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Critique de PhilippeCastellain


Tous les livres vieillissent. Mais sur ‘le diable amoureux' et quelques autres, il plane comme un souffle d'intemporalité. C'est bizarre, en un sens. Voila l'histoire du jeune chevalier Alvare, qui invoque le Diable, et le soumet comme son serviteur. le diable se venge en prenant la forme d'une jeune femme, Biondetta, et en faisant tout ce qu'il est en son pouvoir pour le séduire. Bien entendu, le chevalier s'accroche à ses obligations morales et au souvenir de sa chère mère pour ne pas céder. Or aujourd'hui le sexe hors mariage n'a plus rien d'un tabou, et on devrait surtout rire des scrupules du chevalier !

Mais il y a dans l'écriture un dynamisme et un sens du rythme certain. Et surtout, au-delà de Alvare et de ses états d'âmes, il y a le Diable. Dans les contes populaires, l'homme triomphe généralement de lui par la ruse ; mais cette fois c'est lui qui mène le jeu. Avec quelle habileté et quel cynisme on le voit déployer peu à peu ses stratagèmes autour du pauvre naïf qui se croyait si malin ! Il y a une truculence incroyable dans ce chameau grimaçant métamorphosé en femme, se retranchant derrière sa pudeur et ses larmes. Suprême mépris : il finit par le planter là. L'âme d'Alvare ne l'intéresse même pas.

De Milton aux ‘Visiteurs du Soir' et jusqu'à ‘Docteur Who', quand l'homme se heurte au prince du mal, c'est généralement à son corps défendant, et il le paye cher. Un seul a eu la témérité de l'appeler à lui pour en faire son serviteur. Saluons Cazotte et son héros Alvare, qui ont bâti le personnage du Grand Méchant Sardonique. ‘Avenger' pourrait les remercier, il leur doit Loki.
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