Sa foulée était saccadée, ses jambes désynchronisées. Elle allait comme si le sol était couvert de braises et que le moindre pas lui brûlait violemment la plante des pieds.
La coke aussi est bien présente à Bastille. Ses usagers les plus notoires sont les bobos trentenaires qui taffent dans le marketing et le développement web. Essorés par le travail, démantibulés par des rythmes de bâtard et une pression managériale soi-disant bienveillante mais en réalité d'inspiration 3ème Reich, ils n'ont plus qu'une envie le soir venu : faire la fête!
Au printemps, Paris est une ville intéressante. Elle s'active comme une ruche. Les gens sortent davantage de chez eux. Il y a une meilleure odeur dans les rues. C'est l'odeur de la nature qui reprend un peu ses droits.
C'était la fatigue et la drogue. Les tox connaissent bien ces bonnes amies. Les étoiles arrivent après plusieurs jours de défonce et zéro sommeil. T'es là, dans la rue, avec le béton et les pigeons. Le soleil bombarde il fait trop chaud. L'air brûle et y'a pas un pet d'air, soudain tu vois des étoiles partout. j'adorais c et état d'épuisement toxique. Il est rare à obtenir. pour l'obtenir, faut avoir sérieusement chargé la mule pendant au moins 36 heures.
Dehors, plus d'étoiles dorées. Juste une impression noire. Le soleil était devenu atroce. Il y avait du vent, lui aussi atroce. La moindre brise me faisait l'effet d'une coupure. Et les gens angoissants.
Victoria était nymphomane. Elle essayait d'oublier en baisant. mais ça n'avait visiblement pas super bien marché. Elle détestait grandir. Elle détestait le temps qui passe.
J'adorais cet état d'épuisement toxique. Il est rare à obtenir.
Il faisait beau à Paris. On était fin mai. Petit vent chaud. j'avais marché des heures car je voulais épuiser l'angoisse du crack. Ca allait mieux mais j'étais épuisé. Je me trouvais place de la bastille. Devant mes yeux ça flottait un genre de petites étoiles.
Les cauchemars commençaient. Je buvais de la bière. Je cherchais à me calmer. Vite, la tête tournait. Les bières ne faisaient pas effet. Le manque était dur à gérer. J’avais des pensées dégueulasses. Je buvais des bières et pas de la vodka car la vodka m’excitait et j’aurais fini par tout faire pour reprendre du crack. Je n’avais plus de crack et je n’irai pas en racheter, je devais dormir. Mon corps disait stop : dans un sens, je cherchais à survivre. Absurde car, au fond, je voulais crever. Mais il y avait quelque chose : on a beau se dire que tout est foutu, qu’on a abandonné sa famille et que le monde est une crevure, on continue à s’accrocher.
Cette fille n'était définitivement pas un génie. Elle avait endormi la thune mais elle s'était recouchée, genre "ça va", comme si tu braquais une banque avant de te poser tranquillement dans le café en face.