'autres bonnes surprises : de remarquables observations et analyses qui donnent à réfléchir. Voir p.ex. celles que j'ai épinglées dans la rubrique des citations.

Qu'il me soit permis d'ajouter que, né en 1943, j'ai moi-même été marqué par ce conflit. Dans le petit village de Lathuy, près de Jodoigne, un cousin âgé de 12 ans rentrait des vêpres dominicales quand, sans raison aucune, un soldat allemand ivre l'a abattu d'une balle dans le dos. Roger Rems ne survécut que quelques jours à ses blessures. Et par compassion, mes parents me placèrent dans cette famille éplorée, où j'ai fait mes premiers pas, etc. La famille Rems ayant quitté le village, les gens de Lathuy continuent d'entretenir et de fleurir la tombe de leur Roger, victime innocente dont le nom est cité dans le recueil des Héros et Résistants de la Seconde Guerre. J'évoque ces faits qui remontent à ma plus tendre enfance pour ajouter un contexte aux cinq étoiles que j'attribue au roman d'Éric Causin à qui je souhaite un succès amplement mérité. (Maurice Devroye – Nov 2019)
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