Mes hommes creusent, creusent, creusent l’atmosphère, la terre et la vie d’un mouvement lent et atone de gnomes.
Le jour s'abandonne au grand flamboiement par lequel le soleil se dilate dans une ultime fulguration cramoisie, et la nuit vient, obstinée de sommeil.
Nous vivons, rachitiques, misérables et prématurément vieillis, les arbres avec plus de branches que de feuilles et les hommes avec plus de soif que de haine.
Je suis descendu au fond du puits. En s'enfonçant le corps a graduellement la sensation d'un contact presque solide. Hors de l'emprise du soleil on palpe une atmosphère différente, c'est l'air de la terre. Une grande fraîcheur m'environne lorsque je m'immerge dans l'obscurité et que je touche de mes pieds nus la terre moelleuse. Je me trouve environ à 18 mètres de fond. En levant la tête, je vois la perspective du tube noir qui se dresse au-dessus de moi et se termine à l'ouverture par laquelle coule à flots le lac de lumière de la surface.