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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Júlio Santana n'a jamais réellement voulu devenir tueur à gages professionnel. Et pourtant il a accompli à ce titre 492 "prestations". Paradoxe d'un homme "apparemment ordinaire, calme, enjoué, casanier, affectueux avec les siens et très religieux", qui aurait préféré passer sa vie à pêcher tranquillement dans son village perdu au fond de la jungle brésilienne avec femme et enfants, et qui, malgré lui, s'est retrouvé à l'âge de 17 ans, initié secrètement au métier de pistolero par son oncle. Coincé entre sa foi religieuse ("Tu ne tueras point") et un certain appât du gain (avoir une maison avec électricité et eau courante, un frigo rempli de Coca-Cola, une voiture ou une moto,...), le cas de conscience de Júlio est résolu par son oncle, qui l'assure qu'il lavera ses péchés dans l'eau bénite de quelques prières, puisque de toute façon "Dieu pardonne tout". C'est ainsi que pendant 35 ans, Júlio honorera près de 500 contrats à travers le Brésil, en dépit des protestations, menaces ou suppliques de sa femme, au courant du métier de son mari. Mais il a continué, simplement parce qu'il "ne sait rien faire d'autre" que d'assassiner des inconnus sur commande.

Qu'on se rassure, ce document (puisqu'il s'agit bel et bien d'une histoire vraie) n'est pas un catalogue des 492 exécutions commises par Júlio Santana. Cette biographie, écrite par un grand reporter brésilien avec l'accord du principal intéressé, insiste plutôt sur le passage de Júlio à l'âge adulte (premier amour, départ à la ville loin des siens), sur son entrée dans la « carrière » de tueur, sur quelques-uns des assassinats qui l'ont marqué, et sur le cheminement qui le conduit à se retirer des affaires.

Malgré un style sans grand relief, un peu trop didactique, et un peu mièvre quand les relations sentimentales de Julio sont abordées, ce livre vaut néanmoins le détour : bien loin des plages et du carnaval, il nous fait découvrir un Brésil profond, oublié des autorités, fait de violence et d'impunité, dans lequel être pistolero est presque un métier ordinaire.

A noter également, la longue évocation (parfois à la limite de la digression superflue) de l'épisode, peu connu chez nous, de la répression de la guérilla de l'Araguaia par la dictature militaire dans les années 70 (voir sur le sujet, le roman "Les ombres de l'Araguaia", de Guiomar de Grammont, chez Métailié également).

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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