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Critique de Labyrinthiques


J'aime sou­vent les petits livres. Un petit livre c'est comme une petite boîte. Enfant, je me sou­viens que j'aimais les petites boîtes. Je sais bien ne pas être le seul dans ce cas, mais je me sou­viens que je les ado­rais avec une fas­ci­na­tion inver­se­ment pro­por­tion­nelle à la taille de la boîte. Je leur prê­tais le pou­voir quasi magique d'y recé­ler les mille tré­sors amas­sés au cours de notre très longue exis­tence d'enfant. Et puis elle est petite la boîte ! Elle passe inaper­çue. En cela, elle cor­res­pond avec exac­ti­tude à l'idée que l'on se fait d'un cache-trésor, d'un confi­dent des objets trou­vés et pré­cieux : ici l'ombrelle en papier et au par­fum de vanille d'une glace man­gée à la ter­rasse d'un café, là une petite voi­ture ban­cale extraite de cet oeuf jaune plas­tique tant convoité, ici le petit caillou tout blanc qu'on n'a pas jeté dans la rivière, le caillou res­capé… Tous ces objets, pris indé­pen­dam­ment, paraissent d'une immense vacuité aux yeux des adultes mais ils tissent pour­tant ensemble un réseau de rela­tions et de réso­nances qui forment la base des sou­ve­nirs mytho­lo­giques qui res­sur­gi­ront plus tard. Beau­coup plus tard. Car…

Une petite boîte, c'est discret.
Ça s'oublie.

Dans une poche ou sous un lit.

Une petite boîte ça réapparaît.

Ça ne s'efface jamais vraiment de la réalité.

Le voyageur sans voyage de Pierre Cendors est un petit livre. Carré comme peuvent l'être les petites boîtes de notre enfance. Il commence sur le quai d'une gare et finit nulle part. C'est un voyage sans retour et à jamais répété du train bleu qui surgit la nuit et traverse la gare. Jamais ne s'arrête, jamais ne descendent ni ne montent des voyageurs... Mais quel est donc ce mystérieux train bleu qui revient tous les soirs et qui n'est jamais tout à fait présent, ni tout à fait fantomatique ?

Un narrateur, un enfant, une énigme mystérieuse... Quelque chose qui pourrait être de l'ordre du souvenir, ou du rêve. Mais on ne saurait dire avec discernement. Ce petit livre, il n'y a rien à redire, est une petite boîte de l'enfance, trouvée sur le quai d'une gare...

« C'est un livre d'images prégnantes qui se traverse comme un rêve. A la fin - au réveil - on sait ce qu'on a vu sans pouvoir le décrire. Reste la sensation d'avoir approcher quelque chose que la réalité n'aurait pas pu révéler ou qu'on n'aurait pas su reconnaître. »
Cécile Wajsbrot, préface du Voyageur sans voyage.

Voilà qui résume parfaitement l'impression rémanente qui perdure en nous lorsque nous quittons, à notre tour, le quai du livre. Pierre Cendors taille ce livre avec douceur, avec exactitude, simplicité et concentration, tant et si bien qu'en ouvrant la main je désirais ardemment y trouver mon petit caillou blanc, le rescapé.

Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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