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Critique de JacquesBonhomme


Nous approchons du six octobre. Tout lecteur conséquent d'Alexandre Vialatte redoute cette morne semaine, attristée par l'anniversaire de la mort de Charles le Chauve.
Mais résistons à l'apathie et plongeons nous dans le rafraîchissant petit récit philologique de Bernard Cerquiglini qui ressuscite et explicite pour nous les Serments de Strasbourg (842) et convoque l'ombre de celui qui nous les a transmis, Nithard, petit-fils de Charlemagne, guerrier, historien, prince, abbé laïc, mort les armes à la main, le crâne fendu, et considéré comme le premier écrivain français. La figure était perdue dans le temps et la littérature spécialisée, mais Nithard est revenu. Merci à Bernard Cerquiglini.

Le sujet c'est la naissance de la langue française. Apporté par un universitaire, le corpus historique et philologique a l'air tout ce qu'il y a de plus solide concernant cette époque reculée pour laquelle la documentation n'est pas pléthorique. Évidemment on pourra toujours débattre des thèses et des hypothèses avancées, c'est la règle. Mais l'ensemble est argumenté et on apprendra probablement des choses sur le haut Moyen Âge dans la variété des dimensions abordées (linguistique certes, mais aussi politique, diplomatie, guerre, etc.)

La forme est plaisante. Au début j'ai craint un récit un peu plan plan. Puis l'ouvrage gagne en altitude sans réellement peser par le poids de la science, en proposant des hypothèses et des interpolations sans donner dans la confusion racoleuse. Il y a une vraie promenade pour le lecteur ; un plaisir de l'évocation, une passion du sujet pour l'auteur. Joie communicative.
Ceci dit la quatrième de couverture proclame un road movie carolingien, et c'est peut-être un peu excessif. Mais les personnages sont là, notamment Nithard. Il y a rencontre. Et même face à face avec son squelette perdu puis retrouvé dans le grenier de l'abbaye. La langue est là aussi, dans son épaisseur historique et sa dimension collective, familière, familiale.

Alors ce soir, s'il-vous-plaît, chers compatriotes de Francine occidentale, une petite pensée pour notre aïeul Nithard et, cette semaine du 6 octobre, un temps de souvenir pour le regretté Charles le Chauve.
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